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Port de Matadi : la reconfiguration du port est en marche

Le port de Matadi, seul port maritime de la RDC actuel, connaît des changements dans l’attribution des terminaux. Après Ictsi et AGL, DP World fait son entrée dans la manutention.

En RDC, République Démocratique du Congo, l’économie portuaire se décline autour de trois ports : Boma, Matadi et Banana. Ce dernier est actuellement en construction. Concédé à DP World, il deviendra le port en eau profonde de la RDC sur l’Atlantique. Le port de Boma a une vocation fluviale. Entre le futur port de Banana et Boma, Matadi constitue aujourd’hui la principale porte maritime du pays.

Deux opérateurs sur le port de Matadi

Avant l’entrée en service du port de Banana, le gouvernement de RDC veut améliorer les capacités de Matadi. Les terminaux conteneurs sont concédés à deux sociétés. D’une part, MGT (Matadi Gateway Terminal) dispose d’un terrain et de quais. Filiale du groupe philippin Ictsi, ce terminal opère trois postes à quai. L’autre concessionnaire, MCTC, Matadi Congo Terminal à Conteneurs, regroupe AGL et l’Onatra (Office national des transports, organisme d’État en charge des transports dans le pays).

Un nouveau quai de 350 m

Le 25 janvier, le groupe Eiffage, au travers de sa filiale Eiffage Génie Civil Marine, a remporté le contrat pour la rénovation et l’extension du terminal à conteneurs de MCTC. D’un montant de 100 M€, ces travaux comprennent la construction d’un nouveau quai de 350 m situé devant les quais 5, 6 et 7 existants. Les travaux s’étalent sur 27 mois, à savoir jusqu’en juin 2027.

Une nouvelle répartition dans le port

Dans un contexte de développement du port de Matadi, le gouvernement revoit la répartition des opérateurs du port. Ainsi, MGT (groupe Ictsi) conserve ses quais. MCTC scinde une partie de ses quais. Selon Kongo Media, l’Onatra exploitera les quais 0, 4, 7, 10 et 11. Pour sa part, MCTC sera présent sur les quais 5 et 6. Enfin, la filiale RDC de DP world récupère deux quais : les 8 et 9. Outre cette nouvelle répartition entre les concessionnaires, des espaces pour le stockage des conteneurs sur le port sont prévus.

L’Onatra rassure les opérateurs

Dans un communiqué, l’Onatra rassure ses clients. « Ces partenariats excluent toute exclusivité d’exploitation des envois conteneurisés par les opérateurs dans ce port, conformément à la décision et relative du gouvernement de la République consacrant ainsi la libre concurrence. L’Onatra rassure tous armateurs, les transitaires, les importateurs, les exportateurs ainsi que les institutions publiques et privées que cette stratégie lui permettra d’accroître ses performances et de continuer à jouer pleinement son rôle d’épine dorsale de l’économie nationale », écrit Kongo Media dans un article.

L’enjeu de Matadi pour la région

La RDC devient un enjeu central en Afrique centrale. Actuellement, les flux de la RDC empruntent en grande majorité les installations portuaires de Pointe Noire. Le gouvernement souhaitant disposer d’un port en propre en eau profonde a entrepris la construction de Banana. En effet, Matadi souffre d’un manque de tirant d’eau. Selon les différentes sources, il est limité à 6 m. Un handicap qui le limite pour la réception de navires opérant en intercontinental.

Matadi, base arrière du futur port de Banana

Cette nouvelle répartition représente aussi, pour DP World, un nouvel atout dans la région. En disposant d’un terminal à Matadi, le manutentionnaire pose un pied en RDC avant même l’ouverture du port de Banana. Or, dès lors que ce dernier sera opérationnel, Matadi pourra servir de base arrière du port de Banana. Cette présence à Banana et Matadi permet au groupe émirati de concurrencer directement les ports de Pointe Noire et de Luanda. Ces deux ports sont concédés à AGL, AD Ports avec CMA CGM et APM Terminals. La présence renforcée en RDC de DP World va aussi révolutionner les circuits logistiques des régions orientales de la RDC. Habitués à opérer leurs flux depuis les ports d’Afrique de l’Est, les logisticiens présents dans l’est de la RDC disposeront désormais d’une porte maritime sur l’Atlantique. Le gouvernement espère relocaliser les flux vers les ports maritimes nationaux plutôt que de voir ces trafics détournés vers les ports étrangers.