Corridors et logistique

Ferroviaire : l’été difficile du réseau allemand

L’Allemagne aura connu un été difficile pour sa filière ferroviaire. Après les inondations survenues en fin du mois de juillet, ce sont deux mouvements sociaux des conducteurs qui ont touché le réseau d’Outre-Rhin.

Le ferroviaire allemand aura connu un été 2021 pour le moins atypique. Le 23 août, les cheminots ont appelé à une grève de 48 heures. Un second mouvement après celui du 11 août. Jamais deux sans trois dit le proverbe. En effet, en juillet, le réseau ferroviaire allemand a subi de graves dommages après les inondations.

Des revendications salariales

Le mouvement social entamé le 23 août pour 48 heures, lancé par le principal syndicat des cheminots allemands, est intervenu pour des revendications salariales. Le syndicat GDL (Gewerkschaft Deutscher Lokomotivführer) et la direction de la Deutsche Bahn négocient actuellement sur la convention collective du pays et les augmentations salriales.

Un mouvement qui va peser

Or, la crise sanitaire a durement touché les comptes financiers de l’opérateur ferroviaire allemand. Le manque à gagner est important. Outre la revendication pour les hausses de salaire, les conducteurs de train dénoncent la baisse de 50€ par mois de leurs pensions de retraite complémentaire. La direction déplore ce nouveau mouvement qui va peser sur l’organisation des trains pour les passagers et le fret.

Un premier mouvement le 11 août

Déjà, le 11 août, GDL a mené un premier mouvement social de 48 heures devant des négociations qui n’avançaient pas. Parmi les revendications du syndicat se retrouve une augmentation de 3,2% des salaires et une prime pour les efforts menés pendant la crise sanitaire. Dans un entretien avec la ZDF, le patron de la DB a indiqué être proche d’un accord avec le syndicat. Il demande un peu de temps pour rejoindre les revendications syndicales.

Inondations du 21 juillet: un réseau à refaire

En effet, si la crise sanitaire a touché l’opérateur privé ferroviaire en 2020 et sur les premiers mois de 2021, les fortes pluies du mois de juillet ont aussi causé des dégâts importants sur le réseau. Le 21 juillet, l’Allemagne a été touché par des orages importants. Le pays a enregistré environ 200 morts. Le réseau ferroviaire a aussi été endommagé par ces inondations. Selon la direction du groupe, ce sont environ 1,3 Md€ que l’opérateur devra payer pour remettre en état le réseau.

L’autre syndicat attend de voir

L’autre syndicat de cheminot allemand (EV) a d’ores et déjà signé un accord avec la direction de la DB. Son responsable a déclaré qu’il n’hésiterait pas à revenir à la table des négociations si le syndicat GDL obtenait de meilleures conditions. La loi allemande prévoit qu’en cas d’accords différents signés entre les syndicats, c’est celui du plus important qui s’applique. Or, à la Deutsche Bahn, le principal syndicat de cheminot est EV. Dans un courrier du 6 août, Sud Rail (syndicat français) a souligné que la direction «  applique la loi dans sa propre entreprise depuis avril retirant de fait à GDL une importante part de son influence ». Le syndicat français a apporté son soutien aux cheminots de GDL.

Un contexte de forte demande dans le fret

Mouvement social et destruction d’une partie du réseau interviennent dans une situation où le fret a besoin de tous ses éléments pour répondre à la demande. La croissance économique enregistrée depuis le début de l’année a entraîné une forte progression des trafics dans les ports. En Allemagne, le fluvial prend une grande partie du fret terrestre avec le ferroviaire. Or, le port de Hambourg a connu une congestion pendant quelques jours au premier semestre. Des navires se sont détournés pour pouvoir décharger leurs conteneurs. Le mouvement social des conducteurs de train risque d’aggraver la situation.

Pas de réactions intempestives

Ces deux mouvements sociaux de 48 heures n’ont pas amené les mêmes débats qu’en France. Lors du mouvement social de décembre 2019 et janvier 2020, de nombreux commentateurs ont appelé à créer un service minimum pour les passagers et le fret. Outre-Rhin, les choses semblent plus consensuelles. Peu de voix s’élèvent pour réclamer cette obligation.