Prospectives

Conteneurs : un second semestre pessimiste

Les premiers bilans prospectifs sur le premier semestre montrent le retournement de marché des conteneurs. Le second semestre réserve encore des surprises.

Le mois de juillet voit traditionnellement fleurir les bilans du premier semestre. Du côté portuaire, les résultats sont en cours de traitement. Quant aux armements, les deux places de marché Zencargo et Upply ont publié leurs analyses sur la situation et les prospectives du marché des conteneurs.

Le retour de la surcapacité

Pour Upply, le premier semestre a été marqué « par le retour de la surcapacité dans le transport maritime de conteneurs, avec pour corollaire un ralentissement des navires qui n’a pas empêché l’effondrement des taux de fret. » Et Jérôme de Ricqlès, expert maritime chez Upply, explique que « la violence de l’atterrissage, pour les compagnies maritimes, est à la mesure de la brutalité du décollage des taux de fret. » Au final, les armements « ressortent véritablement KO de ce premier semestre ».

L’amélioration de la fiabilité

Une analyse partagée par Zencargo. Pour la place de marché britannique, tous les signaux ne sont pas si pessimistes. Et pour commencer, la fiabilité des horaires s’améliore. En avril, indique Zencargo, la fiabilité atteint 64,2%, soit une amélioration de 29,9% par rapport au même mois de l’année dernière. Des conditions meilleures que les chargeurs ne ressentent pas encore. « Malgré cette tendance positive, les chargeurs doivent faire face à des annulations soudaines », continue Zencargo.

Une baisse de 81% des résultats nets

Le début de l’année est marqué, pour les armements, par une plongée de leurs résultats nets. Selon Zencargo, les baisses des bénéfices pourraient atteindre 81% comparativement à l’année passée. De son côté, Upply indique que ce retournement de situation ramène à une situation d’avant la pandémie. Or, souligne l’expert maritime de Upply, « l’année 2019 fut une très mauvaise année en matière de résultats sur les routes maritimes Est-Ouest pour les compagnies. » De plus, les coûts opérationnels des compagnies ont augmenté d’environ 30%.

Retrouver un cadencement des services

Alors, pour retrouver un véritable niveau qualifié de normal, il est nécessaire de réunir trois conditions. La première concerne le cadencement des navires avec une fréquence hebdomadaire. La deuxième est de voir un retour à une vitesse normale des navires. Enfin, il faut retrouver des taux de fret couvrant au moins les coûts d’exploitation.

L’impact des mouvements sociaux en Europe et aux États-Unis

Zencargo analyse les principales routes maritimes est-ouest. Des services qui ont connu des perturbations liées à des mouvements sociaux. En effet, en Allemagne, les ports ont subi les conséquences des grèves des transports ferroviaires. Des mouvements sociaux qui ont affecté les ports de la côte ouest des États-Unis et ceux de France. Parallèlement à ces mouvements, le conflit entre l’Ukraine et la Russie impacte encore les affaires en Europe. Enfin, le tremblement de terre en Turquie a touché les infrastructures de transport du pays. Autant d’évènements qui obligent les chargeurs à s’adapter.

Les restrictions du Canal de Panama

Par ailleurs, le manque de pluie au Panama limite la capacité de passage des navires. Et Zencargo rappelle que certains navires ne peuvent franchir la voie maritime qu’avec 60% de leur capacité maximale. Quant au Transatlantique, il s’inscrit dans une autre tendance. Le temps entre les variations de capacité et les effets sur les taux de fret passent de cinq mois à 9 ou 10 mois.

Le maintien des blanks sailings

Les deux experts de Zencargo et Upply tablent sur un second semestre qui réserve des surprises. Parmi les conditions de marché attendues, Zencargo souligne que « les chargeurs doivent se préparer à des perturbations dans les chaînes logistiques. » Et dans ce contexte, les blanks sailings devraient continuer.

Quatre facteurs déterminants pour le marché

De son côté, Upply le marché au second semestre dépendra de quatre facteurs. Le premier concerne l’état des stocks en Europe et aux États-Unis. Si la décrue a démarré, elle se fait lentement. Pour les armateurs, un sursaut de consommation permettrait une hausse des taux de fret. Ensuite, Jérôme de Ricqlès estime qu’une maîtrise de l’inflation en Europe et aux États-Unis est nécessaire mais pas suffisante. Le troisième facteur qui déterminera l’évolution du marché sera la maîtrise de la surcapacité. Enfin, le dernier élément du marché à déterminer l’évolution du sourcing. « Il est désormais réaliste d’intégrer les notions de near-shoring et de « friend-shoring », souligne Jérôme de Ricqlès.