Haropa Port veut verdir la logistique urbaine francilienne
Face à une logistique urbaine entièrement tournée vers la route, Haropa Port veut inciter les opérateurs à réinventer la logistique urbaine décarbonée.
La ville de Paris compte aujourd’hui environ 8 M d’habitants. Une densité géographique qui présente de nombreux défis logistiques. « Aujourd’hui la logistique urbaine parisienne est tournée à 100% vers la route. Notre défi est de changer ce modèle vers une logistique bas carbone et zéro artificialisation », explique Kris Danaradjou, directeur général d’Haropa Port en charge du développement.
De l’Est à l’Ouest de la région parisienne
Cela représente un défi de taille. Au fur et à mesure des années, la logistique parisienne s’est concentrée sur l’Est de la région. Les entrepôts logistiques se sont implanté le long des autoroutes pour être reliés aux ports. Et, face à la croissance de la demande, le foncier disponible à des prix abordables se situe dans l’Est de la région. Aujourd’hui, les choses changent. Déjà, les premiers entrepôts se déportent vers la partie occidentale de l’Île de France. Ainsi, à Limay, un centre de distribution est en cours de construction pour la desserte de Paris. À Nanterre, un bâtiment auparavant destiné au tri postal est réhabilité pour devenir un entrepôt logistique. Dans la Capitale, aux Gobelins, Segro investi dans une zone logistique.
La création de micro-hub pour la logistique urbaine
Ce virage vers une logistique urbaine bas carbone est en croissance. « Les flux logistiques ont évolué au cours des années. Après avoir constaté un départ de ces outils depuis le centre-ville vers la périphérie, la tendance s’inverse. Le développement du e-commerce incite les autorités à faire revenir les outils logistiques au cœur de la cité mais de façon différente », explique Christophe Ripert, vice-président d’Afilog et directeur général délégué à la logistique urbaine chez Quartus. Et pour continuer dans cette logique, il rappelle la création de « micro-hub ».
Le reconditionnement des immeubles à destination d’entrepôts logistiques
Ainsi, si chaque métropole doit adapter sa logistique à son espace, en Ile de France, ce sont des immeubles reconditionnés pour accueillir des activités dédiées. Ces sites servent en majorité aux filières de la messagerie urbaine, des CHR (café, hôtellerie et restauration) et de la distribution. Au total, Quartus dispose d’une trentaine de projets dans ses cartons. « Le retard de ces projets vient des recours juridiques infondés », indique Christophe Ripert. Des procédures judiciaires qui ne traitent pas du fond mais de la forme, rappelle le directeur général délégué.
La verticalisation des immeubles pour la logistique urbaine
Cependant, l’espace est restreint dans la région. Pour répondre à la demande, Quartus développe des projets par verticalisation. Il s’agit de répartir les activités logistiques dans des étages, voire en sous-sol. L’exemple de Segro, aux Gobelins. L’ancienne gare est transformée avec une partie de l’activité en sous-sol. « Le code du travail est plus contraignant lorsque le travail s’effectue à plus de 6 m sous le sol. Nous devons adapter notre activité à cette contrainte. » Le même projet se développe aux Champs Élysées pour approvisionner les magasins.
Une logistique en étage au droit de la Seine
Pour approvisionner la Capitale, d’autres sociétés n’hésitent pas à s’éloigner du centre-ville. Ainsi, Goodman France construit un projet d’immobilier logistique à Gennevilliers. Il présente plusieurs atouts. D’une part, la proximité du terminal à conteneurs de Gennevilliers lui permet de recevoir les marchandises en conteneurs directement par voie fluviale depuis Le Havre. D’autre part, en construisant cet immeuble au droit de la Seine, cela permet d’expédier les volumes par fluvial au cœur de la cité. Enfin, sur le site le bâtiment en rénovation dispose de plusieurs étages. « Nous aurons des logistiques adaptées en fonction des trafics. Les marchandises lourdes dans les étages du bas. Celles plus légères seront dispatchées dans les étages du haut », explique Philippe Arfi, directeur général de Goodman France.
Absorber le surcoût d’un immeuble en étage
Prévoir un bâtiment logistique avec des étages a un coût. Or, en moyenne, l’immobilier logistique entre à hauteur de 5% du coût de la chaîne. Goodman trouve un équilibre entre le coût immobilier et celui de la prestation. « Nous avons réduit certains coûts », explique Philippe Arfi sans donner les postes concernés par ces réductions. Au total, le site s’étendra sur 80 000 m2. La société travaille sur ce projet depuis juin 2021. Quatre années au cours desquelles Goodman a épuisé les recours juridiques. Les premiers coups de pioche sont prévus dans les prochaines semaines.
Le e-commerce, troisième trafic du port de Paris
Alors, après Franprix et Ikea, Paris adapte sa logistique. La desserte de la ville par voie fluviale s’intensifie. Hier, elle portait sur les trafics pour le BTP. Aujourd’hui, elle intègre aussi le e-commerce. « Cette filière intervient comme le troisième trafic du port de Paris derrière les produits agricoles et les produits pour le BTP. Elle se développe », nous a confié Antoine Berbain, directeur général de Haropa Port chargé de la multimodalité. De plus, avec les ports de Limay, Gennevilliers, Bonneuil sur Marne et maintenant Bruyères sur Oise, l’Ile de France a tous les atouts pour devenir un exemple de logistique urbaine décarbonée.