Les ports, les oubliés du CIMer
Le CIMer du 26 mai présente deux faces d’une même pièce. Côté pile, les annonces, côté face les oubliés.
Le CIMer a le mérite de poser les bases de la politique maritime du gouvernement. Le 26 mai, à Saint-Nazaire, le premier Ministre François Bayrou a proposé des pistes. L’ensemble des observateurs s’accordent pour ne voir dans ce CIMer que des effets d’annonces. Aucune mesure n’est véritablement sortie.
Longoni, futur port d’État
Pour les professionnels de la filière, ce CIMer a aussi laissé sur les quais des oubliés, au premier rang desquels, les ports. En effet, à lire et relire le dossier de présentation, le mot n’apparaît pas. Ou plutôt, pour être honnête et juste, il apparaît à une occasion. Le CIMer propose de porter le port de Mayotte au statut des Grands ports maritimes.
Accompagner Mayotte dans sa reconstruction
Ainsi, il est prévu de transformer le port de Longoni « en port sous compétence de l’État à l’issue de la concession de service public en 2028. Cela fera l’objet d’une expertise et d’une concertation avec le conseil départemental de Mayotte. Un audit financier du port sera réalisé avant la fin de l’année 2025 ». Une mesure qui intervient pour accompagner Mayotte dans sa reconstruction, indique le document final.
Les EMR à La Réunion
L’autre sujet portuaire concerne La Réunion. Après l’étude par le Cerema d’un potentiel de développement des énergies marines renouvelables dans le département, le gouvernement souhaite lancer « des études préparatoires à une éventuelle consultation du public ». Il s’agit tout simplement de tenter de mesurer la pertinence des EMR localement. Alors, l’arrivée d’éoliennes dans les eaux de La Réunion n’est pas attendue avant plusieurs années, voire une décennie. De plus, rien n’indique dans le rapport l’installation d’une base logistique dans le GPM de La Réunion.
Le portuaire, une affaire du privé
Hormis ces deux points, les ports français n’ont pas été traité dans ce CIMer. Pour les observateurs, deux positions s’opposent. La première se construit autour de l’idée que l’industrie portuaire est avant tout le domaine du privé et des collectivités locales. Une opinion qui tend à se répandre depuis la réforme de 2009. En effet, cette dernière consacre le rôle des autorités portuaires à des missions régaliennes. Cette absence des ports reflète une tendance vers le poids grandissant du privé dans la gestion et le développement des ports.
Une réindustrialisation sans un appui aux ports
La seconde position est plus pessimiste. Elle indique que le gouvernement actuel, voire l’État depuis plusieurs années, se désintéresse de son système portuaire. Les investissements de l’État s’effritent chaque année. Les projets de développement ne sont que des aspects secondaires d’une politique industrielle. Ainsi, les partisans de cette vision répètent que la réindustrialisation de la France doit se faire mais sans un appui aux ports.
Le Sociétés portuaires, nouveau statut pour tous ?
Il ne fait pas pour autant jeter l’enfant avec l’eau du bain. Les Grands ports maritimes ne sont pas remis en cause. La France conservera ses ports. Cependant, il n’est pas exclu de voir des GPM passer sous un statut nouveau. Le déploiement des Sociétés portuaires, comme il en existe à Brest, Lorient et bientôt Toulon et Bayonne, pourrait s’étendre à d’autres établissements. L’étude lancée par la région Nouvelle Aquitaine sur le GPM de Bordeaux montre l’intérêt que les collectivités locales portent au système portuaire.
Une privatisation déguisée ?
Et pour aller plus loin, certains imaginent un paysage portuaire français avec deux GPM, Le Havre et Marseille-Fos. Les autres ports devenant des ports sous la tutelle de sociétés détenues par les collectivités locales et des entreprises privées. Une privatisation déguisée ? Cette option n’est pas envisagée … pour le moment.