L’AUTF fait des ports français leur préférence
Lors de la journée de l’AUTF, le 19 juin à Paris, l’organisation française des chargeurs a rappelé son intention de se tourner davantage vers les ports français.
« Les hubs portuaires français sont d’une importance vitale », a déclaré, dès son discours d’ouverture le président de l’AUTF (Association des utilisateurs de transport de fret), Mourad Bensadik. Il pose le débat. Et pour les chargeurs français, le moment est venu de s’impliquer dans une préférence nationale. « Comptez sur nous pour faire des ports français notre préférence. »
Une charte d’intention pour les ports français
Et les chargeurs ne veulent pas en rester à une simple intention. Ainsi, l’AUTF a signé avec le GPM de Marseille-Fos, le GPM de Dunkerque et Haropa Port une déclaration d’ambition commune. Un rapprochement qui s’inscrit dans une dynamique de collaboration plus large. Ce document a pour objectif « d’améliorer la qualité de service sur la place portuaire, de renforcer la lisibilité de l’offre logistique et de soutenir les initiatives de décarbonation du transport. »
Convaincre de la désirabilité des ports
Pour les responsables des trois ports, la signature de cette charte marque une étape importante. « Nous devons maintenant convaincre nos clients de la désirabilité de nos ports », a déclaré Benoit Rochet, président du directoire de Haropa Port. Une position confirmée par Isabelle Devinne, chargée de promotion du GPM de Dunkerque. « Nous devons travailler ensemble avec les opérateurs portuaires pour que les chargeurs français utilisent nos ports. »
La préférence française tient à des questions douanières
Cette déclaration concerne l’avenir. Cependant, les chargeurs français ont, pour certains, déjà pris l’option d’emprunter ces établissements. Ainsi Patricia Sberro, directrice des opérations imports de Carrefour atteste de cette appétence de chargeurs pour les ports français. Le groupe traite chaque année environ 40 000 EVP pour les articles de bazar, l’électronique et le textile. Des produits originaires de Chine et du sous-continent indien. « Nous avons un tropisme à préférer les ports français. En effet, nos flux sont transportés dans nos entrepôts dans un régime sous douane. Cela nous permet de procéder aux formalités douanières à destination. Cela nous favorise à utiliser le système français. »
La bonne position des ports français
Alors les critiques contre les ports français ne sont pas toujours justifiés. Benoit Rochet, aussi président de l’Union des Ports de France (UPF), souligne la bonne position de la France. Certes, les trafics affichent une baisse globale de 6% sur les huit dernières années. Dans le détail, il rappelle que cette baisse tient principalement aux vracs solides. « Nous avons connu la mise en sommeil de plusieurs hauts fourneaux ces dernières années. De plus, cette catégorie vit avec les aléas de la nature et des exportations de céréales. »
En France, les ports ne sont pas congestionnés
Du côté des conteneurs, les ports français n’ont pas à rougir de leur situation. Ils ont gagné 10% en volume sur cette période, assure Benoit Rochet. Et les concurrents sur le range nord subissent une congestion portuaire. « Nous avons observé des mouvements importants en France, mais les ports français ne sont pas congestionnés, contrairement à leurs concurrents. » Néanmoins, le président de l’UPF demeure réaliste. Les ports investissent lourdement. Dans notre dossier spécial sur le bilan 2024 des ports français, nous estimons le montant consacré aux investissements par les ports en 2025 à environ 750 M€. Et Benoit Rochet reconnaît qu’il faut aller encore plus loin. « Nous devons travailler sur nos services pour être encore plus efficaces et améliorer la désirabilité de nos établissements. »
Le foncier portuaire : un sujet à aborder
L’autre élément déterminant dans les ports se retrouve dans le foncier. Il s’agit, pour le président de l’UPF, d’un élément stratégique. « Les ports doivent rester maître du foncier ». Il appelle à une extension du périmètre des circonscriptions. Cela doit permettre de conserver la capacité d’aménager et de proposer des terrains aux opérateurs. Une position que certains ne partagent pas. Dans l’assemblée, des voix nous confient que le foncier portuaire doit se réduire à sa plus simple expression. « Il est parfois plus facile d’être présent de l’autre côté des grilles du port que dans le port en raison des obligations que cela implique. » Un débat sur la domanialité que les ports doivent ouvrir pour convaincre chargeurs et transitaires à faire des ports français leur préférence.