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Manutention portuaire à Cotonou: la dissolution de la Sobemap s’inscrit dans la modernisation du port

Le 30 novembre, le conseil des ministres de la République du Bénin a décidé de la dissolution de la Sobemap. L’objectif est de moderniser la manutention dans le Port autonome de Cotonou en accordant la manutention des terminaux polyvalent et vraquier à une société mixte. Armand Hounto, expert en économie maritime et logistique portuaire, nous livre son analyse.

La Sobemap, Société béninoise des manutentions portuaires, vit ses dernières heures. Lors du conseil des ministres du Bénin le 30 novembre, le gouvernement a décidé de dissoudre cette société. Pour le gouvernement de Cotonou, « la modernisation du port de Cotonou conduit à la réorganisation des activités portuaires autour de trois principaux terminaux : le terminal polyvalent, le terminal à conteneurs et le terminal vraquier ». Cette nouvelle structure aura la charge du terminal polyvalent et du terminal vraquier. Le terminal à conteneurs du port de Cotonou est concédé au groupe Bolloré.

Créer une société sur les cendres de la Sobemap

Ainsi, pour calquer avec les évolutions du Port autonome de Cotonou (PAC), le président de la République du Bénin, Patrice Talon, continue de réformer en profondeur le système portuaire du pays. Après avoir donné en gestion le port à une société belge, Port of Antwerp International, il dissout la Sobemap. L’objectif du gouvernement est de faire renaître sur les cendres de la Sobemap une structure plus compétitive. La nouvelle entreprise sera détenue en partie par l’État et en partie par un opérateur international.

Une décision à analyser sous l’angle de la modernisation portuaire

Cette décision suscite de nombreuses réflexions. Pour Armand Hounto, expert en économie maritime et logistique portuaire, « la dissolution de la Sobemap et la création d’une nouvelle société de manutention portuaire doivent être analysées sous l’angle de la modernisation en cours au PAC. »

La Sobemap manque de compétitivité

Lors du conseil des ministres de novembre 2000, le gouvernement a expliqué sa décision par le manque de compétitivité de l’actuelle Sobemap. En effet, d’après le compte rendu du conseil des ministres, « ce faible niveau de compétitivité s’explique par son statut d’entreprise publique qui ne facilite pas la flexibilité et l’adaptation aux exigences du commerce maritime international. En cause aussi, sa trop faible capacité d’investissement qui ne lui permet pas d’adapter ses équipements aux besoins de l’industrie maritime en perpétuelle mutation. »

Garantir l’attractivité et la compétitivité du port

« Le futur manutentionnaire devra partager avec les experts, la conscience aigüe de l’évolution des enjeux et de l’équilibre des forces portuaires régionales. C’est un préalable pour garantir l’attractivité et la compétitivité du Port autonome de Cotonou », nous a confié Armand Hounto. « Plus généralement, afin de demeurer dynamique dans la concurrence portuaire régionale, le PAC devrait inclure davantage de facteurs d’efficacité, de connectivité et de performance logistique dans son programme de modernisation. » De plus, continue l’expert en économie maritime et logistique portuaire, « la rentabilité du plan d’investissement du PAC dépendra de la performance d’une politique de desserte de l’arrière-pays et de l’hinterland à élaborer.»

Dockers: déjà visé par un décret de septembre

Précisons que le 14 septembre 2022, le conseil des ministres avait acté la création d’un nouveau bureau d’embauche des dockers pour « assurer une meilleure gestion des dockers en leur offrant de meilleures conditions de travail et de vie ». Dans un article, le Matin Libre souligne que cette décision pourrait avoir des effets négatifs. « Il faudra avoir la garantie que tous les dockers en service à la Sobemap seront recrutés et mis à la disposition de la nouvelle société de manutention portuaire. Surtout qu’un accent sera mis sur la spécialisation des acteurs et leur compétitivité, il est à craindre que des emplois soient à nouveau supprimés. Si les dockers se sont toujours plaints de mauvaises conditions de vie et de travail, ils ne peuvent que se réjouir d’une amélioration de leur situation mais l’idéal reste le maintien des emplois », souligne le quotidien béninois.