Corridors et logistique

Logistique du bois : en Afrique de l’Ouest, des dirigeables pour transporter des grumes

Dans sa dernière édition, l’association internationale du commerce des bois tropicaux relève plusieurs difficultés logistiques en Afrique de l’Ouest. Pour contrecarrer ces difficultés, gouvernements et opérateurs imaginent des solutions.

Les pays exportateurs de bois tropicaux en Afrique de l’Ouest vivent des moments difficiles, selon la dernière édition de l’ITTO (International Timber Trade Organization). Ainsi, au Gabon et au Congo, les opérateurs sont confrontés aux fortes pluies. Les routes sont devenues difficilement praticables et li est devenu difficile d’assurer le rythme de production.

Deux zones industrielles et logistiques au Congo

Au Congo, les distances entre les lieux de production et le port de Pointe Noire peuvent parfois dépasser les 1400 km, rapporte ITTO. Dans les conditions météorologiques actuelles de fortes pluies, la logistique des produits forestiers vers le port subissent des retards. Cependant, la République du Congo reste attachée au développement de son industrie forestière. Alors pour favoriser cette filière, la ministre en charge des questions forestières a indiqué, lors d’un entretien, que deux zones économiques spéciales seront construites dans les prochains mois. Une décision qui vient après l’interdiction d’exporter des grumes depuis le pays pour inciter les opérateurs à apporter de la valeur ajoutée directement dans le pays. Une zone sera construite dans le nord du pays, à Oyo. Une autre sera proche de Pointe Noire. Arise IIP a signé avec le gouvernement un Memorandum pour la construction et la gestion de ces zones industrielles et logistiques.

La saison sèche au Cameroun

Un peu plus au nord, au Cameroun et en République Centre Africaine, la situation est inverse, souligne ITTO. La saison sèche court. Elle devrait durer jusqu’à la fin du mois de juin. Dans ces deux pays, le manque de carburant impacte les opérateurs routiers. Au Gabon, la situation semble aussi compliquée. Si le carburant ne manque pas, il est difficile de s’approvisionner. Un marché noir se met en place au double du prix qui est affiché dans les stations-service.

Ferroviaire: le Gabon souffre

Au Gabon, le service ferroviaire vers le port d’Owendo a été interrompu pendant plusieurs semaines en fin d’année dernière. La reprise s’est opérée lentement et émaillée de nouveaux incidents. Selon la newsletter de l’ITTO, l’opérateur du transgabonais donne la priorité aux expéditions vers les entreprises installées dans la zone économique GSEZ (Gabon Special Economic Zone). Les opérateurs qui ne disposent pas d’installations dans cette zone doivent se tourner vers le mode routier avec parfois plus de 650 km entre les lieux de production et le port. Or, les conditions d’approvisionnement en carburant impactent les coûts logistiques.

Gabon: des projets aériens

Cependant, le Gabon pourrait connaître des développements logistiques. Dans son rapport du mois de mars, le Global Timber Index Report indique plusieurs projets. En effet, lors du One Forest Summit, qui s’est déroulé au Gabon, DHL a fait savoir son intention de lancer plusieurs initiatives logistiques comme le projet Ubuntu. Il s’agit de relier le Gabon à la Chine par voie aérienne. De son côté, le groupe Rougier envisage de transporter des grumes depuis les lieux de production vers les centres de traitement par voie aérienne. Pour se faire, il a signé un Memorandum of understanding avec Flying Whale. La société propose des solutions logistiques par voie aérienne avec des dirigeables. Chaque engin peut transporter jusqu’à 60 t de grumes par voyage et assurer une livraison dans la journée. Aujourd’hui, le transport terrestre prend environ quatre jours.

Un port à Nkok

Enfin, le gouvernement du Gabon a annoncé son intention de construire un port dans la zone Nkok. Le port s’étendra sur une quinzaine d’hectares dans cette zone avec une capacité de traitement de 3000 conteneurs par mois, soit 36000 boîtes par an. Des installations qui permettront de réduire la pression que connaît actuellement le port d’Owendo.

Ghana: des baisses de trafic portuaire

Pour sa part, au Ghana, l’Association des importateurs et exportateurs s’inquiète de la baisse d’activité portuaire depuis le milieu de 2022. Les deux ports de Takoradi et Tema affichent une baisse de 20,3% en nombre d’EVP à 1,2 MEVP. En 2021, le trafic des deux ports s’élevait à 1,5 MEVP. Selon le secrétaire général de cette association, la raison de cette baisse tient à la politique fiscale mise en place par le gouvernement. L’augmentation de la TVA, la mise en place de nouvelles taxes et la hausse des coûts du transport maritime ont eu raison des trafics des ports du Ghana.

Une hausse des exportations de bois

Et pour faire mentir le responsable de cette association, les chiffres des exportations de bois sur les deux premiers mois de l’année viennent contredire ces inquiétudes. En effet, selon la Timber Industry Development Division, sur les deux premiers mois de 2023 le Ghana a exporté 45 312 m³,  soit 2,2% de plus que l’année passée. La majorité de ces exportations se compose de bois sciés, contreplaqué, boules et briquettes.