Céréales : les exportations françaises à la peine
Le bilan de la campagne céréalière à fin avril penche du côté négatif, a indiqué France AgriMer lors de son conseil spécialisé Grandes Céréales du 12 juin. Les exportations reculent par rapport à l’année dernière. La situation en mer Noire continue de peser sur le marché.
La production mondiale de céréales dans le monde demeure à un niveau supérieur à la moyenne quinquennale pour la campagne 2023/2024, indique le CIC (Conseil international des céréales). Elle s’établie, pour le blé tendre à 759 Mt contre une moyenne quinquennale à 748 Mt. Les échanges s’élèveront, sur cette campagne à 772 Mt. La production de maïs atteint 1225 Mt pour des échanges de 186 Mt. Des chiffres supérieurs à la moyenne des cinq dernières années. Quant aux orges, elles sont en léger repli avec une production de 144,5 Mt et des échanges de à 30,2 Mt.
La hausse des exportations comparativement à l’année passée
En France, les différentes céréales enregistrent les mêmes tendances. Avec une production de blé tendre à 35,05 Mt, les exportations étaient attendues en progression par rapport à l’année dernière. Les prévisions, publiées par France AgriMer le 12 juin, tablent sur 16,48 Mt. Comparativement à la campagne 2021/2022 au cours de laquelle la production s’est élevée à 35,4 Mt, soit presqu’équivalente à celle de cette année, les exportations de blé tendre sont en retrait de 2,5%.
Un début de campagne au ralenti
Cette diminution peut s’expliquer par un début de campagne difficile pour la production française. Sur les premiers mois, les exportations françaises ont eu du mal à décoller. Elles ont subi la concurrence des blés de mer Noire. Changement de cap en ce début d’année, avec, de janvier à mars, des exportations plus importantes. Cependant, en avril, la courbe s’inverse et les exportations de blé tendre repassent en dessous de ceux de l’année dernière. Ce revirement de situation peut provenir de plusieurs éléments comme la baisse de la demande chinoise.
La reprise des trafics depuis le début de l’année
Une tendance qui se répercute dans les ports français. Après un début de campagne au ralenti, les principaux ports céréaliers français enregistrent des progressions importantes. Sur les cinq premiers mois de l’année, le GPM de La Rochelle affiche une progression de 51,3% à 1,7 Mt. Et dans cette progression, les blés engrangent la plus forte hausse avec une augmentation de 123% des flux à 1,2 Mt. De son côté, le GPM de Dunkerque affiche une hausse de 40% de ses exportations.
L’Ukraine a exporté 18 Mt
Quant au conflit entre la Russie et l’Ukraine, il n’a que peu d’effets sur les marchés internationaux des grains, indique France AgriMer. La production ukrainienne de blé tendre reste stable à 21,6 Mt. Sur cette campagne, ses capacités d’exportation devraient être équivalentes à celle de la précédente campagne. Selon le ministère ukrainien de l’agriculture, le pays a déjà expédié 18 Mt de blé tendre, soit 10% de plus que l’année dernière.
Les corridors maritimes fonctionnent
Les flux se maintiennent par les corridors maritimes et fluviaux. Une activité maintenue malgré les attaques fréquentes sur les installations portuaires. Cependant, une partie des exportations de céréales ukrainiennes partent par voie routière vers la Pologne pour ensuite rejoindre leur destination finale. Or, les agriculteurs polonais s’insurgent contre les facilités douanières des produits ukrainiens en bloquant les importations ukrainiennes. Alors, pour contourner la colère de leurs voisins, les Ukrainiens optent pour le ferroviaire vers des ports européens. Ce mode ne subit par des perturbations comme la route. Au total, l’Ukraine a exporté 6,4 Mt de blé, 11,9 Mt de maïs et 804 984 t d’orges vers les pays de l’UE depuis le début de l’année. L’Espagne demeure la principale destination de ces produits avec 76% des achats de blé et 42% de maïs.
La Russie a perdu 10 Mt
Du côté de la Russie, la situation se complique. Selon les derniers chiffres, la Russie a perdu 10 Mt d’une campagne à l’autre. Par ailleurs, en imposant des taxes élevées pour les produits dirigés vers l’UE, les exportations russes doivent s’imposer sur d’autres marchés. Elle a consolidé, au cours de cette campagne, sa position sur l’Égypte avec plus de 3,2 Mt exportées.
Une baisse des exportations de l’UE
La situation française se calque sur les autres pays européens. Les chiffres de la Commission européenne estiment la production toutes céréales confondues à 278,2 Mt. Une hausse de 3,1% par rapport à la précédente. Les exportations s’élèvent, pour leur part, à 47,4 Mt, soit 1,2% de plus d’une année sur l’autre. Des chiffres qui ne doivent pas cacher la réalité. Selon les données de Taxud, les exportations de blé tendre de l’UE s’élèvent à 29,2 Mt, au 11 juin, soit 5% de moins que la précédente campagne. Les blés européens se dirigent majoritairement vers le Maroc (3,8 Mt), le Nigéria (3,2 Mt) et l’Algérie (2,5 Mt). La Chine a doublé ses achats de blé tendre en Europe passant de 1,04 Mt à 2 Mt.
Des échanges en baisse pour la prochaine campagne
Le Conseil international des céréales publie les prévisions de la campagne à venir. Pour les blés, les chiffres affichent une légère progression de la production de 0,1% à 760 Mt. Quant aux échanges, ils sont estimés à 187 Mt, soit 4,7% de moins que la campagne actuelle.