Russie : une hausse des exportations de blé depuis les ports de la mer Noire
Sovecon publie dans son rapport du 1er avril une augmentation des exportations de blé depuis les ports de la mer Noire. L’accord de paix pourrait avoir un effet.
Le dernier rapport de Sovecon indique une augmentation des exportations de céréales depuis les ports russes de la mer Noire. Une augmentation qui tient à une demande plus forte dans un marché dont l’offre serait en baisse. Sur les dernières semaines, les exportations russes atteignent 300 000 t à 400 000 t.
La baisse des marges d’exportation
Ces progressions concernent des demandes pour un blé tendre avec un taux de protéines de 12,5%. La hausse de la demande a eu un effet immédiat sur les prix. Ainsi, Sovecon souligne que le prix de la tonne de blé est passé de 17 300 roubles à 18 000 roubles/tonne. « Il s’agit de la première hausse de prix depuis la mi-février », souligne Andrey Sizov, fondateur de Sovecon. Une hausse des prix qui s’accompagne d’une augmentation du rouble face au dollar. Dans ce contexte, les marges à l’exportation pour les producteurs russes se réduisent.
Des stocks à un niveau bas
Une demande qui intervient alors que les stocks de blé tendre en Russie sont au plus bas. Le consultant russe indique que le 1er mars, les stocks russes de blé s’élèvent à 11,6 Mt. Un niveau à 34% en dessous de celui de l’année passée. Par ailleurs, dans les régions du sud du pays, soit proches de la mer Noire, ces stocks fondent. Ils sont estimés à 56% du niveau de celui de l’année passée.
Les signes d’un futur accord pour la navigation en mer Noire
Certains analystes voient cet afflux vers les blés russes comme un signe avant-coureur d’un accord sur la liberté de navigation en mer Noire. Les négociations actuelles entre Moscow et Washington pour mettre un terme au conflit entre la Russie et l’Ukraine pourraient concerner la navigation en mer Noire. Un premier projet est actuellement en négociation entre les pays.
Les exportations de céréales n’ont pas cessé
Un point de vue que ne partage pas Sovecon. Selon l’analyste, le conflit n’a pas eu d’impacts lourds sur les expéditions de céréales tant depuis l’Ukraine que la Russie. Les sanctions imposées par l’Occident à la Russie ont surtout eu un effet de ralentisseur plus que de frein. L’aboutissement d’un accord sur la navigation en mer Noire est surtout perçu, par les observateurs, comme un leurre pour faire croire à une avancée dans les négociations de paix qui semblent s’enliser.
40 Mt à exporter depuis la Russie
La hausse de la demande de blé avec une teneur en protéine élevée tient principalement à l’absence de blé de cette qualité sur les marchés internationaux, d’une part. Elle est aussi motivée par une capacité de la Russie à disposer de réserves. Moscow a prévu d’exporter environ 40 Mt de céréales. Certes, ce volume est inférieur de 10% par rapport à l’année passée, mais il se place malgré tout en première place.
L’arme céréales plus destructrice
Le gouvernement de Vladimir Poutine a décidé de limiter les exportations de blé tendre pour éviter une hausse trop importante des produits agroalimentaires sur le territoire. Cependant, il se garde toujours une arme économique dans sa manche. Les céréales permettent de peser sur la communauté internationale. Elles sont devenues, avec le gaz, l’arme de la Russie dont l’impact sera plus élevé que les missiles. Si la Russie et l’Ukraine ne peuvent plus exporter de céréales, c’est une famine mondiale qui se profile. L’arme « céréales » présente un pouvoir bien plus destructeur que celles entre les mains des militaires.