Corridors et logistique

Outre-mer : la reprise économique demeure fragile par endroit (2/2)

L’Institut économique des départements d’outre-mer a publié les résultats trimestriels des territoires ultramarins. La reprise économique de certaines régions contraste avec les difficultés des autres. Nous continuons notre voyage virtuel dans les économies ultramarines.

Martinique : une hausse de l’indice sans être une véritable reprise

Après le Pacifique, nous voguons vers l’Atlantique et plus particulièrement les Antilles. Notre tour d’horizon commence par la Martinique. L’île retrouve, au premier trimestre, un climat des affaires plus serein avec un indice dépassant l’indice 100. Une bonne nouvelle puisque les trois trimestres précédents enregistrent des baisses. Cependant, l’IEDOM note que cette hausse « n’indique pas à ce stade une réelle reprise. »

Les ventes de véhicules progressent

En ce premier trimestre 2025, la consommation des ménages reste globalement atone, malgré l’attente d’un possible rebond après une fin d’année dégradée. Les importations de biens de consommation durables reculent (-3,2 %) tandis que les importations de biens de consommation non durables progressent (+1,4 %) sur le trimestre. Parallèlement, les ventes de véhicules aux particuliers affichent une nette hausse sur le trimestre.

Une dynamique favorable dans le tourisme

Cette augmentation du climat des affaires ne se décline pas encore sur les intentions d’investissement, notamment pour le BTP. La dynamique est plus favorable dans les secteurs primaires et des industries agroalimentaires, dans le tourisme, et dans les services. Sur ce trimestre, le déficit commercial, hors produits pétroliers se stabilise. Les importations fléchissent légèrement en raison notamment de la baisse des importations de matériels de transport et des autres produits industriels. Les exportations, pour leur part, connaissent une baisse plus marquée (-6,5 %). Une tendance liée à la diminution des exportations de produits agricoles et de produits agroalimentaires. En effet, les exportations de rhum diminuent de 7,5 % et celles de bananes de 3,1 %. De leur côté, les produits pétroliers affichent des baisses tant pour les importations que les exportations.

Baisse de moral dans le BTP

Dans le secteur du BTP, le sentiment général se dégrade. La raison tient à la diminution du nombre de logement en cours et d’autorisations. Dans ces conditions, les entrées de ciment se contractent. Sur le trimestre, les ventes affichent une perte de 2,4%. S’agissant du secteur du commerce, l’optimisme refait surface. Malgré cela, les chefs d’entreprise ne sont pas optimistes pour le prochain trimestre.

Guadeloupe : un ralentissement de l’activité

Quelques miles nautiques plus au nord, la Guadeloupe connaît un début d’année plus mitigé. L’indice du climat des affaires demeure supérieur à la moyenne des dernières années malgré une diminution sur le trimestre. Cette évolution s’inscrit néanmoins dans un contexte marqué par un ralentissement de l’activité et une montée des incertitudes qui préoccupent de plus en plus les chefs d’entreprise.

La consommation des ménages marque le pas

Les importations de biens d’investissement et des biens intermédiaires reculent. Dans le même temps, les immatriculations de véhicules utilitaires s ’inscrivent en baisse au 1er trimestre 2025 (-0,9 % par rapport à 2024).  Au 1er trimestre, la consommation des ménages marque le pas. Les importations de biens de consommation durables diminuent de 8,3 % en valeur. Pour leur part, les biens non-durables progressent légèrement (+2,4 % sur trois mois). Parallèlement, plusieurs indicateurs traduisent une amélioration de la situation financière des ménages sur le trimestre.

Un rebond attendu pour le BTP

Au premier trimestre, l’activité du secteur du BTP recule. En effet, plusieurs indicateurs confirment ce ralentissement. Effectivement, les permis de construire chutent de 55,3 %. Cela entraîne une baisse du chiffre d’affaires de 6 % entre avril 2024 et mars 2025. « Malgré cette conjoncture défavorable et la fin du chantier du CHU au premier semestre, le secteur du BTP pourrait connaître un rebond en 2025, sous réserve de la mise en œuvre de plusieurs projets structurants », indique l’IEDOM.

Les travaux d’extension du port

Ce secteur présente des perspectives plutôt encourageantes. En effet, outre les travaux d’extension du port, plusieurs projets publics se poursuivent. Parmi ces projets se retrouve le chantier de l’Audacia Technopole Caraïbes, la déviation de Boucan ou encore la création de pistes cyclables. Le privé entreprend aussi des travaux, notamment dans l’hôtellerie ou la modernisation de l’aéroport.

Guyane : une activité en baisse

Après les Antilles, nous prenons la direction de la Guyane. Un département où le climat des affaires se replie sur la période. Il perd 3,2 points en trois mois et repasse sous la barre de l’indice 100. L’activité enregistrée sur le 1er trimestre, tous secteurs confondus, est en baisse.

L’impact des mouvements sociaux dans les ports

Les mouvements sociaux dans le port du département (Dégrad-des-Cannes) mais aussi à Trinidad-et-Tobago et au Havre ont ralenti l’activité portuaire. L’importance du port se fait ressentir pour les guyanais. En effet, « il draine la quasi-totalité des imports et des exports guyanais. En conséquence, de nombreuses entreprises ont dû faire face à de fortes difficultés d’approvisionnement », note l’IEDOM.

Le recul des importations

Ces mouvements impactent fortement les importations. Elles reculent de 18,6 % en volume. Dans le détail, la plupart des catégories d’importation sont en repli. La baisse la plus forte en valeur est attribuable aux biens de consommation non durables. Les importations de biens de consommation intermédiaires progressent en valeur, mais, diminuent de 22,2 % en volume.

Une hausse de 29,2% en valeur pour le bois

Du côté des exportations, les mouvements sociaux ont eu un impact plus mesuré. Elles progressent de 1,2 % en volume. Ainsi, les exportations de produits de l’agriculture, la sylviculture et la pêche enregistrent une augmentation remarquable de 62,1 % en valeur. Par ailleurs, les exportations progressent de 29,2% en valeur pour la filière bois. En revanche, les exportations d’or subissent une baisse en valeur (-7,7 %).

La chute des immatriculations

Dans ce contexte, l’indice des prix augmente sur les trois premiers mois de l’année. Cependant, il s’agit de hausses modérées, moins fortes que le premier trimestre 2024. L’alimentation, les produits manufacturés s’inscrivent en hausse mais l’énergie voit ses prix baisser. Plusieurs indicateurs témoignent d’un bilan mitigé pour l’investissement début 2025. D’une part, les importations de biens d’investissement, touchées par le repli du commerce maritime, enregistrent une baisse de 14,4 % en volume. D’autre part, le nombre d’immatriculations de véhicules utilitaires chute de 46,8 % sur trois mois et de 36,4 % sur un an.

Le commerce subi les effets des grèves portuaires

La baisse de l’activité en début d’année est particulièrement marquée pour le secteur du commerce. La filière subi les conséquences du ralentissement des échanges maritimes. Les difficultés d’approvisionnement ont ainsi fortement pesé sur son activité. Quant au tourisme, il pâtit des difficultés comme les coûts logistiques et des matières premières, notamment. Le secteur du BTP demeure quant à lui dynamique au 1er trimestre, son solde d’opinion se maintenant au-dessus de sa moyenne de longue période depuis un an.

Les conséquences de la politique tarifaire américaine

Les perspectives sont mitigées pour le prochain trimestre. D’une part, la baisse de la commande publique se ressent dans plusieurs secteurs. L’allongement des délais de paiement est également un vecteur d’incertitudes. Au niveau mondial, la politique douanière impulsée par les États-Unis contribue également à ternir le paysage économique. Ainsi, malgré une anticipation positive de l’activité guyanaise, le manque de visibilité nuit à une confiance des acteurs économiques.

Saint Pierre et Miquelon : baisse de l’inflation mais aussi de la consommation

Enfin, nous achevons notre tour du monde des territoires ultramarins par Saint Pierre et Miquelon. Le département enregistre une baisse de l’inflation. Après quatre ans de progression, elle se repli de 0,5%, note l’IEDOM. En effet, la diminution des prix de l’énergie et la stabilité de ceux de l’alimentation expliquent cette tendance. Ces éléments ne participent pas à une reprise de la consommation des ménages. L’IEDOM note une baisse en volume. Les habitants portent leurs achats sur des produits comme l’automobile, les produits pharmaceutiques et des biens non alimentaires. À l’inverse, les produits alimentaires et les vêtements se contractent. Ces derniers composent la majorité des volumes des importations. Du côté des entreprises, les importations de produits comme le sable et à la baisse par les produits plastiques.

La progression de la croisière

Saint Pierre et Miquelon enregistre, sur cette période, une croissance de son activité de croisière. Avec 231 passagers, ce secteur s’améliore. Une hausse liée à deux escales supplémentaires d’un tour opérateur. Les passagers entrés sur le département par voie maritime progressent de 30,6% à 205 personnes.

BTP : un climat de reprise se dessine

Du côté de la filière BTP, les importations de ciment sont en forte hausse par rapport au niveau moyen observé au premier trimestre pour la période 2016-2024 (7,8 t). Cependant, les importations de menuiserie et de charpente restent en dessous de la moyenne saisonnière (19,1 t). Cette évolution traduit une reprise partielle, dans un secteur structurellement dépendant de la commande publique et sensible à la saisonnalité. De plus, de nombreux marchés publics ont été signés plus tardivement du fait de l’actualité politique ce qui a entraîné un retard de commandes dans le secteur public.