Une année 2025 pleine de promesses
L’année 2025 s’ouvre avec de nombreuses incertitudes. Entre les attaques menées par les Houthis en mer Rouge, la situation en mer Noire, les menaces de conflits sociaux dans les ports français et américains, les nouvelles normes environnementales et l’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche, 2025 pourrait se faire dans des eaux tempétueuses.
En fin d’année 2023, les armateurs opérant dans le marché de la conteneurisation ont prévu une année 2024 morose. Les attaques des Houthis en mer Rouge ont changé la donne. Le déroutement des navires par le cap de Bonne-Espérance a eu un effet bénéfique pour les compagnies. Il a entraîné une hausse des taux de fret et permis l’absorption des nouvelles capacités.
Une baisse des taux de fret en 2025
Un contexte qui continue en ce début de mois de janvier 2025. Le déroutement des navires reste de mise. Les menaces d’attaques des Houthis perdurent. Pour les armements, la situation permet d’absorber l’arrivée de nouveaux navires. Dans le même temps, les taux de fret se maintiennent sur les principaux trades est-ouest. Dans son analyse du mois de décembre, le Bimco constate une hausse de 64% en un an des taux spots par rapport à 2023. Une augmentation qui s’est concrétisée sur la période d’avril à octobre avant une stabilité. « En 2025, les taux de fret devraient baisser légèrement. Une diminution plus conséquente est attendue pour 2026 », écrit le Bimco.
La décarbonation patine
Le contexte économique est un aspect, les conditions règlementaires vont aussi évoluer. En 2025, tous les navires de plus de 5000 tpl qui réalisent une escale dans un port européen doit acheter des quotas de carbone pour ses émissions. Les propriétaires des navires disposent d’un délai jusqu’en septembre pour déclarer leurs émissions. Ainsi, cette année marquera la première étape du système d’échanges de carbone. Or, « le secteur patine toujours en matière de solutions technologiques pour rendre le transport maritime écologiquement plus vertueux », indique Jérôme de Ricqlès, expert maritime chez Upply dans son analyse de 2024. Cependant, il reconnaît que « le GNL et e-méthane progressent. Quant à l’ammoniac, il s’agit possiblement d’une solution plus durable, mais encore en phase de test. »
Une hausse de 3% du taux de fret
Pour les armateurs, cette évolution signifie une nouvelle charge à assumer qui se répercutera sur les chargeurs. Selon le courtier BRS, cité par Daily Mail, le coût supplémentaire lié à cette règlementation est estimée à 3% du taux de fret pour un voyage avec 70 000 t de pétrole entre le golfe Persique et Rotterdam.
Reprendre la direction du canal de Panama
L’année qui commence marque un changement important outre-Atlantique. Le 20 janvier, Donald Trump prend ses fonctions de président des États-Unis. Pendant la campagne, le futur président a annoncé des mesures chocs dont la hausse des droits de douane à l’importation. Plus récemment, il a annoncé son intention de « reprendre » la direction du canal de Panama et d’acheter le Groenland.
Les menaces de grèves aux États-Unis
Le futur président devra aussi composer avec un mouvement social dans les ports de la côte Est. Les négociations entre le syndicat International Longshoremen Association et les manutentionnaires de l’US Maritime Alliance s’engluent. Elles achoppent sur la mise en place de l’automatisation des terminaux. Élément essentiel pour les manutentionnaires, ce sujet est rejeté par le syndicat. Et Donald Trump a pris position en faveur du syndicat. Il s’est indigné de voir « des compagnies étrangères s’enrichir sur le dos des travailleurs américains. » Sans un accord sur le sujet le 15 janvier, qui paraît improbable, de nouveaux mouvements de grève sont attendus dès cette date.
Un mouvement social prévu en février en France
Pour sa part, le monde portuaire français pourrait suivre le mouvement. Après l’annonce de blocage en décembre, la FNPD CGT a décidé de reporter son mouvement au mois de février. Le syndicat des dockers français a reporté son mouvement en raison de la censure du gouvernement. Il demande au gouvernement de revoir sa copie de la réforme des retraites appliquée aux ouvriers dockers. Le nouveau premier Ministre, François Bayrou, doit prononcer son discours de politique générale à l’Assemblée nationale le 14 janvier. Il n’est pas encore décidé s’il demandera un vote de confiance à l’issue de ce discours. Le syndicat ne s’est pas prononcé sur ce mouvement dans l’hypothèse d’une censure de ce gouvernement.
L’automobile peine à redémarrer
Ainsi, l’année 2025 commence avec des dossiers importants à mettre en œuvre. Elle comporte de nombreuses inconnues mais pourrait aussi voir des surprises. Dans le monde des vracs secs, notamment agricoles, l’issue du conflit entre la Russie et l’Ukraine serait une aubaine pour la reprise des trafics. Du côté des autres vracs, la croissance chinoise préoccupe. Une ombre au tableau persiste : l’automobile. Les stocks d’invendus sont importants. Or, la demande ne semble pas repartir à la hausse dans un contexte économique incertain.