Corridors et logistique

Céréales : la France a tiré son épingle du jeu pendant l’été

France AgriMer a publié le 14 septembre, ses prévisions pour la campagne céréalière 2022/2023. La campagne actuelle s’ouvre avec en toile de fond le conflit entre l’Ukraine et la Russie. Le ferroviaire et l’ouverture des corridors logistiques permettent à l’Ukraine de garder une présence sur les marchés internationaux mais la France a su se placer au cours de ces premiers mois.

Au cours de sa réunion mensuelle de septembre, France AgriMer a dressé un premier bilan de la nouvelle campagne céréalière. La production mondiale de blé tendre s’affiche en baisse par rapport à 2021, indique le CIC (Conseil international des céréales). Elle s’établie à 745,1 Mt, en baisse de 0,7% d’une année sur l’autre. Un chiffre qui a été revu à la hausse depuis le mois de juillet en raison de la bonne production au Canada, en Chine, en Russie et aux États-Unis.

Les exportateurs augmentent leurs prévisions

Cette campagne sera marquée par les évolutions des flux. Le conflit entre l’Ukraine et la Russie a perturbé la fin de la campagne 2021/2022. Il devrait peser de la même façon sur la campagne en cours. Les principaux pays exportateurs demeurent les mêmes d’une campagne à l’autre. La Russie conserve son premier rôle avec 36,3 Mt devant l’Union européenne avec 34,5 Mt et l’Australie avec 23,8 Mt. Tous ces pays tablent sur des exportations supérieures à la moyenne quinquennale.

Les efforts logistiques de l’Ukraine ne suffisent pas

Seule l’Ukraine voit ses prévisions d’exportation en baisse par rapport à la moyenne des cinq dernières années avec 13 Mt, contre 17,8 Mt lors des cinq dernières années. Sur les bords de la mer Noire, la situation reste tout aussi critique. Certes, les chargements par train vers les ports roumains et bulgares continuent à un rythme compris entre 20 000 t et 92 000 t par jour. Des trafics qui restent malgré tout inférieurs aux flux réalisés ces dernières années. Malgré les efforts logistiques réalisés, le cumul sur ces deux premiers mois de campagne atteint 2,1 Mt, grâce aux corridors logistiques mis en place par les Nations Unies. Des flux en nette baisse par rapport à la moyenne quinquennale qui s’élève à 7,3 Mt pour les deux premiers mois.

Russie : baisse des exportations par rapport à la moyenne quinquennale

Pour sa part, la Russie est aussi pénalisée par le conflit. Les volumes à l’exportation sur les deux premiers mois de la campagne céréalière du blé, du maïs et de l’orge sont évalués à 5,9 Mt, contre 8,7 Mt pour la moyenne quinquennale. Pour les observateurs du marché céréalier, la Russie pourrait garder une position de choix avec un prix du blé compétitif à l’exportation, « jusqu’à l’arrivée des blés des pays de l’hémisphère sud comme l’Argentine et l’Australie », note France AgriMer.

Les exportations ukrainiennes sont destinées au Moyen-Orient

L’accord sur les corridors logistiques a permis d’exporter par les trois ports ukrainiens d’Odessa, Chornomorsk et Yuzni des volumes conséquents. Au total, le 12 septembre, 2,7 Mt de céréales ont quitté les ports ukrainiens. L’Union européenne a bénéficié du tiers de ces exportations quand le Moyen-Orient a réceptionné 44% de ces flux, l’Afrique 9% et l’Asie 14%. Cette répartition des expéditions de blés ukrainiens est critiquée par le gouvernement russe.

Hausse des exportations de blé tendre

En France, les exportations de blé sont attendues en progression de 1,9% à 17,2 Mt. Les exportations vers les pays tiers devraient progresser de 13,8% à 10 Mt sur la campagne quand les expéditions vers les pays de l’UE sont attendues en baisse de 11% par rapport à la campagne précédente à 7,1 Mt. Les blés français sont prévus en nette progression sur le Maroc et l’Algérie.

Orges : baisse des expéditions vers les pays tiers

De plus, des pays comme le Pakistan s’approvisionnent en France. Les inondations intervenues en septembre ont ravagé les récoltes locales et le pays s’est tourné vers les marchés internationaux, dont la France. Pour les orges, les exportations françaises devraient perdre 10,7% à 5,5 Mt. Des flux qui seront en baisse sur les pays tiers sans que les hausses des trafics avec l’UE puissent les compenser.

Diminution de la présence de la Chine

Les expéditions d’orges vers les pays tiers perdent une part importante de leurs flux en raison de la bonne production chinoise. L’Empire du milieu s’est approvisionné au cours de ces dernières années en partie sur le marché français tant pour les orges que le blé. La récolte 2022 permet au gouvernement de diminuer sa dépendance au marché international.

La situation sera évolutive sur la fin de cette année

Sur les deux premiers mois de la campagne, la France a joué un rôle déterminant sur les marchés internationaux en exportant une grande quantité de sa production. Elle profite d’une demande mondiale forte, de l’absence partielle de l’Ukraine, des expéditions russes limitées sur ces deux mois et de contrats internationaux qui demandent des taux de protéines plus faibles. « La situation va être évolutive sur les prochains mois, indique Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre de France AgriMer. D’une part, la Russie pourrait accentuer son offre sur les marchés internationaux. D’autre part, l’arrivée des blés de l’hémisphère sud pourraient changer la donne. Enfin, il faudra aussi compter sur la présence importante du Pakistan qui devrait augmenter sensiblement ses approvisionnements ».