Les mouvements sociaux dans les ports inquiètent les commissionnaires
La FNPD CGT annonce trois jours de grève dans les ports français en février. L’organisation des commissionnaires, TLF, demande des actions pour maintenir le flux de trafic.
Le 8 février, un communiqué de la FNPD CGT annonce trois journées de grève dans les ports français. Elle appelle à un arrêt de travail de 24 heures, les 16, 22 et 27 février.
Des mouvements contre la réforme des retraites
Ce mouvement, souligne l’organisation syndicale, intervient après plusieurs mois d’attente. « L’attente a assez duré ! la FNPD CGT appelle le gouvernement à respecter ses engagements », continue le syndicat. Deux sujets poussent les ouvriers dockers à ce mouvement. En premier lieu, la FNPD CGT refuse de voir s’appliquer la réforme des retraites, votée en 2023, s’appliquer aux ouvriers dockers. En second lieu, elle demande des investissements massifs dans les ports français. « La CGT demande 10 Md€ d’investissements pour pérenniser l’avenir de nos ports ».
Des négociations pour répondre aux attentes des dockers
Dans son communiqué, la FNPD CGT demande au gouvernement « de tenir parole et d’engager le processus de négociations ». Elle rappelle avoir proposé des solutions pour sortir de cette crise et « répondre aux attentes légitimes des ouvriers dockers et travailleurs portuaires. » Et, parce qu’elle ne lâche pas, elle prévient que la Fédération « réunira ses instances pour décider de la suite à donner à la lutte en cas de non-réponse de la part du gouvernement ».
Des mouvements qui touchent les principaux ports français
Par conséquent, ces mouvements sociaux affectent l’activité. Le 15 février, l’Union TLF s’inquiète de la situation. « Depuis huit jours, les grèves des travailleurs portuaires affectent les principaux ports français. Cela entraînent des conséquences opérationnelles très préjudiciables sur le transport de marchandises par conteneurs ». En effet, ces mouvements interviennent alors que le marché de la conteneurisation subi des perturbations importantes.
Des perturbations qui s’ajoutent aux désorganisations existantes
D’une part, le conflit en mer Rouge décale les arrivées de navires et modifie l’organisation sur les quais. D’autre part, les blocages des agriculteurs modifient sensiblement les chaînes logistiques. Dans ce contexte, TLF « appelle à des mesures immédiates afin d’assurer la fluidité des opérations portuaires alors que les ports français s’efforcent de regagner des parts de marché. » De leur côté, les commissionnaires déplorent les délais supplémentaires que ces mouvements sociaux font peser pour récupérer leurs marchandises.
Les trafics se détournent vers les ports étrangers
Et pour aller plus loin, TLF précise. Ainsi, dans le Grand port maritime de Marseille-Fos, TLF indique un délai de cinq jours pour un rendez-vous pour un chauffeur routier. Il faut habituellement une journée pour l’obtenir, continue TLF. Au Havre, après la baisse de 15% de son trafic conteneurs, le port normand « continue de subir une diminution significative de son activité ». Par conséquent, bon nombre de trafics se détournent vers Anvers-Bruges, Barcelone et Gênes. Cependant, à Anvers, le port subi aussi des désagréments. Les agriculteurs bloquent l’accès aux quais.
Une perte d’activité pour les modes massifiés
Et, ce mouvement touche l’ensemble de la chaîne logistique, s’insurge TLF. Effectivement, « le manque de fiabilité des opérations portuaires conduit à une perte d’activités pour les modes massifiés, le ferroviaire et le fluvial, ce qui entrave profondément le développement de solutions de report modal ». Une situation qui ne peut durer pour l’organisation des commissionnaires. D’autant plus que la journée du 27 février s’annonce compliquée avec une opération ‘Ports morts’.
Trois actions à entreprendre
Dans ces conditions, TLF demande d’assurer la fluidité portuaire pendant ces mouvements. Elle revendique trois actions :
- La garantie de la liberté de circulation des marchandises. En effet, les journées ‘Ports morts’ se concrétisent parfois par le blocage des zones industrialo-portuaires. Or, ces actions perturbent la circulation des personnes et des biens dans la zone portuaire, s’inquiète TLF. Alors, elle « demande à l’État de maintenir la libre circulation des marchandises et des personnes sur les domaines portuaires ».
- La mise en œuvre de mesures pour assurer la fluidité portuaire. Dans le cadre de ces mouvements, TLF souhaite que pour maintenir l’activité, les opérateurs (manutentionnaires et compagnies maritimes) et l’État permettent l’ouverture des terminaux portuaires pendant les nuits ou les week-ends, voire la levée des interdictions de circulation pour les routiers pendant les fins de semaine.
- La limitation des surcoûts logistiques. En effet, lors des mouvements sociaux, les conteneurs peinent à sortir des terminaux. Alors, TLF souhaite l’extension des temps de franchise pour frais de détention et de surestaries. Elle suggère aussi que soient annulés les frais d’annulation de rendez-vous des terminaux portuaires.
Des mesures pour l’attractivité des ports
Plus globalement, TLF souhaite que des mesures s’appliquent pour l’attractivité des ports en France. « Des mesures structurelles doivent être entreprises afin d’éviter ces crises régulières. » L’organisation des commissionnaires demande un plan d’urgence concerté en cas de mouvements sociaux. Et pour appuyer cette demande, Joël Glusman, vice-président de l’Union TLF et président de TLF Overseas prévient : « les désorganisations en cours menacent directement la rentabilité de nos entreprises situées dans chaque place portuaire française, dans un contexte de concurrence accrue avec les autres ports européens. La destruction potentielle d’emplois liés aux activités portuaires et logistiques est une préoccupation réelle. »