TLF : les commissionnaires en transport s’adaptent aux perturbations géopolitiques

Le 26 juin, TLF a tenu son assemblée générale à Paris. L’occasion pour les commissionnaires en transport de dresser un bilan de l’année 2024 et des premiers mois de 2025.

L’année 2024 ne s’est pas déroulée dans un long fleuve tranquille pour les commissionnaires opérant en overseas. Lors de son assemblée générale, TLF a dressé un bilan de cette année et des premiers mois de 2025.

Continuer d’assurer les approvisionnements

« En 2024, nous avons subi les effets du déroutement des navires de Suez vers le cap de Bonne Espérance et les tensions portuaires. Au début de l’année, les effets de la politique protectionniste américaine est venue s’ajouter. Cependant, les commissionnaires en transport ont continué à assurer les approvisionnements », a souligné d’emblée Anne-Sophie Fribourg, présidente de la commission maritime de TLF.

Un début de 2025 sous le signe de la croissance

Ces différents éléments perturbateurs ont pesé tout au long de l’année. Après une période de rodage l’an passé en raison de ces changements, les affaires ont continué. Pour les commissionnaires, il a fallu composer avec des taux de fret élevés sur certaines rotations. Néanmoins, 2025 a démarré sur une note positive. Dans les principales routes maritimes, les opérateurs constatent une croissance de la demande. L’annonce par le nouveau locataire de la Maison blanche, Donald Trump, de la hausse de tarifs douaniers a porté un coup à cette dynamique économique.

L’impact sur les taux de fret

Pour Anne-Sophie Fribourg, le Liberation Day, tel qu’appelé par Donald Trump, créé de nouvelles incertitudes. « Un nouvel état qui complique encore les plans de transport. » Cependant, la décision de Donald Trump de suspendre jusqu’en juillet les hausses des tarifs douaniers a changé la donne. En effet, pour éviter des hausses de prix, les négociants américains ont augmenté leurs commandes. « Avec une demande supérieure à l’offre, l’impact s’est automatiquement fait ressentir sur les taux de fret. »

L’effet domino des perturbations

Et parce qu’une perturbation peut en cacher une autre, les perturbations des lignes est-ouest se sont répercutées sur les autres routes maritimes. Ainsi, l’ensemble du marché a enregistré des hausses des taux de fret. Globalement, explique Anne-Sophie Fribourg le contournement de l’Afrique par le cap de Bonne-Espérance a entraîné une hausse de 30%. L’impact des autres phénomènes ont accentué ces augmentations.

L’émergence de nouveaux marchés

Des changements de paradigme dans le monde des lignes régulières qui peuvent avoir un impact sur le plus long terme. « Nous voyons de nouvelles routes maritimes se dessiner avec l’émergence de nouveaux pays de sourcing. » Ainsi, en Asie, le Vietnam prend de l’importance. « Le poids de la Chine diminue dans les approvisionnements américains », constate la présidente de la commission overseas. Cette tendance à se détourner vers d’autres horizons se confirme avec des prises de participation d’armateurs dans les terminaux. Effectivement, au Vietnam après APM Terminals, le groupe CMA CGM a pris des positions dans le port d’Haiphong.

La Supply Chain se modifie en profondeur

Ces modifications sont une nouvelle caractéristique du marché. Auparavant, la chaîne d’approvisionnement allait du fabricant au consommateur en passant par le négociant et le magasin. « Aujourd’hui, les achats se font en direct sur des places de marché comme Temu, Shein ou Amazon. Des changements de comportements des consommateurs qui redessinent la supply chain », souligne Frédéric Mercier, président du directoire de Mathez Freight.

Les effets pour les déclarants en douanes

Ces nouveaux dogmes du marché overseas pèse aussi sur le métier de déclarant en douanes. Les mesures protectionnistes imposées par l’administration américaine perturbent toutes les exportations. « Des changements qui ont mis un coup de projecteur sur le métier de déclarant en douanes », assure Bache Kabbaj, directeur des opérations d’Acte International. Cependant, cette tendance nécessite une plus grande technicité des opérateurs. Quant à l’intelligence artificielle, elle ne sera pas d’un grand secours. « Elle transformera notre métier vers une plus grande transparence. »