Corridors et logistique

Marchés : des signes pour rester optimiste, malgré la situation

Le marché des vracs souffre. Les vracs secs souffrent en raison d’une demande faible. Du côté des liquides, la situation géopolitique au Proche-Orient créent des inquiétudes. Pourtant des signes d’optimisme dans les deux marchés pointent.

Le marché des vracs secs enregistre un rebond. Au cours de la semaine passée, l’indice Baltic Dry Index s’établi à 31 089$/j pour les navires Capesize. Un niveau le plus haut depuis le mois de mai. Néanmoins, ce pic n’a pas duré. En effet, « la performance des Capesize a connu un déclin, passant en dessous du seuil des 30 000 $/j », note le courtier grec Intermodal dans son dernier rapport hebdomadaire.

Une forte demande en minerais

Du côté des Panamax, la situation s’avère plus positive. Effectivement, la forte demande en minerais et en céréales en Atlantique dope le marché des Panamax dans ce bassin. Les choses sont plus compliquées dans le Pacifique. La demande reste faible. Seules les expéditions de charbon depuis l’Indonésie permettent de compenser le calme régnant notamment en Australie. Quant aux navires Supramax gréés, ils maintiennent leur niveau d’activité en raison de la demande depuis les ports américains du golfe du Mexique. Les Handysize ont pour leur part trouvé de l’activité grâce aux demandes depuis le sud de l’Atlantique. Une aubaine quand les autres régions voient la demande s’affaiblir.

Période faste pour le soja brésilien et américain

Néanmoins, les prochaines semaines sont attendues en progression. Intermodal rappelle que le dernier trimestre de l’année reste la période de forte exportation de soja et de maïs pour les États-Unis. Deux pays qui ont pour principal acheteur la Chine. Or, note Intermodal, « la Chine a déjà importé 96 % des cargaisons de soja et de maïs de l’année précédente, montrant une forte dynamique. En effet, les importations à fin octobre dépassent celles de 2021 et de 2022. Par conséquent, si la tendance se poursuit, environ 15 Mt devront être importés au cours des deux prochains mois. »

Le maïs américain perd du terrain en Chine

Or, la majorité des importations de céréales de la Chine se font par des Supramax et des Panamax. Alors, si ce schéma commercial se concrétise, les taux de fret de ces types de navires peuvent augmenter prochainement. Quant à la production de maïs aux États-Unis, elle est attendue à un niveau record. Un facteur qui stimulera les exportations. Néanmoins, la part de marché du maïs américain en Chine se rétrécie au bénéfice des productions européennes. La production forte de maïs américain fera baisser les prix.

Une aubaine pour les Panamax et Supramax

Selon intermodal, « avec une baisse de près de 28 % de sa valeur depuis le début de l’année et un prix de 486 $/boisseau, proche de son plus bas niveau en trois ans, il y a une opportunité pour des exportations accrues. Les importateurs étant incités à profiter de la réduction de prix », indique Intermodal. Une aubaine pour un regain des exportations céréalières américaines. Et par voie de conséquence, une demande plus forte en Panamax et Supramax pour les prochaines semaines, prévoit Intermodal.

Pétrole: les inquiétudes de la situation du Proche-Orient

L’approche du marché pétrolier n’est pas uniforme. Pour sa part, Intermodal s’inquiète de la situation au Proche-Orient. Il constate une baisse. Ce marché reste en large partie sujet aux évolutions du conflit en Israël. En effet, si les tensions entre Israël et le Hamas se propagent dans la région, c’est toute l’économie pétrolière du Moyen-Orient qui serait touchée.

Une baisse des stocks américains

Quant aux stocks américains, Intermodal rappelle leur niveau bas. Ainsi, à titre d’exemple, le site de stockage de Cushing, dans l’Oklahoma, affiche des niveaux au plus bas depuis 2014 à 24% de capacité. Pourtant, la période automnale est généralement dédiée à remplir les stocks en prévision des opérations de maintenance des raffineries de l’hiver. Cependant, avec une demande européenne et asiatique importante, le remplissage ne peut s’opérer. Les opérateurs sont inquiets. « Des inquiétudes alimentées par les perturbations potentielles de la chaîne d’approvisionnement dues aux conflits en Ukraine et dans la région Israël-Gaza », indique le courtier grec Intermodal.

Le marché des VLCC est stable

Pour sa part, le marché du brut fluctue fortement en ce moment. Les tensions géopolitiques au Proche-Orient jouent à plein. Les hausses enregistrées en octobre s’annulent avec les baisses de ces derniers jours. Plus en détail, le marché des VLCC reste stable. En effet, ce secteur bénéficie d’une anticipation de la forte demande en fin d’année. Cette stabilité maintien les taux de fret à des niveaux bien inférieurs à ce qu’ils étaient en 2022, précise Intermodal.

Un œil plus optimiste

De son côté, le courtier Xclusiv regarde la situation d’un œil plus optimiste. Il note une tendance positive ces dernières semaines. Le Baltic Dirty Tanker Index est en progression depuis 29 jours pour terminer à 1286 points. « Le plus haut niveau depuis le mois de mai », note le courtier. Pour sa part, le brut peine à trouver sa vitesse de croisière. Avec 774 points, le BCTI (Baltic Crude Tanker Index) demeure 200 points en dessous de son niveau haut de 2023 en avril.

L’assouplissement des sanctions contre le Venezuela

Finalement, deux situations bien différentes qui sont appelées à changer. Ainsi, note le courtier Xclusiv, l’administration de Joe Biden a décidé d’assouplir les sanctions contre le Venezuela. Cette décision tient à l’accord électoral signé entre le président actuel Nicolas Maduro et l’opposition. Alors, les exportations de produits pétroliers et miniers depuis le Venezuela pourraient connaître un retour sur la scène internationale. Pour mémoire, le Venezuela produit actuellement 700 000 barils/j, contre 3 Mb/j avant les sanctions en 2015. Néanmoins, note le courtier, le manque de maintenance des infrastructures de production pétrolière et gazière vénézuéliennes impacte les capacités immédiates.

Un marché rééquilibré

Les conséquences de cette décision peuvent s’avérer importante pour le marché pétrolier dans un proche avenir. Les importations vénézuéliennes de brut aux États-Unis seront utilisées pour le raffinage américain. De leur côté, les États-Unis pourront exporter le brut de haute qualité. De plus, une partie du brut vénézuélien part actuellement vers la Chine. En prenant position sur le pays, les États-Unis rééquilibreront le marché. Alors, du point de vue maritime, les Aframax et Suezmax vont bénéficier de ce transfert de demande.