GPM Dunkerque : en 2024, le port confirme sa diversification vers les diverses
Dunkerque Port affiche une progression de 4% de son trafic en 2024. Le port prévoit d’investir 164 M€ dont une partie sera consacrée à son projet Cap 2020.
En 2024, le GPM de Dunkerque enregistre une hausse de 5% de son trafic à 46 Mt. Une croissance qui intervient dans un contexte économique « peu favorable ». Lors de la présentation des résultats, Emmanuelle Verger, présidente du conseil de surveillance du GPM de Dunkerque, confirme la modification du paysage du port. « Nous sommes passés d’un port de vracs solides à un port de marchandises diverses. » Une bascule en cours puisque les vracs, solides et liquides, représentent toujours 60% du trafic total. Pour sa part, Franck Gonsse, secrétaire national de la CNTPA, syndicat des dockers, a rappelé que ces bons résultats sont les fruits d’efforts réalisés par les hommes. « Depuis les dockers jusqu’aux resposanbles de sociétés, notre succès est une réussite collective. »
Vracs solides : une hausse des minerais sans revenir au niveau de 2022
Et cela se reflète dans les chiffres. Ainsi, les trafics de vracs solides conservent encore une part importante avec 33% des volumes. Un courant en progression de 7% à 15,2 Mt en 2024. La principale filière, les minerais retrouvent des couleurs. Ils augmentent de 23% à 7,9 Mt. Cependant, ce retour des minerais ne permet pas un retour à la situation antérieure. En effet, en progressant de 23% par rapport à 2023, année au cours de laquelle un haut fourneau d’ArcelorMittal a été en arrêt technique, les minerais restent en-deçà des trafics des années précédentes. Quant aux céréales, elles accusent le coup. Après un premier semestre plutôt bon, elles enregistrent sur la seconde moitié de l’année une baisse. Le port explique cette diminution par la mauvaise récolte de 2024. Au global, Dunkerque Port réalise un trafic céréalier de 1,3 Mt en 2024, soit 20% de moins.
Le GNL se stabilise
Les vracs liquides entrent dans le trafic total à hauteur de 27%. En 2024, cette catégorie progresse de 4% à 12,2 Mt. Les hydrocarbures augmentent de 15% à 3,1 Mt. Une augmentation qui ne permet pas de retrouver les volumes de 2022. Le GNL se stabilise en 2024. Avec 8,2 Mt, le terminal méthanier de Dunkerque maintien son niveau.
Le transmanche gagne 9%
Enfin, les marchandises diverses continuent leur progression. Avec un total de 18,6 Mt, en hausse de 3%, elles pèsent aujourd’hui 40% du trafic global. Ce secteur est tiré par le roulier. D’une part, le fret transmanche gagne 9% à 493 000 unités de fret. Une hausse favorisée par la mise en service de la passerelle 6 sur le port qui « offre une plus grande fluidité et une fiabilité de service », indique Maurice Georges, président du directoire du GPM. En outre, le trafic sur l’Irlande continue sa progression avec une hausse de 22%.
Le retour des véhicules neufs
De plus, le port des Hauts de France a retrouvé, en 2024, un trafic de véhicules neufs. Initié par Ceva, ce trafic se réalise principalement à l’export. Il s’agit de voitures Renault construites dans la région. « Nous avons l’ambition d’accueillir d’autres marques à l’export comme Toyota. Nous travaillons sur ce dossier avec les opérateurs », nous a confié un responsable du port.
Conteneurs : la bonne tenue des trafics d’hinterland
Enfin, dernier élément de trafic, les conteneurs enregistrent une baisse de 2% à 653 000 EVP. Pour la seconde année consécutive, ce courant baisse. « Cependant, sur la dernière décennie, il n’a cessé de croître », rappelle Maurice Georges. En 2022, Dunkerque affichait un trafic de 745 000 EVP. En deux ans, il a perdu 12% de volume. Cependant, derrière cette baisse globale, la bonne tenue des trafics d’hinterland se confirme. En 2024, ce type de trafic progresse de 3% à 436 000 EVP. Une progression continue sur les deux dernières années, confirme la direction du port. La bonne tenue des trafics d’hinterland confirme la bonne santé économique de la région. Les récents développements industriels et logistiques dans la région Hauts de France expliquent l’évolution. Une augmentation qui se fait au détriment des trafics de transbordements qui affichent un repli de 12,2% à 217 000 EVP.
Des investissements de 164 M€
Dans ce contexte de progression de trafics, Dunkerque Port prévoit une enveloppe de 164 M€. « En 2024, nous avons prévu 164 M€. Nous avons engagé 94 M€. Cette différence tient au décalage de certains projets », explique Maurice Georges. Une partie de cette somme sera consacrée au projet Cap 2020. Ce projet d’agrandissement du terminal à conteneurs « entre dans une phase déterminante », précise la direction du port. Ce projet a subi des suspensions pour des raisons administratives. Le dossier revient en force. La Commission européenne a autorisé, en décembre, une aide d’État de 127 M€.
Cap 2020 : doubler la capacité du terminal
Les travaux commenceront en 2025. Ils vont durer trois ans. L’investissement total est estimé à 303 M€. En 2025, le port lance le processus de sélection du futur opérateur de ces postes à quai. L’opérateur du terminal actuel (Terminal des Flandres), le groupe CMA CGM sera, sans aucun doute, candidat. Selon un responsable de la place portuaire, il n’est pas exclu de voir d’autres opérateurs candidater. Les travaux sont destinés à augmenter de 1000 m linéaires pour deux postes à quai. « Nous allons doubler la capacité du port à 2 MEVP ».
Le port devient une place pour la batterie
Les investissements de l’autorité portuaire et des opérateurs privés ne se limitent pas à ce projet. D’une part, la filière de la mobilité électrique continue. « Il faut diversifier les trafics de chaque filière. » Ainsi, l’usine de Verkor s’achève. La société prévoit la production de batteries lithium-ion de nouvelle génération en 2025. Et Verkor a saisi, avec Dunkerque Port, la commission du débat public pour un agrandissement de l’usine sur 70 hectares. De plus, dans cette filière, Prologium tient son calendrier. Les autorisations sont accordées et les travaux de l’usine doivent démarrer cet été. Elle sera opérationnelle en 2026.
Le recyclage des matériaux intégré dans l’industrialisation
Dans la même veine, Le groupement entre Orano et XTC entre dans la phase d’enquête publique. La décision finale d’investissement est attendue pour cet été. Le premier volet de ce projet vise à collecter les matériaux de recyclage de batteries et d’assemblage de composants primaires. Enfin, cette filière a connu un revers en 2024. Eramet a annoncé son retrait du projet avec Suez. Le groupe français devait installer une usine de retraitement des matériaux issus du recyclage des batteries. Une désaffection qui n’altère pas l’ambition de son partenaire, Suez. Ce dernier prévoit de collecter et démanteler les batteries.
Dunkerque Port confirme sa place dans les fruits
D’autre part, parallèlement à cette filière de la mobilité verte, l’agroalimentaire pèse dans les trafics. Parmi les projets en cours, Nord Céréales achève la construction de son nouveau silo. Il offre une capacité de 30 000 t dans huit cellules. Il sera mis en service au mois d’avril. Le terminal TTS, spécialisé dans le sucre, connaît un regain d’activité sur les exportations en sacs par conteneurs. Une augmentation pour la seconde année consécutive. Profitant de l’outil logistique et notamment le terminal à conteneurs, Clarebout Potatoes dispose de deux lignes de production. Une partie de la production, environ 1400 t par jour, est expédié en conteneurs et par camion vers la Grande Bretagne.
Dunkerque, premier port de fruits en France
Enfin, Dunkerque Port maintient sa position dans les trafics de fruits. Le renouvellement de l’accord avec l’UGPBAN, regroupant les producteurs antillais de bananes, confirme le choix du port dans la logistique d’importation du fruit oblong. De son côté, Omer-Decugis s’affaire pour l’installation d’une plate-forme logistique et de mûrisserie sur 20 000 m2. L’opérateur a déjà réalisé des premiers trafics avec l’importation de mangues depuis l’Afrique de l’Ouest.
La logistique se développe
Ces différents projets s’ajoutent aux futures installations logistiques. La DLI (Dunkerque Logistique Internationale) héberge déjà le groupe Yusen. D’autres sociétés vont le rejoindre à l’image de Ziegler, Weerts Group, BVI.EU, pour le compte du groupe Charles André, WDP et Heylen Warehouses. De nouvelles installations qui viennent en plus de PSA BDP, opérateur logistique qui coopère avec les sociétés spécialisées dans les batteries. Enfin, Ceva Logistics, filiale de CMA CGM, opère sur la friche de la SRD, la logistique pour les véhicules à l’export.