GNL : les échanges progressent en 2024 et la surcapacité apparaît
L’International Gas Union publie son rapport sur le marché du GNL en 2024. Avec une augmentation de 2,4% à 411,2 Mt confirme la bonne santé du secteur. Cependant, l’arrivée de nouveaux navires perturbe l’équilibre du marché. La surcapacité est déjà visible.
L’International Gas Union (IGU) publie son rapport sur l’état de la filière en 2024. Au cours de l’année, les échanges de gaz naturel liquéfié (GNL) continuent de progresser. Ils s’élèvent à 411,2 Mt, soit une hausse de 2,4%. Une hausse malgré la demande en sommeil sur la fin de l’année, précise le rapport.
L’Asie domine les exportations
L’augmentation du trafic de GNL tient à l’ajout de nouvelles capacités de liquéfaction et la présence marquée des exportateurs comme les États-Unis, la Russie, l’Indonésie et l’Australie. L’Asie demeure, en 2024, la principale région exportatrice de GNL. Les exportateurs régionaux ont expédié 138,9 Mt, soit 3,04% de plus que l’année précédente. Sur la deuxième marche du podium des exportateurs viennent les pays du Moyen-Orient. Ils ont traité 94,2 Mt. Un volume en baisse de 0,44 Mt, soit 0,4% de moins. Ce podium se clos avec les États-Unis. Le pays de l’oncle Sam voit ses expéditions augmenter de 4,1 Mt à 88,64 Mt, soit 4,8% de plus. Par ailleurs, le rapport de IGU indique l’entrée de deux pays parmi les principaux exportateurs : le Mexique et le Congo.
210, Mt/an de capacité supplémentaires
Les exportations de GNL s’inscrivent dans une tendance de croissance. En effet, en 2024, le marché réunit 494,4 Mt/an de capacité de liquéfaction dans le monde. Un chiffre en progression. En effet, en 2024, le marché enregistre l’entrée en service de 6,5 Mt/an de capacité de liquéfaction. Une hausse qui représente 1,3%. Trois pays, États-Unis, Australie et Qatar, regroupent 53% de cette capacité. Et cette croissance se confirme pour les prochaines années. Ainsi, au début de 2025, IGU dénombre 210,3 Mt/an de terminaux de liquéfaction en construction. De plus, cette capacité pourrait s’accroître avec 1 129 Mt d’usines de liquéfaction en attente de financement.
La Chine augmente ses importations de 10,5%
Sur l’autre versant de la chaîne, l’Asie s’affiche aussi au premier rang des régions importatrices. Avec 117,9 Mt, soit 12,4 Mt de plus qu’en 2023. L’Asie a vu sa demande s’accroître en raison d’une vague de chaleur qui a impliqué une hausse de la consommation électrique. Dans cette région, la Chine demeure le premier pays importateur avec 78,64 Mt. Un volume en croissance de 10,5%. Dans cette région du monde, l’Inde remporte la palme en proportion de ses importations. Avec 26,1 Mt, elle augmente ses entrées de GNL de 19,1%.
L’Europe, un marché d’importation de GNL
L’Europe occupe une place particulière dans ce marché. Le vieux continent exporte une faible quantité de gaz, 5 Mt en 2024. Dans le même temps, elle importe 100,7 Mt. Un volume qui intègre les réexportations chargées et celles déchargées. Les principaux pays importateurs affichent des baisses. Après avoir constitué des stocks importants en 2023, le continent européen a consommé moins que prévu en raison d’un hiver doux et d’une demande plus faible. La plus forte baisse est à mettre au débit du Royaume-Uni qui perd 44,7% de ses entrées à 8,03 Mt.
La France importe depuis les États-Unis et l’Algérie
La France demeure le premier importateur de GNL en Europe avec 18,04 Mt en 2024. Un volume en retrait de 17,2% par rapport à 2023. Les approvisionnements de gaz en France sont originaires en premier lieu des États-Unis. L’Hexagone importe 6,7 Mt depuis les champs américains. Il est le deuxième client européen des États-Unis, derrière les Pays-Bas. Derrière le pays de l’oncle Sam se retrouve la Russie qui a exporté 5,6 Mt vers la France. Les sanctions européennes ne produisent pas tous les effets escomptés. En effet, la Russie exporte, en 2024, 16,8 Mt vers le continent européen. Enfin, sur la dernière marche du podium se retrouve l’Algérie, derrière les États-Unis et la Russie, avec un volume de 11,2 Mt. Cependant, selon les chiffres des trafics 2024, les ports français ont traité 13,9 Mt. Ainsi, une partie des flux de GNL en entrée de France proviennent de pays voisins à l’image de la Belgique.
Le nombre de voyage n’augmente pas aussi rapidement que la flotte
Enfin, pour être complet, le rapport revient sur la flotte de méthaniers. Actuellement, note l’IGU, la flotte se compose de 742 navires. Un nombre en hausse de 7,5% au cours de l’année. Au cours de 2024, ces navires ont réalisé 7 065 voyages, soit 0,9% de plus que l’année précédente. Alors, avec une croissance plus forte de la flotte par rapport au nombre de voyages, « le marché maritime du GNL est en surcapacité. » En effet, les 64 nouveaux navires entrés sur le marché ont une capacité entre 174 000 m3 et 200 000 m3. Des navires qui sont dimensionnés pour emprunter les nouvelles écluses du canal de Panama.
337 navires attendus à 2031
Et cette surcapacité ne va pas se résorber. Le marché recevra 337 nouveaux navires jusqu’en 2031. Un volume qui correspond à 45,4% de la flotte actuelle. Les opérateurs espèrent une croissance des échanges avec la mise en route de nouvelles usines de liquéfaction dans les prochaines années. La question demeure si la croissance des échanges absorbera l’augmentation de la flotte. Pour réguler la flotte, les armateurs doivent accepter de démolir certains navires. Or, jusqu’à présent un méthanier a une durée de vie de 25 à 30 ans. Pour rappel, en 2024, 85% de la flotte a moins de 20 ans. Cependant, les nouvelles règlementations internationales et européennes sur les émissions incitent à envoyer à la démolition les navires les plus anciens. Ainsi, en 2024, les navires envoyés dans les chantiers de démolition sont âgés de 25 ans. Une réduction de la durée de vie d’un navire qui peut apporter une solution à la surcapacité de la filière.