Dunkerque Port : une année 2022 en progression
Avec 49 Mt, le GPM de Dunkerque affiche une progression de ses trafics de 1,5%. Une augmentation tirée par les importations de GNL. Du côté des investissements, Dunkerque Port a vu sortir de terre plusieurs bâtiments logistiques pour appuyer sa diversification.
Dans le nord, le GPM de Dunkerque a bénéficié d’une demande nationale en gaz pour voir son trafic progresser. La crise en Ukraine et les sanctions contre la Russie ont amené les opérateurs français à constituer des stocks importants de gaz naturel liquéfié (GNL) pendant l’été pour faire face à une demande en électricité quand le parc nucléaire est en pleine maintenance.
Progression de 150% du GNL
Dans ce contexte, les terminaux méthaniers français ont fait le plein. Celui de Dunkerque, Dunkerque LNG, n’échappe pas à la règle. Ainsi, au cours de l’année, le port septentrional a vu son trafic de GNL progresser de 150% à 10 Mt. Une augmentation en tonnage qui se traduit par une hausse du nombre d’escales de navires méthaniers passant de 62 navires à 142 navires. Cette performance du trafic de gaz a compensé les diminutions des hydrocarbures. En effet, ces derniers ont perdu 8% à 3,4 Mt. Finalement, les trafics de vracs liquides gagnent 60% à 13,9 Mt.
La fin de Seabulk, le début de DBG
Du côté des vracs solides, le trafic affiche une baisse générale de 18% à 16,2 Mt. Cette diminution tient, principalement, à l’arrêt de l’activité de Seabulk sur le QPO (Quai à Pondéreux ouest) spécialisée sur les minerais et le charbon. Ainsi, les trafics de charbon ont perdu 14% à 2,9 Mt et ceux de minerais 23% à 8,5 Mt. Outre l’arrêt du QPO, la conjoncture économique difficile de la sidérurgie en Europe a ralenti les importations directes sur les sites d’ArcelorMittal. L’activité a été reprise par DBG pour y traiter des vracs solides de tous types. Quant aux céréales, elles terminent l’année calendaire sur une baisse de 4% à 2,2 Mt. La direction du port note malgré tout à la bonne tenue des volumes sur le second semestre, grâce à une récolte de qualité et une demande en hausse.
Roulier : baisse sur la Grande-Bretagne, stabilité vers l’Irlande
Enfin, la troisième catégorie de courant, les marchandises diverses, terminent l’année 2022 sur une diminution de 5% à 18,9 Mt. Ce courant se compose du trafic roulier sur la Grande-Bretagne et l’Irlande et des flux conteneurs. Concernant le premier volet, l’activité fret du roulier s’affiche en baisse de 18% à 468 000 unités. D’une part, les effets du Brexit et les difficultés économiques de la Grande-Bretagne impactent cette activité. Quant aux volumes avec l’Irlande, « le service a connu une année de consolidation », souligne la direction du port.
Conteneurs : dix ans de croissance
Quant aux conteneurs, ils continuent leur progression. En 2022, Dunkerque Port a traité 745 000 EVP, soit une progression de 14% sur les douze mois précédents. Surtout, continue le port, cette progression confirme la tendance engagée depuis dix ans. Bien plus, sur les deux dernières années, Dunkerque Port a gagné 62% sur les trafics conteneurisés, « la plus importante du range nord européen », rappelle le port.
Investissements : une enveloppe de 80 M€
Au global, Dunkerque Port a vécu l’année 2022 avec résilience face aux crises et aux perturbations logistiques. Un contexte économique parfois difficile qui n’a pas empêché la direction du port de continuer à investir pour l’avenir. Après les années de pandémie, Dunkerque Port a quadruplé son montant d’investissement. En effet, des 20 M€ investis en 2020, le port septentrional a alloué une enveloppe de 80M€ en 2022. « Et les investissements prévus ont été réalisés à 95%. Cette enveloppe permet de rattraper les années de crise », a indiqué Maurice Georges, président du directoire de Dunkerque Port.
Continuer les études pour Cap 2020
Cette enveloppe d’investissements a été consacrée à la sécurisation des accès au terminal transmanche, le verdissement du réseau, la digitalisation à hauteur d’environ 10 M€. Une enveloppe de 40M€ a permis de continuer les études pour la préparation du projet de Cap 2020 et les travaux sur le réseau ferré. Une dernière partie de l’enveloppe, environ 25 M€, a été dédiée à la maintenance du patrimoine portuaire.
DLI, déjà 43 770 m2 de réserver
Des investissements publics qui se combinent avec ceux en provenance du privé. Ainsi, dans la zone DLI (Dunkerque Logistique International), le label « choose France » a permis de réserver un espace de 70 hectares qui seront habillés avec 400 000 m2 d’entrepôts. Déjà, 43 770 m2 portés par la SDAN, société de développement de l’axe nord. Face à la demande en capacités logistiques, le port travaille déjà sur le projet de DLI 2. Il prévoit de lancer les études pour une zone de 150 hectares, soit le double de la première zone.
Un transtockeur pour 68 000 palettes
Pour rester dans le développement logistique, il est prévu de construire un transtockeur avec une capacité de 68 000 palettes. Cet outil permettra de traiter des produits sous température dirigée. Le port traite chaque année, environ 70 000 EVP de fruits et légumes. Des trafics qui sont portés par les importations de 56 millions de bananes depuis les Antilles mais aussi des produits en provenance d’Amérique latine, Costa Rica et Colombie.
Augmenter la capacité des silos céréaliers de 50%
Encore, les travaux de comblement de la darse du QP2 et la livraison d’une plate-forme de 0,9 hectares pour Nord Céréales va permettre à l’opérateur céréalier de Dunkerque de construire des silos verticaux d’une capacité de 40 000 t. Ces travaux permettront d’augmenter de 50% la capacité céréalière du port.
Développer de la logistique urbaine sur le port
Du côté du Port est, le port a initié un projet de logistique urbaine sur le môle 2, avec un objectif de consolider le lien entre la ville et le port. En effet, le port a lancé un appel d’offres remporté par Idec qui construira un entrepôt dédié à cette logistique du dernier kilomètre doté d’un quai pour des petits navires voire des barges. Cet entrepôt disposera de cellules de 1000 à 1500 m2. Au total, le projet prévoit un entrepôt en étage avec une emprise au sol de 5 000 m2.
Cap 2020 : les premiers coups de pioche pour la fin 2024
La stratégie du port ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Il prévoit de continuer son action pour le financement de son projet Cap 2020, dédié aux conteneurs. Le projet est estimé à 400 M€. Après une année 2022 consacrée aux études, l’année en cours doit être celle du bouclage du dossier pour pouvoir commencer les travaux en fin d’année 2024. Il est prévu d’ajouter un linéaire de quai de 1000 m à l’actuel terminal à conteneurs.
Terminal de ferroutage : deux à trois trains dans les quatre ans
Enfin, s’agissant des dessertes terrestres, l’année 2022 a vu la fin des travaux d’extension du terminal ferroviaire qui permet de développer la desserte ferroviaire du port. Pour être connecté au réseau européen, le port a lancé un appel à manifestation d’intérêt en 2022 pour créer un terminal de ferroutage. « Nous sommes en négociation avec la dernière société sélectionnée », précise Maurice Georges. L’objectif du port est de disposer de deux à trois trains par jour dans un horizon de quatre ans. Ce terminal de ferroutage se situerait entre le terminal à conteneurs, le terminal transmanche et la zone DLI. Au cœur de l’activité logistique du port.