Guadeloupe : le port investi dans son concept de Hub Antilles
Le trafic du GPM de la Guadeloupe affiche une baisse générale de ses trafics. L’île subi une baisse de la consommation mais vit aussi la fin des grands chantiers. Pour rebondir, le GPM de la Guadeloupe avance avec en ligne de mire son concept de Hub Antilles.
En 2024, le GPM de la Guadeloupe (Guadeloupe Port Caraïbes) accuse un repli de ses trafics. En effet, avec 3,4 Mt, il enregistre une baisse de 3% de ses trafics, selon les premières données provisoires. Une baisse qui se décline sur l’ensemble des flux, nous confie Jean-Pierre Chalus, président du directoire de Guadeloupe Port Caraïbes.
Les vracs solides se tassent
Deux éléments expliquent cette tendance. D’une part, la consommation de l’île se tasse. D’autre part, les trafics liés au BTP reculent. Dans un environnement économique atone où il n’y pas de grands chantiers, les marchés du clinker ou encore des agrégats sont en forte baisse. Un rebond sur le trafic de charbon est observé. Enfin, l’export de sucre brut en vrac continue de décliner en raison de difficultés de la filière.
Conteneurs : un plancher sur la décennie
Quant aux conteneurs, avec 193 000 EVP, ils s’inscrivent dans la même tendance. Ils perdent 10%. Un courant qui subit de plein fouet la baisse de la consommation de l’île. Cependant, le trafic de conteneurs connaît aussi une baisse des transbordements. Ils s’élèvent à 36 000 EVP en 2024, soit 6% de moins qu’en 2023. « Nos volumes atteignent un plancher. Il est à un niveau bas jamais enregistré sur la dernière décennie », continue Jean-Pierre Chalus.
Investissements : 116 M€ en deux ans
Ces premiers chiffres n’empêchent pas le port de continuer sa voie tracée. Après avoir investi 58 M€ en 2024, il renouvelle son enveloppe pour l’année en cours. Ainsi, des 260 M€ d’investissements prévus sur le projet stratégique 2024-2028, les deux premières années en utilisent presque la moitié, avec 116 M€. Le solde, soit environ 144 M€, se répartira sur les trois dernières années, de 2026 à 2028.
L’extension du quai 12
L’enveloppe annuelle pour 2025 de 58 M€ vise à continuer les travaux pour le projet de Hub Antilles. Plusieurs travaux sont en cours. Parmi ceux-ci se retrouve l’extension du quai 12. Commencée en 2024, elle est prévue de s’achever au cours de l’année. Ce chantier nécessite une enveloppe de 45M€. Il doit allonger de 120 m le linéaire de ce quai pour le porter à 280 m.
Combiner les travaux et l’exploitation du terminal
Les travaux sur le terminal sont assurés par le manutentionnaire. Or, deux agendas se croisent. D’une part, les travaux continuent et, d’autre part, les opérations sur le terminal doivent continuer. « Un contexte qui oblige à gérer les deux impératifs simultanément. » Sur la partie sud du quai de Jarry, les matières premières pour le chantier sont acheminées par voie maritime. Cet espace sert aussi pour le stockage des conteneurs. « Ce chantier d’ampleur oblige à se coordonner avec l’opérateur du terminal. Nous n’avons pas eu de retour négatif de la part des clients », assure le président du directoire.
Niveler devant le quai 12
Outre l’extension, le quai 12 doit subir un nivellement de son fond. Il s’agit d’un étalement des matériaux sur 120 m sans dragage. Selon les études réalisées, il faut déplacer environ 10 000 m3. Un chantier qui doit aussi se combiner avec les escales. « Nous avons besoin de trois jours consécutifs par semaine sur cette zone pour mener à bien les travaux. » Quant au chenal d’accès, le président du directoire juge sa profondeur suffisante. La mise en service de nouveaux navires de la CMA CGM plus grands pouvait faire craindre d’un manque de tirant d’eau sur le chenal. Or, les premières rotations de ces navires n’ont pas montré de soucis de tirant d’eau.
Trois portiques et des RTG
Ces travaux vont de pair avec l’acquisition de nouveaux engins de manutention. Ainsi, trois nouveaux portiques sont attendus dans les prochaines semaines. Pour adapter le quai, le port construit un troisième rail sur le quai en raison de l’empâtement de ces outils. Cette acquisition s’intègre dans le projet Hub Antilles. Ils permettront une meilleure productivité des escales. Par ailleurs, le terminal sera équipé de RTG. « Nous serons le premier port français à disposer de RTG. Il faudra apprendre à utiliser au mieux ces nouveaux outils pour offrir une prestation plus efficace. » En effet, ces engins de manutention vont modifier sensiblement l’organisation opérationnelle du terminal. D’un autre côté, en améliorant la productivité Guadeloupe Port Caraïbes se dote des moyens pour être un hub régional.
L’entrée en service d’un scanner mobile
Cette position de hub, le port de la Guadeloupe le prend avec d’autant plus de sérieux qu’il investit dans un nouveau scanner mobile. Il doit prendre ses fonctions dans la première moitié de l’année. Le port a délimité une zone dans le port pour lui permettre de réaliser ses opérations de contrôle. « Ce scanner doit renforcer la sûreté sur le port et lutter contre les trafics en tout genre sur le port », assure Jean-Pierre Chalus.
Faire du Hub Antilles une place des échanges intra-caribéens
Enfin, la future position de la Guadeloupe comme hub régional lui confère une nouvelle place dans la région Caraïbes. « Le Hub Antilles nous place dans une autre position dans la région. Nous souhaitons être plus actifs. Pour ce faire, nous développons nos relations avec les îles voisines au sein de Cariports. » L’objectif vise à développer les échanges régionaux et bénéficier du statut de hub régional pour donner corps aux échanges intra-caribéens. En filigrane, le port veut aussi pouvoir « vendre » son concept de hub. « Nous sommes un établissement public. En cela, notre rôle est d’accueillir tous les armateurs qui souhaitent escaler. Nous sommes ouverts à tous les développements. »