Corridors et logistique

Charbon : la Chine s’approvisionne en partie en Russie

Dans son rapport hebdomadaire du 10 septembre, le courtier en affrètement italien Banchero Costa dresse un bilan du trafic de charbon vers la Chine sur les huit premiers mois de l’année. La Russie a su se placer sur le second marché mondial.

Sur les huit premiers mois de l’année, le trafic de charbon dans le monde a progressé de 2,2% à 784,9 Mt. Une croissance qui ne permet pas de revenir sur les niveaux de 2019, constate le courtier en affrètement Banchero Costa. En effet, en 2019, le trafic de charbon s’établissait à 853,6 Mt sur les huit premiers mois de l’année.

Un deuxième trimestre meilleur

Au cours de cette année, les trafics de charbon ont démarré faiblement. Le retard accumulé pendant ces mois a été largement rattrapé pendant les derniers mois. Le premier trimestre affiche une baisse de 5,1% à 258,5 Mt. Le deuxième trimestre a été meilleur avec une hausse de 7,7% du trafic maritime à 314 Mt. Ensuite le mois d’août a été marqué par une importante progression avec 109,5 Mt. Ce mois-ci affiche une augmentation de 22,1% par rapport à 2021 et de 3,3% par rapport à 2019.

Des trafics décevants

Parmi les importateurs de charbon, la Chine occupe une place de choix pour alimenter ses usines mais aussi ses centrales électriques. Or, le gouvernement de Pékin a décidé de devenir plus « vert » dans sa production électrique en réduisant la part des centrales thermiques dans son mix énergétique. Dans ces conditions, « les flux destinés à la Chine ont été décevant sur ces huit premiers mois », indique le courtier en affrètement.

134 Mt vers la Chine

Ainsi, de janvier à août, la Chine a importé 134 Mt. Des flux en baisse de 18,6% en un an, indique Banchero Costa. En effet, en 2021, les négociants chinois ont importé 163,6 Mt. Une diminution encore plus criante par rapport à la période prépandémique de 2019 au cours de laquelle la Chine a acheté 178,1 Mt de janvier à août.

Hausse des importations au deuxième trimestre

Comme pour le marché mondial, le début de l’année a été plus faible. Sur les trois premiers mois, la Chine a importé 38,8 Mt, soit 35% de moins que l’an passé. Au deuxième trimestre, l’Empire du milieu a importé 49,2 Mt, soit 26,6% de plus qu’au premier trimestre mais toujours en retrait par rapport à 2021 de 16,6%. En juillet, ce sont 23,1 Mt de charbon qui ont été importées. Un chiffre qui tangente le record d’août 2021 qui affichait 24,1 Mt.

Augmentation de la production électrique

Ce retour de la Chine sur les marchés internationaux s’explique, selon Banchero Costa, par la vague de chaleur qui a touché le sud et l’ouest du pays. Les centrales thermiques ont augmenté leur production pour répondre à la demande d’électricité pour les climatisations. Il a aussi fallu compenser le manque de production électrique des centrales hydrauliques.

La Chine, second importateur mondial

Avec ces chiffres, la Chine se positionne en seconde place des importateurs de charbon derrière l’Inde. Pékin pèse 17,3% des flux de charbon quand l’Inde représente 18,3%. Le troisième importateur mondial de charbon est le japon qui totalise 15% des flux mondiaux.

L’Indonésie, premier fournisseur de la Chine

L’Indonésie demeure toujours le premier fournisseur de charbon pour le marché chinois. Sur les huit premiers mois, elle a assuré 57% des entrées de charbon en Chine. Un flux qui reste malgré tout en baisse d’une année sur l’autre puisque l’Indonésie voit ses expéditions perdre 23,1% d’une année sur l’autre à 76,4 Mt.

La Russie en seconde position

Le second marché à fournir les centrales chinoises est désormais la Russie qui entre pour 24,8% des approvisionnements chinois. Les expéditions russes vers la Chine ont augmenté de 19,9% en un an à 33,2 Mt. En 2021, la Russie exportait 27,7 Mt vers la Chine. Cette progression de la Russie dans les approvisionnements chinois a atteint un pic en juillet avec 7,4 Mt, soit 81,1% de plus que le même mois de l’année passée. En août, la Chine a importé 5,9 Mt depuis la Russie. Si, sur ce mois, la progression par rapport à 2021 se maintien avec une progression de 38,8%, les importations russes en Chine marquent le pas.

Un charbon de meilleure qualité

La Chine s’est approvisionnée en masse auprès de la Russie au cours de cette année. Elle a cherché à acheter du charbon russe en raison de sa qualité énergétique et de sa meilleure efficacité dans la production électrique. De plus, la présence de la Russie dans les importations de charbon en Chine s’explique aussi par les sanctions européennes. En se détournant du charbon russe, les Européens ont laissé le champ libre à la Chine.

Le charbon russe meilleur marché

L’absence de l’Europe sur le marché du charbon russe a incité la Chine et l’Inde à se tourner vers ce marché. Mais, l’arrivée de la Chine et de l’Inde sur le marché russe a entraîné une hausse du prix du charbon local malgré l’absence des pays de l’Union européenne. « Le charbon russe reste encore meilleur marché que du charbon de même qualité produit localement en Chine ou en Inde », indique le courtier Banchero Costa. Le charbon de 5 500 kcal s’évalue à 155$/t en sortie de Russie.

États-Unis, en baisse de 49,8%

La Chine importe aussi du charbon depuis les États-Unis. En 2022, le charbon étatsunien a pesé 3,5 Mt, soit 49,8% de moins que l’année passée qui avait vu un trafic de 7 Mt en 2021. Même son de cloche depuis l’Afrique du Sud qui voit ses trafics baisser de 38,8% à 5,3 Mt. En 2021, la Chine importait 8,7 Mt depuis l’Afrique du Sud.

L’Australie, grande perdante du marché chinois

L’Australie a été le principal perdant sur ces flux. En 2020, Canberra exportait 60 Mt vers la Chine. Sur les huit premiers mois de l’année, le pays a exporté environ 2 Mt vers la Chine. L’Australie fait les frais de ses positions diplomatiques sur les droits de l’homme. Enfin, le Canada et le Mozambique pèsent chacun 5 Mt environ en 2022. Des flux qui restent stables d’une année sur l’autre.