Corridors et logistique

Quand la paix à Gaza impacte les cotations boursières des armateurs

L’accord de paix entre le Hamas et le gouvernement d’Israël a des répercussions négatives pour les armateurs. Les cours de bourse de Mærsk et Hapag Lloyd enregistrent une baisse.

L’accord de paix entre Israël et le Hamas a des répercussions jusque chez les armateurs. Ainsi, le 9 octobre, après l’annonce de la validation du plan de paix, les actions de Mærsk perdent 2%. Une descente confirmée sur les jours suivants. Ainsi, en six jours, l’action de Mærsk a perdu 6,6%. Selon une dépêche de l’agence de presse Reuters, l’action de l’armement atteint son plus bas niveau depuis le mois de juillet. Cette situation se décline aussi pour le groupe Hapag Lloyd. Le cours de l’armement allemand perd 1,2% sur les cinq derniers jours. Cependant, le 13 octobre, Hapag Lloyd voit son cours de bourse se relever. D’autres compagnies maritimes, comme Yang Ming, suivent le mouvement.

Le choix du cap de Bonne-Espérance

Cet affolement boursier s’explique par les effets de l’accord de paix entre Israël et le Hamas. Pour comprendre la situation, il faut remonter au mois de novembre 2023 quand les Houthis ont pris d’assaut le Galaxy Leader. Le groupe yéménite a annoncé son intention de s’attaquer à tous les navires en lien avec Israël, en répression des actions menées par Tsahal dans la bande de Gaza. Une menace mise à exécution avec plusieurs attaques contre des navires dans le détroit de Bab el Mandeb. Pour se prémunir contre une attaque, les armateurs opérants entre l’Asie, le sous-continent indien et l’Europe décident de se dérouter par le cap de Bonne-Espérance, au du de l’Afrique.

Les bénéfices des compagnies maritimes

Dans cette situation, les compagnies maritimes doivent aligner plus de navires pour assurer des rotations hebdomadaires entre les continents. En effet, le déroutement par le sud de l’Afrique ajoute 15 jours de mer. Les armements remettent en service les navires laissés à l’ancre en raison d’une baisse des volumes. Par ailleurs, l’allongement de la route permet d’appliquer des hausses des taux de fret. Un contexte économique qui permet aux compagnies maritimes d’afficher des résultats financiers en hausse dès 2024 et sur le premier semestre 2025.

Dans l’attente d’une solution viable et de long terme

La fin du conflit dans la bande de Gaza peut avoir pour effet de mettre un terme aux menaces des attaques des Houthis dans le détroit de Bab el mandeb. Par voie de conséquence, la route par le canal de Suez redevient viable. Déjà depuis le début de l’année, les Houthis ont attaqué trois navires. Alors, la question demeure : le retour des liaisons Asie-Europe par le canal de Suez est-il imminent ? Pour les compagnies maritimes, la réponse se fait à deux niveaux. D’une part, elles attendent l’assurance d’une solution de long terme et fiable pour ne pas risquer une nouvelle attaque. Par conséquent, les observateurs n’imaginent pas un retour massif des navires dans le canal de Suez avant la fin de l’année.

Une accélération des taux de fret

D’autre part, reprendre la route par Suez implique de nouvelles conditions économiques. Les taux de fret de ce début d’année n’ont plus de raison d’être. Ils se justifiaient par l’allongement de la route. Or, depuis plusieurs semaines, ces taux fondent. Le World Container Index de Drewry indique une baisse consécutive au cours des 17 dernières semaines. Le retour par le canal de Suez pourrait accélérer la chute de ces taux dès l’annonce d’un retour par Suez. Ainsi, en reprenant la route traditionnelle par Suez, les compagnies maritimes vont réduire leurs coûts opérationnels. D’un autre côté, elles vont peser sur la baisse de leurs revenus. Ainsi, les compagnies maritimes se retrouvent face à un choix cornélien. Elles doivent arbitrer entre un retour par Suez avec des conséquences financières risquées. L’autre alternative consiste à assurer pendant quelques mois une liaison par le cap de Bonne-Espérance. Elles argumentent leur choix par la précarité de la situation. Cependant, le coût « carbone » de cette route pèse aussi. Entre la peste et le choléra, le choix peut s’avérer compliqué.