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Port de Sète : les trafics progressent pour la dixième année consécutive

Le Port de Sète affiche, en 2024, une croissance de son trafic de 3,6%. Les vracs solides et les diverses participent à cette performance. Dans son viseur, l’autorité portuaire veut passer la barre des 6 Mt. Pour cela, elle continue ses investissements à hauteur de 9M€.

Et de dix ! Avec une progression de 3,6% de son trafic en 2024, Port de Sète – Sud de France affiche une croissance pour la dixième année consécutive. Une performance qui n’a connu qu’un palier en 2020. Pour Olivier Carmes, directeur général du port, « ce score tient à l’engagement des équipes du port et des professionnels de la place portuaire. Cette réussite a été possible grâce à l’implication de la région Occitanie qui nous accompagne et en particulier sur le financement des infrastructures. »

Les déconvenues de Saipol

Cette augmentation du trafic est alimentée par les vracs solides et les marchandises diverses. Du côté des vracs solides, le port héraultais a pu bénéficier de la bonne tenue de ses trafics traditionnels. Cependant, cette catégorie enregistre aussi des déconvenues. Ainsi, l’usine de Saipol a cumulé les déboires. Au cours des premières semaines de l’année, elle a suspendu son activité pour des raisons techniques. Ensuite, en mai, elle a subi un incendie de l’unité d’estérification. Avec les délais pour l’enquête et la reconstruction, les volumes de Saipol se réduisent. Le port annonce une baisse d’activité de 15% à fin septembre.

Les effets de la crise du BTP sur le clinker

Ces événements n’entachent pas la volonté du groupe de maintenir son développement sur le port. Il prévoit une première phase d’investissements à hauteur de 28 M€. Des travaux qui devraient amener une croissance de 23% du trafic à l’horizon 2028. Outre l’activité de biocarburant, les vracs solides du port de Sète se composent de clinker. Depuis l’arrivée de cette filière, le trafic n’a eu de cesse de croître. En 2024, le port tablait sur 330 000 t. La crise du BTP est passée par là.

Une trémie pour charger des navires de 40 000 t

Finalement, en 2024, le clinker a perdu 8,3% à 275 000 t. Ce palier dans la progression n’empêche pas Cem’In Log de continuer ses investissements sur le port. Après avoir doublé sa capacité de stockage en 2022, Cem’In Log envisage la construction d’une nouvelle installation à l’horizon 2026. Il viendra alimenter une troisième unité de broyage. Le port a aussi mis la main à la poche en investissant dans une nouvelle trémie dépoussiérante. « Cet investissement, explique Olivier Carmes, permet de traiter des navires de 40 000 t, contre 20 000 t aujourd’hui. »

Le recul des vracs liquides

Pour leur part, les vracs liquides reculent en 2024. En effet, au cours de cette année, les travaux entrepris sur des cuves de stockage ont contraint le développement de ce trafic. Engagé dans la transition énergétique, l’autorité portuaire espère beaucoup des importations de HVO 100%. Il s’agit d’huile végétale hydrotraitée. Ce diesel de synthèse écologique ouvrira de nouvelles perspectives. Néanmoins, si ce virage écologique est attendu, les hydrocarbures fossiles gardent leur intérêt. La hausse de 15% des importations le démontre. « La transition énergétique est en marche mais elle prend plus de temps que prévu », confie le directeur général.

Le roulier se développe

C’est principalement sur les marchandises diverses que le port héraultais bâti sa croissance. Le trafic roulier, l’éolien et les voitures neuves dopent cette catégorie. Ainsi, du côté du roulier, 2024 a été une année pleine de réussite. Ainsi, 130 000 remorques ont emprunté les installations sétoises, soit 9% de plus qu’en 2023. L’année avait plutôt bien commencé avec six escales par semaine. Cependant, DFDS a décidé, en avril, de retirer cette escale en raison d’une baisse de marché. « Nous avons accueilli, en moyenne, 5,5 escales par semaine », estime Olivier Carmes. Le retour de cette sixième escale est attendu voire, une septième escale en 2025. Pour accompagner ce développement, le port envisage de libérer 1,7 hectares supplémentaires. Avec ces aménagements, ce trafic pourrait atteindre 160 000 unités.

Automobiles : l’arrivée du Groupe Charles André

Dans la même catégorie, le trafic de voitures neuves s’étoffe. Avec la barre des 100 000 véhicules réceptionnés, ce courant enregistre une hausse de 16,3%. Une hausse dopée par l’arrivée du Groupe Charles André (GCA) sur le port en avril. Désormais, deux opérateurs opèrent sur ce créneau : la CAT et GCA. Ce dernier aménage actuellement 11 hectares sur la Zifmar. Les travaux seront livrés en 2025. Au total, ce sont 50 000 véhicules neufs supplémentaires qui sont attendus sur le port. Et la direction du port reste prudente. « Nous tablons sur un trafic de 130 000 unités. » Cependant, ce marché se repli en 2024 avec une baisse de 25% des immatriculations. « Ce marché vit une crise actuellement. Notre taille nous permet d’être plus réactif et de pouvoir réagir plus facilement face aux variations de marché. »

Éolien : du terrestre vers l’offshore

Parallèlement au roulier, les diverses sont aussi poussées par les trafics liés à l’éolien. Le port de Sète travaille principalement sur l’arrivée de pièces pour des éoliennes terrestres. Doté de trois grues Liebherr, le port a saisi l’opportunité de s’insérer dans cette filière. En 2024, le port a réceptionné 302 colis. Ce nombre se réduit mais, le port table sur un développement en 2025 avec 800 colis pour 2025.

Devenir la base arrière de Port La Nouvelle et Marseille-Fos

En effet, il a réalisé des premières opérations pour l’éolien offshore. « Nous nous positionnons pour être la base arrière des ports spécialisés sur ce trafic comme Port la Nouvelle et Marseille-Fos. » Les travaux sur la Zifmar 2 doivent être assujettis à cette activité. La région prépare sur cette zone environ 10 hectares pour ces trafics. Des travaux qui se feront avec trois casiers. L’un d’entre eux recevra des matériaux issus du dragage du canal de Rhône à Sète et d’autres matériaux pour renforcer les quais et accueillir des pièces lourdes. La première phase doit être livrée en 2030.

Le bétail en crise

En marge de ces filières en progression, le trafic des diverses est ralenti par deux activités. Ainsi, le trafic de bétail vivant enregistre pour sa seconde année consécutive une baisse de trafic. À la baisse de 50% du trafic en 2023 est venu s’ajouter une diminution de 60% de ce trafic. Cette filière est confrontée à un double phénomène. D’une part, la fièvre hémorragique a restreint le potentiel du marché français. D’autre part, les tensions diplomatiques avec l’Algérie, première destination de ces animaux, tarissent ces flux. « Ce trafic est quasiment à l’arrêt », constate le directeur général. Pour faire le dos rond et passer la crise, la société en charge de la gestion de ce terminal, la Sepab, cherche de nouveaux débouchés, notamment vers le Maroc.

Les fruits et légumes peinent au démarrage

L’autre filière en retrait sur le port est celle des fruits et légumes. Plus qu’une baisse, il s’agit d’un démarrage plus lent que prévu. La concession du terminal frigorifique au groupe Primever laisse espérer la direction du port. « Les planètes sont alignées. Le développement de ce secteur va arriver. » Le projet est d’amener sur le port une ligne régulière avec des fruits et légumes d’Amérique du Sud. « Nous avons des discussions avec des opérateurs », nous confie Olivier Carmes. Mais, la réussite de ce terminal doit se voir en grand. « Nous devons appréhender l’avenir de ce terminal avec une masse de volume pour qu’il soit rentable. Primever dispose de toute la logistique. » De plus, un investissement d’un million d’euros pour une mûrisserie vient compléter l’offre commerciale et logistique.

Des investissements à hauteur de 9 M€

Fort de cette croissance de trafics, le Port de Sète envisage 2025 sous les meilleurs auspices. Pour s’inscrire sur la même tendance, la direction alloue une enveloppe de 9M€ pour les investissements. Ce budget sera consacré à plusieurs éléments. En premier lieu, le port consacre une partie de ces financements aux terre-pleins dédiés à l’éolien. Ces espaces sur la Zifmar 2 doivent durer jusqu’en 2030.

La construction d’ombrières photovoltaïques

Autre orientation, le port continue son engagement en faveur de la transition énergétique. Ainsi, une partie de l’enveloppe sera affectée à la construction d’ombrières photovoltaïques. Elles se déploieront sur le terminal de la CAT. La production électrique issue de ces installations sera utilisée pour les besoins du port comme les grues et l’éclairage. Le chantier mobilisera 2,3 M€ en 2025 et 2026. Le port travaille aussi sur la phase 2 du branchement électrique des navires. Actuellement, ces branchements se font pour les navires rouliers. La phase 2 de ce projet concerne les navires de croisière. Le démarrage de cette phase se réalise au travers d’études. Le port espère malgré tout démarrer les travaux dans le courant de l’année.

Les travaux de la gare maritime

Outre ces différentes actions, Port de Sète mène des entreprises sur la transition énergétique et la gare maritime. Ainsi, le déploiement d’éclairage LED dans différentes zones du port va continuer. Après l’arrière-quai G, le quai H, le port déploie ces éclairages sur la Zifmar, la zone de Brocéliandre. Par ailleurs, il est prévu de modifier les lampes SHP sur les voies du port. Enfin, parmi les projets de cette année, la direction du port annonce la finalisation des travaux de réaménagement pour la nouvelle gare maritime. Des travaux budgétés à hauteur de 1,4 M€. Les études s’achèvent et le port annonce un démarrage des travaux sur le premier trimestre. Il s’agit de réaménager un terre-plein pour une surface de stockage de 2,2 hectares puis de créer un autre espace de trois hectares.