Corridors et logistique

Automobile : les perturbations industrielles limitent les exportations

La publication des résultats financiers semestriels des deux principaux armements maritimes rouliers, Wallenius Wlihelmsen Logistic et Hoegh Autoliners, reflètent un marché automobile affecté par la pénurie de pièces et la baisse de la demande.

Le marché automobile mondial reste encore largement affecté par des perturbations d’ordre industriel. La pénurie des semi-conducteurs et de matières premières produites en Russie et en Ukraine impactent la production. Le marché des engins de chantiers et agricoles a sauvé le semestre.

Une hausse du chiffre d’affaires

Des conditions de marché qui n’ont pas influencé les bilans financiers semestriels des deux principaux armements européens, Wallenius Wlihelmsen Logistic (WWL) et Hoegh Autoliners. En effet, l’un et l’autre affichent une hausse de leur chiffre d’affaires et de leur résultat opérationnel (Ebitda).

Des Ebitda en forte hausse

Dans ces contexte, WWL enregistre une progression de 29% de ses revenus sur les six premiers mois de l’année à 2 339 M$. Dans le même temps, son Ebitda augmente de 106% à 620 M$. Pour sa part, Hoegh Autoliners constate une hausse de 31,1% à 585 M$. L’Ebitda de l’armement s’établit à 177 M$, en progression de 121,2%.

La progression des taux de fret

Ces améliorations des revenus financiers tiennent en premier lieu à la hausse des taux de fret. Hoegh Autoliners indique un taux de fret légèrement supérieur à 60$/m3. Un marqueur qui s’affiche en croissance depuis le troisième trimestre 2021. À cette époque, il s’estimait aux environs de 49$/m3.

Une baisse des ventes de véhicules légers

Le marché automobile a connu, sur les six premiers mois de l’année, un ralentissement. Selon le rapport intérimaire de WWL, les ventes de véhicules légers ont baissé de 5,6% entre le premier et le second trimestre. Cette baisse est d’autant plus importante à comparer entre le premier semestre 2022 et celui de 2021. Une diminution de 13%. Parmi les raisons invoquées par WWL, les confinements en Chine et les perturbations dans l’approvisionnement en pièces détachées notamment en Europe et Amérique du Nord.

L’effet indirect du conflit entre l’Ukraine et la Russie

La pénurie des semi-conducteurs demeure. Elle entraîne une baisse des stocks des véhicules dans les concessions. Le conflit entre la Russie et l’Ukraine n’a pas un effet direct sur la fourniture de véhicules, n’étant pas, l’un et l’autre, des exportateurs et importateurs importants sur le marché. Néanmoins, ce conflit a des répercussions sur la production du néon et du palladium, des gaz essentiels pour la production des semi-conducteurs.

Des stocks au plus bas

Du côté de la demande, les premiers chiffres de ce semestre semblent montrer un intérêt plus mesuré par les consommateurs pour des véhicules neufs. L’inflation, des taux d’intérêt élevés et une baisse des revenus des ménages n’incitent pas à changer de voiture. Paradoxalement, les stocks de véhicules sont au plus bas. Ils ont vendu toutes les voitures produites.

Un regain sur le marché de l’occasion

Pour Hoegh Autoliners, la baisse de volumes du marché automobile tient plus aux contraintes liées aux pénuries de pièces détachées qu’à une demande en baisse. Certains marchés automobiles demandent parfois une année pour disposer d’un véhicule entre sa commande et sa livraison. Alors, le manque de véhicules en stock et la maturité des marches nord-américains et européens a amené un regain d’intérêt pour les véhicules d’occasion. « Cela a réduit les lots pour l’exportation depuis ces marchés et augmenté les exportations depuis le Japon et la Corée du Sud », souligne dans son rapport semestriel Hoegh Autoliners.

France: l’électrique hors du marasme

Cette situation mondiale, le marché français la vit. Dans son analyse semestrielle, AAA Data explique que « la baisse se poursuit sur le mois de juin comme sur l’ensemble de ce premier semestre 2022. Les pénuries continuent à perturber la production de voitures neuves et même l’occasion apparaît durablement engagée sur une pente négative. Seules les motorisations électriques et hybrides parviennent à endiguer cette chute globale. » Sur le semestre, la baisse des immatriculations en France atteint 16,3% par rapport à 2021 et 33,1% par rapport au premier semestre 2019. Ce marasme des ventes de véhicules neuves ne touche pas les véhicules électriques qui affichent une progression de 5% en France et pèsent désormais 13% du parc automobile national.

Hausse de 1,6% du High & Heavy

Autre marché phare de ce secteur du roulier, les colis lourds et engins roulants affichent une bonne santé, selon WWL. La croissance globale de ce marché est estimée à 1,6% sur le semestre pour atteindre un niveau record. Une croissance généralisée sauf pour l’Europe, précise l’armement suédo-norvégien. La filière du BTP a connu une forte progression aux États-Unis sur le semestre. Le mois de juin a cependant enregistrer une forte baisse d’activité, en raison de la hausse des taux d’intérêt. En Europe, l’inflation et les incertitudes sur l’économie ont pesé sur l’activité.

Les engins agricoles subissent la pression du marché

Quant aux engins destinés à l’exploitation minière, ils enregistrent une progression de 25,9% sur le semestre. Ce secteur a profité d’une activité soutenue malgré un recul important des prix des métaux au cours du semestre. Les engins agricoles ont quelque souffert au cours du semestre avec une baisse de 4,1% des volumes transportés. La hausse des prix de l’énergie et des intrants comme les engrais laissent planer des incertitudes sur les marges que les agriculteurs pourront tirer de leurs productions.

Les perturbations opérationnelles demeurent

Du côté de l’offre, la flotte des navires rouliers avec une capacité de plus de 1000 CEU (Car Equivalent Unit) s’élève à 699 unités. Cette flotte propose une capacité de 3,93 MCEU. Au cours du deuxième trimestre de l’année, un seul navire a été délivré et aucun n’a été recyclé. Le carnet de commandes pour les navires de plus de 4000 CEU s’élève à 75 unités, soit 13% de la flotte mondiale précise WWL.  De son côté, Hoegh Autoliners indique que « l’utilisation de la flotte a été améliorée au cours du deuxième trimestre 2022 grâce à des navires pleins et une activité faible dans l’affrètement, en raison d’une offre limitée. » Néanmoins, pour l’armement « les perturbations opérationnelles demeurent un élément essentiel pour réguler la capacité dans le marché. »