Les marins, victimes collatérales du conflit
Représentant 14,5% des postes à bord, les marins russes et ukrainiens sont confrontés aux conséquences de ce conflit pour pouvoir rejoindre leur famille. Les organisations professionnelles souhaitent que ces salariés ne deviennent pas des victimes collatérales du conflit.
Dans le conflit entre l’Ukraine et la Russie se joue le sort des marins. Dans un communiqué du 24 février, l’International Chamber of Shipping (ICS) a rappelé que les marins russes et ukrainiens représentaient, en 2021, environ 14,5% des emplois à bord des navires commerciaux dans le monde. Sur un navire se côtoient en moyenne trois nationalités, voire, dans certains cas, jusqu’à 30 nationalités différentes. Au minimum, sur chaque navire, ce sont trois langues différentes qui sont parlées.
14,5% des marins sont Russes ou Ukrainiens
En effet, selon le rapport publié par l’ICS et le Bimco, sur les 1,89 millions de marins employés sur les 74 000 navires contrôlés par des sociétés membres des deux organisations, les Russes entrent pour 10,5%, soit 198 123 marins dont 71 652 officiers et 126 471 personnels d’exécution. L’Ukraine entre dans une large part de ces emplois avec 4% des marins. Les 76 442 marins se répartissent en 47 058 officiers et 29 383 personnel d’exécution.
Les sanctions contre les banques russes
Après avoir subi les effets de la pandémie, les marins sont confrontés aux conséquences du conflit entre l’Ukraine et la Russie. Pour assurer la continuité des échanges internationaux, les personnels à bord doivent régulièrement être débarqués pour rentrer chez eux. Les sanctions appliquées à la Russie d’une part, mais aussi les difficultés pour rejoindre l’Ukraine posent de sérieux problèmes pour ces employés.
De plus, « la capacité de pouvoir payer ces marins par le système bancaire international doit être maintenue », indique l’ICS. Or, le retrait des banques russes du système Swift empêche le paiement des salaires. Les règlements internationaux limitent à 11 mois le temps maximum à bord d’un navire. Or, l’arrêt des lignes aériennes avec la Russie et l’Ukraine posent des difficultés aux armateurs pour permettre aux marins de rentrer chez eux.
Un remake de la pandémie
Une situation que le monde maritime a déjà connu lors de la pandémie. De nombreux marins ont été bloqués à bord des navires bien au-delà des périodes maximales tolérées. De nombreux pays, craignant de voir des marins contaminés poser le pied à terre, ont interdit les changements d’équipage. Même si aujourd’hui la pandémie semble être passée à un second plan, cette situation continue pour le monde maritime.
Des inquiétudes sur les chaînes logistiques
Le secrétaire général de l’ONU, Kitack Lim, a exprimé ses préoccupations sur le sort des marins et du monde maritime, indique un article de Mer et Marine. « Je suis très inquiet des conséquences de ces actions militaires en Ukraine sur le transport maritime mondial, la logistique et les chaînes d’approvisionnement, et notamment sur la livraison des matières premières et des produits alimentaires vers les pays en voie de développement, ainsi que l’impact sur la fourniture d’énergie. Comme le peuple ukrainien, les marins et travailleurs portuaires, tous innocents dans cette affaire, ne devraient pas être des victimes de cette crise. Les marins ne peuvent être des victimes collatérales de ces évènements. Ils doivent être protégés et en sécurité ».
Armateurs de France: assurer la sécurité des équipages
Une situation qui préoccupe Armateurs de France. L’organisation patronale maritime française rappelle qu’il s’agit d’assurer, en premier lieu, la sécurité des équipages et des opérations dans les eaux et ports ukrainiens et russes, ainsi que la liberté de la navigation. Elle communique l’ensemble des informations de nature à permettre aux Autorités d’établir une doctrine pour que les entreprises de transport et services maritimes puissent prévenir les risques. « Notre priorité est de protéger les marins, et ce, quelles que soient leurs nationalités », assure Jean-Philippe Casanova, délégué général d’Armateurs de France. Et Jean-Emmanuel Sauvée, président d’Armateurs de France a demandé de « tout mettre en œuvre pour qu’ils ne deviennent pas, aujourd’hui, des victimes collatérales de la guerre en Ukraine. C’est une priorité absolue. Avec les armateurs du monde entier, nous appelons les décideurs politiques à faire tout leur possible pour garantir la sécurité et la mobilité des marins, ainsi que leur droit à être payés. »