Mali : entre hésitations et maintien des services par les armateurs
La situation sécuritaire du Mali inquiète les opérateurs logistiques. CMA CGM et MSC naviguent entre hésitations et maintien des services.
La situation sécuritaire du Mali inquiète les opérateurs logistiques. Le pays est confronté à un blocus de la capitale, Bamako. Le JNIM, groupe affilié à Al Qaïda, empêche les livraisons dans la ville. La situation est devenue compliquée pour les citoyens.
Un blocus des approvisionnements en essence
Selon certains opérateurs, le blocus du JNIM vise surtout les approvisionnements en essence. « Il s’agit de bloquer l’économie malienne », nous a confié un transitaire. Le gouvernement est pris en étau. D’un côté, il doit composer avec les groupes religieux. D’un autre côté, la population demande à maintenir les approvisionnements. Le gouvernement appelle à l’unité nationale quand l’opposition souhaite un « réveil démocratique ».
Les pénuries perturbent les chaînes logistiques
Ainsi, face à cette situation de plus en plus tendue, les opérateurs logistiques s’interrogent sur la position à tenir. En premier lieu, le groupe CMA CGM a décidé d’interrompre ses liaisons vers le Mali, dès le 4 novembre. L’armement dispose de liaisons depuis Dakar mais aussi les autres ports de la sous-région, comme Abidjan, Tema, Conakry. L’armement marseillais craint pour la vie de ses partenaires routiers. De plus, la pénurie de carburant dans le pays perturbe les opérations logistiques.
CMA CGM retourne à Bamako
Cependant, deux jours plus tard, le 6 novembre, l’armement est revenu sur sa position. « Après des discussions sur les conditions logistiques des produits depuis les quatre ports de la région qui servent de porte d’entrée aux importations maliennes, c’est une réunion au ministère malien des Transports qui a convaincu CMA CGM de poursuivre le convoyage des marchandises vers Bamako », écrit RFI le 7 novembre. Depuis lors, les opérations reprennent depuis les ports d’Afrique de l’Ouest.
MSC maintien la suspension des services
Le groupe suisse, MSC, reste ferme. Le 6 novembre, l’armement de Genève indique dans un communiqué que ses opérations sont interrompues « sine die ». Il argumente cette décision. « En raison des défis opérationnels causés par les conditions de sécurité et la pénurie d’essence, les flux routiers pour le Mali sont temporairement suspendus. » Le 17 novembre, cette suspension n’est pas levée.
Des solutions pour les bookings en cours
En effet, depuis le 6 novembre, MSC n’accepte plus de réservations pour le Mali « jusqu’à la résolution de la situation. Cette mesure s’applique à tous les ports de déchargement comme Abidjan, Dakar, Tema, Lomé et Conakry. » Pour les conteneurs dont la réservation est intervenue avant le 6 novembre, MSC propose trois solutions. D’une part, il peut décharger le conteneur au port de déchargement ou à son lieu de livraison. D’autre part, il accepte de suspendre le transport de la marchandise et de la stocker à terre pour l’acheminer ultérieurement. Enfin, il propose de stocker la marchandise pour le compte du donneur d’ordre « dans tout lieu ou port que MSC jugera sûr et pratique aux frais du chargeur. Un stockage qui pourra se faire jusqu’à un retour de la situation normale au Mali ».
Mærsk reste silencieux
Enfin, Mærsk, le troisième pilier des dessertes ouest africaines ne donne aucune information officielle sur la situation. L’armement danois n’a diffusé aucun document pour suspendre ou maintenir ses opérations logistiques depuis les ports vers le Mali. Cet incident malien fait réagir. Dans un post sur Linkedin, Fatoumata Cissé, experte en chaînes logistiques, tire les leçons des décisions des armateurs. « Cette situation illustre l’opportunité pour les entreprises africaines de renforcer leurs capacités logistiques internes : diversification des routes, coopération régionale et réduction de l’exposition aux ruptures globales. » Elle appelle à des alliances pour anticiper ces ruptures. De plus, elle défend l’idée de ne pas dépendre d’un seul corridor ni d’un seul opérateur. Enfin, elle souligne la nécessité de « valoriser la logistique comme levier de croissance et non comme un simple support de production. »

