Corridors et logistique

Outre-mer : la reprise économique demeure fragile par endroit (1/2)

L’Institut économique des départements d’outre-mer a publié les résultats trimestriels des territoires ultramarins. La reprise économique de certaines régions contraste avec les difficultés des autres. Voyage virtuel dans les économies ultramarines.

De La Réunion aux départements français du continent américain en passant par la Polynésie, nous vous proposons un tour du monde de l’économie des territoires ultramarins sur le premier trimestre. Un bilan réalisé par l’IEDOM.

La Réunion : le cyclone Garance marque l’économie

Ce voyage à l’outre-mer démarre par l’île de La Réunion. Selon l’enquête de l’IEDOM, l’opinion des chefs d’entreprise chute au premier trimestre. Cette dégradation de l’économie continue sa pente descendante entamée il y a presque deux ans. Le passage du cyclone Garance a contribué à affaiblir la situation. La moitié des chefs d’entreprise déclarent que ce cyclone a touché leur activité. Il est intervenu en janvier 2025. Or, en février 2024, le cyclone Belal a touché l’île. Au total, les deux événements occasionnent 480 M€ de dommages.

Un espoir avec l’automobile

Malgré cette situation, l’inflation se maintien sous la barre des 2% en glissement annuel. Cependant, malgré ce niveau faible, « la consommation des ménages réunionnais peine à se redresser. » En effet, selon les chefs d’entreprises du commerce, la situation se détériore. Cependant, le secteur de l’automobile donne un espoir. Le nombre d’immatriculations augmente de 2,8%. Quant aux biens de consommation durables, ils progressent de 3,4%. Une tendance qui se répercute directement sur les importations. Ainsi, elles s’améliorent de 10,9% en valeur grâce à la demande en biens d’équipements, comme les véhicules de tout genre. Cette hausse se décline aussi sur les biens non durables. Quant aux exportations, elles retrouvent des couleurs avec une progression de 33,7% en valeur.

Le BTP redonne le sourire

Le sentiment général des chefs d’entreprise est plutôt morose. Dans les industries manufacturières, l’activité se dégrade. Ainsi, les responsables n’envisagent pas d’investissements pour cette année. La situation est sensiblement identique pour le commerce. La baisse enregistrée reste moindre que celle des précédents trimestres. C’est dans la filière du BTP que les chefs d’entreprise réunionnais arborent un sourire. En effet, le nombre de logements mis en chantier augmente de 1,8%. À l’inverse, le nombre de logements autorisés recule pour sa part. Alors, les carnets de commande des entreprises stagnent depuis trois trimestres. Enfin, dans le secteur agricole, la croissance se tasse. Un constat qui se matérialise par la baisse du nombre d’animaux abattus. Ces différents éléments pèsent directement sur les trafics du GPM de La Réunion. Le tassement de la croissance économique ralenti les importations. Port Réunion a su résister aux cyclones mais, il subit maintenant ses effets sur l’économie.

Mayotte : le climat des affaires se redresse

L’île de Mayotte, seconde étape de notre voyage, se relève des effets du cyclone Chido. Une grande partie des infrastructures et des habitations souffrent des conséquences de Chido. À tout malheur, de bonnes choses sont à tirer. Et après un moral des chefs d’entreprise au plus bas au dernier trimestre 2024, le sentiment général semble se redresser. Il s’appuie sur les travaux de réparation. Alors, après « une chute de 7,3 points au dernier trimestre, conséquence immédiate du cyclone, l’indicateur du climat des affaires (ICA) est en hausse de 8, 4 points et s’établit à 110,3 points », indique l’IEDOM.

La reprise de la consommation

Une évolution qui s’explique par l’anticipation d’activités plus favorables. Le besoin de renouveler les matériels et l’appareil productif remplit les carnets de commande. De plus, au premier trimestre, la consommation des ménages reprend. Dans ce contexte, les importations de produits courants et des produits d’équipement du foyer sont en augmentation de respectivement 24 % et 27 %.

Retour en force des importations

Après deux trimestres consécutifs de baisse, les importations remontent de 22,8 % en valeur par rapport au trimestre précédent. Cependant, ce chiffre doit être pris avec mesure. En effet, il succède à une baisse de 13,8 % et de 8,1 % des deux précédents trimestres. Tous les grands postes d’importation contribuent à cette hausse. Les importations d’énergie augmentent de 93 % en volume. Celles de biens d’équipement du foyer, de biens d’investissement, de produits courants et de biens intermédiaires suivent cette tendance de hausse. Ainsi, en glissement annuel, les importations augmentent de 28,4 %.

La remise en état du port

Une croissance qui profite aux installations portuaires. D’ailleurs, la hausse des importations bénéficie notamment de la remise en état du port, qui fonctionnait en mode dégradé depuis le passage du cyclone Chido. Quant aux exportations, elles augmentent de 23,3 % sur le trimestre. Elles restent marginales par rapport aux importations.

La trésorerie pèse sur la santé des entreprises du BTP

Dans cette situation de reconstruction, le secteur du BTP doit en bénéficier. Néanmoins, cette filière enregistre un fléchissement au premier trimestre 2025. Un paradoxe alors que les carnets de commandes demeurent remplis. Selon l’IEDOM, les trésoreries des entreprises demeurent à un niveau faible. Les entreprises doivent avancer les frais de réparation de leur outil de production en attendant la prise en charge par les assurances. Cela met en risque l’équilibre financier de certaines sociétés.

Polynésie : la situation est sous contrôle

Après l’océan Indien, nous prenons la direction du Pacifique, avec, une première escale en Polynésie. Dans l’archipel du Pacifique, la situation « reste sous contrôle ». Les entrepreneurs conservent le moral. Ainsi, l’indicateur du climat des affaires reste au-dessus de la moyenne des dernières années, constate l’IEDOM. Cependant, il est en retrait par rapport au dernier trimestre 2024.

La baisse du nombre de touristes

Ce tassement tient à un nombre de touristes en baisse en glissement annuel au premier trimestre. Quant à la consommation des ménages, elle semble prendre des chemins « indécis », indique l’IEOM. L’institut estime que le recul des crédits à la consommation « laisse supposer un affaiblissement de la demande des ménages. » Une analyse contredite par les chefs d’entreprise du commerce. Ils estiment leur niveau d’activité stable sur les trois premiers mois. Seul point noir à ce tableau, le niveau des stocks demeure élevé. En effet, malgré une activité atone, les importations s’orientent à la hausse sur ce trimestre, notamment pour les biens de consommation.

Le BTP orienté à la hausse

Dans le secteur du BTP et de l’industrie, le premier trimestre a connu une conjoncture porteuse. En effet, « les entreprises ont pu faire face à un surcroît d’activité à effectifs inchangés. » Et la situation ne devrait pas changer d’orientation dans les prochains mois. Plusieurs projets d’infrastructure pour les aéroports, les ports ou encore dans le secteur de l’énergie stimulent le sentiment des responsables. Cet optimisme n’est pas partagé par le secteur de l’industrie. Les chefs d’entreprise redoutent une baisse d’activité.

La baisse de la croisière

Quant à la croisière, elle affiche une baisse sur les trois premiers mois. Avec 54 400 touristes entrés en Polynésie, ce secteur est en recul de 3%. Une diminution qui est à mettre au passif de la croisière locale. Elle perd 10,2% de touristes. La raison tient à l’arrêt temporaire du Paul Gauguin depuis le mois de février. Son retour n’est prévu qu’après l’été.

Nouvelle Calédonie : des notes positives

Après notre tour dans l’archipel de la Polynésie, nous effectuons une touchée en Nouvelle Calédonie. Le département se relève des émeutes du mois de mai 2024. Selon l’IEOM, des indicateurs affichent des notes positives. Ainsi, le secteur des mines et la production métallurgique s’améliorent. Cependant, d’autres secteurs restent plus déprimés comme le tourisme et la consommation des ménages.

Plutôt une stabilité des affaires

Les émeutes de 2024 entraînent une croissance du chômage dans un contexte déjà compliqué du point de vue social. Alors, le rebond de l’indicateur du climat des affaires doit être interprété avec précaution. Il demeure le reflet d’une stabilité du marché plutôt que d’une véritable progression. Ainsi, les perspectives restent dégradées parmi les entrepreneurs.

La marque des émeutes demeure

Le contexte politique reste sous tension. Les discussions se sont achevées le 6 mai. Or, le bilan trimestriel de l’IEOM a été réalisé avant cette date. Il en ressort que la consommation des ménages est en retrait. Si le nombre d’immatriculations de véhicules progresse sur le trimestre, cet indicateur peine à retrouver son niveau d’avant les émeutes.

Les stocks de nickel à un niveau élevé

Principale ressource de l’île, le nickel voit ses cours mondiaux se contracter. Les stocks mondiaux sont à un niveau élevé en cette fin de trimestre. Le marché entre l’offre et la demande joue en faveur des négociants. Ainsi, si la production minière progresse sur les trois mois, elle se replie en glissement annuel de 24%. Quant aux matériaux de construction, et notamment le ciment, ils confirment leur baisse depuis les émeutes. Selon le sondage réalisé par l’IEOM, les perspectives sont meilleures pour les prochains mois. Des prévisions d’investissement créent de l’espoir pour les professionnels.

La reprise d’activité de l’usine du sud

Ces conditions économiques ont un effet direct sur l’activité du port de Nouméa. La reprise de la production de ferronickel par l’usine du Sud reprend progressivement son rythme de production. Cependant, sur un an, la production indique une baisse de 37,5% en glissement annuel.