La Rochelle : le port demeure dans une dynamique d’investissements
Le GPM de La Rochelle a enregistré en 2021 une baisse de 0,9% de son trafic en raison des aléas économiques de certaines filières. Ce tassement n’empêche pas le port rochelais d’être dans une dynamique d’investissement pour l’avenir.
En 2021, le GPM de La Rochelle a enregistré une baisse de son trafic de 0,9% à 8,8 Mt. Une diminution que le port attribue principalement aux trafics céréaliers. « En 2020, la récolte céréalière a été moyenne, nous a confié le président du directoire, Michel Puyrazat. La campagne qui a suivi jusqu’en juillet 2021 a impacté nos trafics. En fin d’année 2021, la meilleure récolte de l’été 2021 nous a permis de rattraper notre retard ».
Une fin de campagne attendue plus active
Alors, une fin d’année meilleure qui reste malgré tout peu active. Sur la première moitié de la campagne 2021/2022, les négociants français ont été plutôt attentistes. « Nous espérons que les trafics se reporteront sur la seconde moitié de cette campagne, au cours du premier semestre 2022 », indique Michel Puyrazat.
Bonne tenue des trafics du BTP
Cette baisse des trafics céréaliers et des vracs agricoles, notamment l’alimentation animale, a été partiellement compensée par la bonne tenue des flux liés à la filière BTP et aux produits pétroliers. En effet, après deux ans de mise en sommeil, les chantiers ont repris en 2021 donnant une nouvelle dynamique aux trafics de cette activité. Quant aux produits pétroliers, ils dépendent en grande partie des besoins de consommation locaux.
Produits forestiers : le retour aux navires conventionnels
Autre filière importante du port charentais, les produits forestiers ont connu un rebond en 2021. Ils progressent de 12,1% à 571 860 t. La majorité des trafics de produits forestiers de La Rochelle se compose de pâte à papier. Cependant, en 2021, le président du directoire du port constate un retour des bois sciés transportés par des navires conventionnels. « Nous avons vu une grande partie de ces flux se conteneuriser les années précédentes. Les perturbations logistiques ont incité les opérateurs à revenir vers des navires conventionnels. »
Une base logistique arrière
Enfin, dans les « autres trafics », l’autorité portuaire range les produits métallurgiques, les colis lourds et les conteneurs. Cette catégorie a connu une croissance de 90% en 2021, à 288 631 t. Parmi ce courant se retrouvent les monopieux pour le champ éolien de Saint-Nazaire. Ces pieux sont réceptionnés sur le port rochelais en provenance de Rotterdam avant d’être chargés sur des navires spécifiques pour être installés sur le champ éolien. « Un seul port ne peut tout avoir pour les champs éoliens. Les besoins sont nombreux. Notre espace permet de stocker ces monopieux pour ensuite les envoyer à Saint-Nazaire pour y faire l’assemblage. Nous sommes une sorte de base logistique arrière. »
Une congestion à l’été
À l’été 2021, le port a vécu une reprise importante des trafics avec la croissance économique. « Nous avons vu une congestion des quais », explique Michel Puyrazat. Pour y remédier, les opérateurs ont recruté 10 dockers pour faire face au surcroît d’activité. Du personnel venu en renfort mais aussi des outils. Cet achat de grues par les opérateurs ont permis d’améliorer la productivité des terminaux.
11 M€ investis par le privé
Au total, le secteur privé a investi plus de 11 M€ sur le port. Ainsi, EVA a acheté une nouvelle grue pour l’anse Saint Marc. Une acquisition qui a nécessité une enveloppe de 4 M€. Du côté de la Sica Atlantique a procédé à la rénovation du silo Bertrand 2 pour un montant de 1,2 M€. Atena a mis en place une nouvelle ligne d’ensachage. Un investissement de 5,8 M€ pour améliorer la productivité de l’usine de fertilisants.
Arrivée d’entrants pour du ciment décarboné
Derrière les investissements réalisés, le port va accueillir Hoffmann Green Cement Technologies. La société va créer deux silos, dans un premier temps, sur le port pour recevoir des produits pour la fabrication de ciment produits à bas carbone. « Les produits seront déchargés par pipeline pour éviter les émissions de poussière de ces produits très fins », précise le président du directoire. Le projet table sur un investissement de 10 M€. Hoffmann Green Cement Technologies prévoit un trafic de 10 000 t de produits pour la fabrication des ciments.
Le port abonde avec 8,9 M€
Des investissements privés que le port a accompagné avec une enveloppe de 8,9 M€. Un montant qui s’inscrit dans le niveau haut des montants décidés au cours des cinq dernières années. Ce montant prévoit notamment la finalisation des travaux d’amarrage et d’accostage sur le terminal de Chef de Baie. De plus, la poursuite de la modernisation des voies ferrées portuaires s’est prolongée. Par ailleurs, les anciens sites de construction navale sont démolis pour accueillir de nouvelles entreprises.
Électrification de quais
Les travaux menés sur le port se font en menant les études de dévoiement des pipelines sur le viaduc du Môle d’Escale. Il s’agit d’améliorer le lien entre le terminal de La Repentie et celui du Môle d’Escale. Dans la même veine, le port continue d’investir dans l’électrification à quai des navires. Ce dispositif sera destiné, dans un premier temps, au pôle de réparation navale. Ensuite, il sera accessible aux navires de commerce.
Continuer dans la transition écologique
Cette transition écologique, le port la mène déjà depuis plusieurs années en partenariat avec les opérateurs privés installés sur la circonscription portuaire. La solarisation des toits d’entrepôts a continué en 2021. IEL a entrepris la couverture du bassin à flot, soit 3000 m2 solarisés. En travaillant sur ces énergies renouvelables, le port et les opérateurs ont mené une étude pour l’autoconsommation collective. « Nous avons commencé par dresser un diagnostic de notre consommation. Avec le développement d’énergies nouvelles nous réfléchissons à créer une structure pour revendre notre surplus d’électricité produite. Les nouvelles règlementations en matière de taxation des énergies revendues ont revu les modalités de ces taxes. Cette réforme rend le modèle économique meilleur. »
Anticiper les modifications de la structure des trafics
Après la pandémie et avec la stratégie portuaire nationale vers le verdissement des ports, le président du directoire du GPM de La Rochelle attend pour les prochaines années des bouleversements. « Dans 20 ans, les trafics de notre port n’auront pas la même structure. Nous sommes face à un effet de tenaille avec d’une part, la fin programmée des énergies fossiles et, d’autre part, des besoins en investissement vers des activités qui ne généreront pas obligatoirement de nouvelles recettes. Nous devons avoir une base financière solide pour faire face à ces changements », continue Michel Puyrazat.
À mi-chemin du projet stratégique
En entamant cette nouvelle année, le GPM de La Rochelle se retrouve à mi-chemin de la réalisation de son projet stratégique. « En 2022, de nombreuses actions vont se concrétiser dans les trois directions que nous nous sommes fixés : l’amélioration de la performance logistique, la recherche de la neutralité carbone et le développement de l’innovation », confie Michel Puyrazat.