Corridors et logistique

Vracs: la reprise se confirme sur les vracs secs quand le marché pétrolier se stabilise

La reprise annoncée dans les vracs fin novembre se confirme sur le début du mois de décembre. La Chine y joue un rôle de moteur tant pour le charbon que les produits agricoles. Du côté du pétrole, le marché se stabilise avec l’équilibre entre l’offre et la demande.

Après avoir enregistré des niveaux bas au printemps et en été, le marché des vracs secs confirme son renouveau. Dans sa dernière analyse, le courtier de fret Xclusiv confirme la tendance annoncée. Ainsi, le 1er décembre, l’indice du Baltic Dry atteint 3192 points, un pic depuis le mois de mai 2022 et une hausse de 128% en novembre.

La hausse de 57% des Panamax

Alors, les signaux sont au vert dans le vrac sec avec des progressions diverses selon le type de navires. Les Panamax et les Supramax confirment cette tendance de progression avec une vingtaine de sessions de hausse. Les premiers progressent de 57% et les seconds de 33%. De leur côté, les Handysizes affichent 13 sessions de hausse consécutives.

Capesize : une progression de 238%

De plus, l’indice concernant les navires de type Capesize créent la surprise. Au cours de la dernière semaine de novembre, le BCI (Baltic Capesize Index) progresse de 84%. Une augmentation qui atteint 238% sur le mois de novembre. Ainsi, les Capesize démarrent le mois de décembre à 6237 points, le meilleur score depuis le 21 octobre 2021. Bien plus, indique Xclusiv, « le 29 novembre, l’augmentation quotidienne de 7 140 $ pour les Capesize est la plus forte augmentation quotidienne depuis 2010. Ainsi, le BCI atteint 46 681 $/j le 4 décembre ».

La Chine retourne en Australie pour le charbon

Des progressions qui sont tirées par la consommation chinoise de charbon. L’Empire du milieu a commandé 29,5 Mt en novembre, soit 5 Mt de plus qu’en octobre. Et ce charbon provient d’Australie pour environ un tiers (7,3 Mt). La fin des tensions diplomatiques et économiques entre la Chine et l’Australie semble jouer. En effet, en novembre, l’Australie a vu ses expéditions de charbon vers la Chine augmenter de 70%.

Reconstituer les stocks de minerais de fer

Outre le charbon, les navires type Capesize et Panamax bénéficient de la demande en minerais de fer. Les stocks chinois atteignent difficilement les 100 Mt à fin octobre. Or, comparativement à 2022 et 2021, ce niveau reste relativement faible. Effectivement, au cours de ces deux années, les stocks de minerais de fer s’évaluaient entre 130 Mt et 150 Mt. Or, la volonté de Pékin de relancer la filière BTP passe aussi par un coup de fouet à la sidérurgie. Ainsi, Capesize et Panamax peuvent s’attendre à devoir reconstituer les stocks de minerais en décembre.

Une désynchronisation des variations

Pour sa part, le courtier de fret Intermodal rejoint le constat de son confrère. Il note, cependant, une « désynchronisation » des variations saisonnières. En effet, généralement les taux de fret des vracs secs enregistrent des progressions sur les premiers et troisièmes trimestres. Or, cette année, ces hausses interviennent au cours du dernier trimestre. Signe d’un changement durable, estime Intermodal.

Les effets du canal de Panama

Et pour aller plus loin, Intermodal explique cette hausse « décalée » par les restrictions de navigation du canal de Panama. Les baisses du nombre de passage déjà effectives et les annonces de nouvelles restrictions jusqu’en février créent de la congestion. Intermodal rappelle que les armateurs opérant dans les vracs secs ont déjà changé de route en empruntant soit celle par le cap Horn ou celle du cap de Bonne Espérance. Des alternatives qui rallongent le temps de transport et diminuent donc la disponibilité en navires.

La Chine importe 13,5 Mt de produits agricoles

Si pour le courtier Xclusiv, le charbon et les minerais tirent la croissance des vracs secs, Intermodal penche plus pour les produits agricoles. Ici encore, la Chine joue un rôle prédominant. Elle s’impose comme le premier importateur. Et la Chine a décalé ses importations de céréales comparativement aux années précédentes. Ainsi, en novembre, l’Empire du milieu a importé 13,5 Mt, cite Intermodal. Un niveau historiquement haut sur les cinq dernières années.

Le Brésil, victime de son attrait, souffre de congestion

À l’autre bout de la chaîne, le Brésil s’impose parmi les premiers exportateurs mondiaux de soja et de maïs. Or, cette position a créé, dans les ports brésiliens des embouteillages. Pas dimensionnés pour expédier en si peu de temps autant de soja, de maïs et de sucre, le pays connaît une congestion portuaire. Les négociants brésiliens ont pris des parts de marché à l’Argentine qui a souffert en raison de la sécheresse.

Les petits navires profitent de la situation

Quant aux navires de plus petite taille, ils résorbent la volatilité du début de l’année. Les dernières semaines plaident en faveur des armateurs qui profitent de la demande au départ des ports de la côte est de l’Amérique du Sud et de la situation du canal de Panama. Dès lors que la situation demeure, indique Intermodal, « les taux de fret pourraient rester élevés, car la demande de tonnage pour exporter les récoltes exceptionnelles devrait rester forte ».

Pétrole: une baisse de production sans effets

De son côté, le marché pétrolier souffre. Selon Intermodal, les opérateurs demeurent sceptiques sur les annonces par les membres de l’Opep+ de réduire la production de 2,2 Mb/j. Cependant, cette annonce interroge les opérateurs sur les évolutions à court terme. Avec une production manufacturière morose aux États-Unis et la reprise du conflit dans la bande de Gaza, le pétrole stabilise ses prix. Malgré tout, « les perturbations d’approvisionnement attendues n’ont eu aucun impact significatif sur les flux mondiaux de pétrole », indique Intermodal.

Le marché pétrolier se stabilise

Dans ces conditions, le marché se stabilise. En effet, les taux de fret des VLCC maintiennent leur niveau en raison de l’équilibre entre l’offre et la demande. Et il en est de même pour le marché des Suezmax. L’équilibre au Moyen-Orient et en Afrique de l’Ouest permet au marché de se maintenir. Quant aux expéditions depuis la Méditerranée et la mer Noire, la situation est bien différente. L’abondance de navires et les perturbations météorologiques limitent les chargements. De ce fait, les taux de fret continuent leur baisse.