Céréales : les incertitudes sur les corridors humanitaires et les réactions européennes
Les corridors humanitaires pour l’exportation de céréales ukrainiennes pourraient s’arrêter le 18 mai si aucun accord n’intervient avant cette date. Pendant que les négociations continuent, en Europe, les pays frontaliers de l’Ukraine s’inquiètent des conditions avantageuses réservées aux produits ukrainiens.
Les menaces sur les exportations de céréales ukrainiennes ressurgissent.D’une part, la Russie menace de quitter la Black Sea Grain Initiative, et, d’autre part, les décisions de la Commission européenne d’aider les pays frontaliers de l’Ukraine à protéger sa production pèsent sur les exportations ukrainiennes. Or, au 16 mai, les corridors humanitaires ont permis l’exportation de 30,3 Mt de céréales depuis le 1er août.
Les Russes menacent l’accord
L’avenir des corridors humanitaires pour l’exportation des céréales ukrainiennes ne tient qu’à un fil. D’un côté, les Ukrainiens et les Nations Unies souhaitent que l’accord renouvelé en mars soit maintenu. De l’autre côté, les Russes menacent de mettre un terme à cet accord si aucune mesure n’est prise pour permettre les exportations d’ammoniaque.
Les Russes accusent l’Ukraine de refuser l’ammoniaque par pipe-line
Le représentant des Nations Unies, Martin Griffith, a rencontré des responsables russes, ukrainiens et turcs pendant la semaine du 8 mai sans résultats probants. La Russie accuse l’Ukraine de ne pas accepter les exportations d’ammoniaque par un pipe-line relié à un port ukrainien. Dans une dépêche de l’agence de presse Reuters, il est indiqué que le ministre ukrainien de la Restauration n’a pas commenté ces dires. Et pour le représentant des Nations Unies, l’accord de prolongation de cet accord autorisait la Russie à exporter son ammoniaque, « mais, cela n’a pas été réalisé », continue la dépêche de Reuters.
Les restrictions logistiques
Outre cette condition pour les exportations d’ammoniaque, la partie russe s’inquiète aussi des conditions logistiques d’exportation de ses céréales. En effet, les sanctions européennes n’intègrent pas les exportations de céréales russes. Ainsi, elles peuvent sortir du pays. Or, les Russes rappellent que ces trafics sont restreints. Les conditions de paiement, la hausse des primes d’assurance et les conditions logistiques restreignent ces exportations.
L’Union européenne créé des distorsions de concurrence
Côte mer Noire, la situation reste tendue. Côté européen, elle créé des distorsions de concurrence entre pays membres de l’Union européenne. Le 9 mai, la Commission européenne a décidé d’apporter des aides à la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie et la Bulgarie pour faire face aux entrées de blé, maïs, colza et graines de tournesol en provenance d’Ukraine. La décision de l’autorité européenne vient en réponse à des mesures prises par ces pays européens d’imposer des droits d’entrée sur ces produits ukrainiens. Or, en juin 2022, l’UE a décidé de retirer les droits de douane sur les produits agricoles ukrainiens. Pour les agriculteurs de ces pays, l’entrée des produits ukrainiens sur leurs territoires entraîne une baisse des prix des céréales sur ces marchés.
2,7 Mt de céréales ukrainiennes entrées sur le territoire en 2022
Pour comprendre l’attitude des pays d’Europe de l’Est, il faut regarder les chiffres. Ainsi, en 2022, la Roumanie a vu transité 5,4 Mt de blé, orge et maïs en provenance d’Ukraine. En 2021, 526 t de maïs ont franchi la frontière entre l’Ukraine et la Roumanie. En Pologne, ce sont 2,7 Mt de produits ukrainiens qui sont entrés sur le territoire contre 9 300 t en 2021.
La forte hausse des récoltes dans le monde
Ainsi, une progression des entrées de produits ukrainiens qui concorde avec la baisse des prix des céréales sur les marchés internationaux. Alors, pour les agriculteurs polonais, hongrois et slovaques, les difficultés de vente de leurs produits est avant tout attribuable à l’arrivée des produits ukrainiens. Une position qui ne prend pas en compte les récoltes importantes au Brésil, aux États-Unis et la récolte record en Russie. De ce fait, les prix ont baissé en raison de la forte offre sur les marchés.
Les opérateurs logistiques ont préféré les exportations ukrainiennes
En outre, les Polonais, Hongrois et Slovaques sont confrontés à un souci logistique de taille. Les chauffeurs routiers et les convois ferroviaires qu’ils utilisaient traditionnellement se sont tournés vers les exportations ukrainiennes, plus rémunératrices. Et, la situation pourrait s’aggraver si l’accord du Black Sea Grain initiative devait s’interrompre. En effet, dans cette hypothèse, les céréales ukrainiennes reprendront la route terrestre pour ses exportations.