Corridors et logistique

GNL : les États-Unis prennent le devant la scène

Dans sa dernière édition, le courtier de fret italien Banchero Costa analyse la position des États-Unis sur le marché du gaz naturel liquéfié. Devenu troisième exportateur mondial, ils exportent une grande partie de leur production vers l’Union européenne.

Les flux de gaz naturel liquéfié (GNL) se diversifient, analyse le courtier de fret Banchero Costa dans sa dernière newsletter. En effet, le conflit en Ukraine et les sanctions imposées à la Russie obligent les acheteurs à diversifier leurs approvisionnements. De plus, face à la crise climatique, les pays de l’hémisphère nord se tournent vers des combustibles alternatifs pour la production électrique.

Une hausse du trafic de 1,4%

Dans ce contexte, le GNL ne cesse de croître. En 2022, selon Banchero Costa, les trafics de GNL dans le monde pèsent 404,1 Mt. Des volumes en progression de 4,9%. En 2023, avec l’intensification du conflit ukrainien, la demande en GNL n’a eu de cesse d’augmenter au premier trimestre. Le printemps et l’été venus, les trafics se tassent. Néanmoins, sur les dix premiers mois de l’année, les trafics de GNL continuent leur progression. Ils augmentent de 1,4% à 338,2 Mt.

Les États-Unis : premier exportateur mondial de GNL

Le Qatar approvisionne traditionnellement les pays de l’ouest. Or, en 2023, le classement des principaux exportateurs de gaz se modifie. Avec 21,4% des flux mondiaux, les États-Unis sont devenus les premiers exportateurs mondiaux de GNL. L’Australie talonne le pays de l’oncle Sam avec 19,8%. Sur la période de janvier à octobre 2023, l’Australie exporte 67 Mt. Un trafic en baisse de 0,5%. Le Qatar ferme le podium avec 19,3%, soit 65,4 Mt, en baisse de 1,3%. Au total, ces trois pays assurent 60,5% des trafics de GNL dans le monde sur les 10 premiers mois de l’année.

Le GNL russe toujours dans la course

Derrière ce trio, la Russie reste malgré tout dans la course malgré les sanctions. Pour mémoire, le gaz russe n’entre pas dans la liste des produits sanctionnés par la communauté internationale. Cela n’empêche pas les sociétés russes de continuer leur activité sur le marché international. Les entreprises russes exportent 25 Mt. Un trafic en baisse de 8% par rapport à l’année dernière. Cependant, les trafics de GNL russe demeurent bien supérieurs à ce qu’ils ont été jusqu’en 2021.

L’UE accapare 25% des achats de GNL

L’Europe a pris le quart des importations mondiales, à 25,4%. Avec 84,5 Mt, l’Union européenne voit ses importations de gaz progresser de 3,4%. Le second pays à acheter du GNL dans le monde demeure la Chine. Le pays importe 56,3 Mt. Des entrées en progression de 10,4%. Ainsi, si l’Empire du milieu accorde une confiance toute particulière à cette énergie, il n’en demeure pas moins que les importations de GNL sont en retrait par rapport à 2021. En effet, au cours de cette période, la Chine a importé 64,9 Mt.

79,4 Mt de GNL exportées par les États-Unis

Les sanctions contre le gaz russe, la volonté des européens de préférer des sources d’approvisionnement auprès de pays alliés et une production en croissance ont pour conséquence de placer les États-Unis parmi les premiers exportateurs mondiaux. En effet, si en 2022 le pays s’est placé au troisième rang mondial des exportateurs, avec 79,4 Mt, il a gagné des places. « Les volumes exportés progressent de façon exponentielle », indique le courtier de fret Banchero Costa. Sur les dix premiers mois de 2023, les exportations de GNL depuis les États-Unis entrent pour 72,4 Mt, soit une augmentation de 9,7% par rapport à l’année précédente.

L’UE, premier acheteur de gaz américain

Et cette augmentation des sorties de gaz se réalise au profit de l’Europe. L’Union européenne et le Royaume-Uni constituent les principales destinations du GNL américain. Ainsi, les exportations américaines vers l’Union européenne ont progressé de 138,2% à 41,6 Mt. Et cette hausse des flux transatlantiques continue sur les dix premiers mois de l’année. Effectivement, le GNL des États-Unis augmente de 8,6% vers l’UE à 35,6 Mt. L’UE achète 53,5% du GNL américain.

Le GNL américain a doublé ses volumes vers le Royaume-Uni

La situation européenne se décline aussi au Royaume-Uni. En 2022, le GNL américain a plus que doublé sa part de marché en Grande-Bretagne. Il est passé de 4 Mt à 9,4 Mt, soit une augmentation de 137,8%. Et cette croissance se maintien. En effet, sur les dix premiers mois de l’année, ce sont 6,8 Mt de GNL américain qui sont destinés au Royaume-Uni. Un trafic en augmentation de 7,8%. Ainsi, le pays du Brexit représente 9,4% des achats de GNL américain.

La Corée du Sud boude le GNL américain

Le trio de tête des acheteurs de GNL américain se ferme avec la Corée du Sud. Au Pays du Matin calme, le gaz américain pèse 7,3% des importations. Cependant, la Corée du Sud, à la différence des pays d’Europe, restreint ses achats américains. En 2022, le pays a acheté 5,8 Mt, soit une baisse de 35,2%. Pour continuer dans cette veine, la Corée du Sud boude le GNL américain sur les 10 premiers mois de l’année. Avec 4,1 Mt, le pays voit ses achats aux États-Unis se réduire de 18,6%.

Le retour du Japon et de la Chine

Les deux autres pays d’Asie à intervenir massivement sur le marché du GNL américain sont le Japon et la Chine. Ces deux pays s’inscrivent dans le même schéma que la Corée du Sud. Ainsi, le Japon a réduit ses importations américaines de GNL en 2022 de 41,9% à 4,2 Mt. Cependant, la tendance s’inverse en 2023 avec une progression de 51,2% sur les 10 premiers mois à 4,9 Mt. Quant à la Chine, après avoir été une cliente importante du gaz des États-Unis, elle a réduit ses approvisionnements au pays de l’oncle Sam en 2022. Ainsi, l’année passée, elle a importé 1,8 Mt, soit 79,8% de moins que l’année précédente. En 2023, la Chine revient sur le marché américain avec une progression de 73,1% à 2,4 Mt.

Entre charbon et GNL, les cœurs balancent

La baisse des approvisionnements des pays d’Asie pour le gaz américain s’explique par le prix élevé imposé par les acheteurs européens. En effet, face à la crise ukrainienne et pour faire front à une demande importante en énergie, les prix du GNL s’est enflammé en 2022. Face à cette situation, certains pays d’Asie ont préféré se tourner vers des énergies moins chères comme le charbon. Le retour à un marché plus raisonnable et des prix abordables a incité des pays comme le Japon et la Chine à revenir sur les marchés internationaux. Quant à la Corée du Sud, certains soutiennent que le pays peut difficilement se libérer du charbon.