Ports

Terminaux de Lomé et Conakry: le groupe Bolloré mis en examen

La holding du groupe Bolloré a été mise en examen le 12 décembre dans l’enquête sur des soupçons de corruption dans le cadre de l’obtention des concessions portuaires de Lomé et de Conakry.

Six mois après la garde à vue de Vincent Bolloré, la holding du groupe éponyme a été mise en examen. « La holding Bolloré SA, qui n’est en rien concernée par les faits objets de l’investigation, a décidé d’exercer un recours afin d’être mise hors de cause« , s’est-elle défendue dans un communiqué. La direction du groupe explique que ce processus de mise en examen est « mécanique » après la mise en examen de ses dirigeants. L’enquête menée par la justice française porte sur des soupçons de corruption dans le cadre de l’obtention de concessions portuaires en Afrique de l’ouest. Deux terminaux sont concernés, celui de Lomé au Togo et celui du port de Conakry en Guinée.

Lomé: des procédures qui ont conduit à la condamnation de Jacques Dupuydauby

Dans l’attribution de ces deux concessions portuaires, le groupe de Vincent Bolloré est accusé d’avoir utilisé les activités de conseil de sa filiale Havas pour obtenir les faveurs des dirigeants des deux pays. Or, l’intégration d’Havas dans le giron du groupe Bolloré date de 2010. Ainsi, la gestion du terminal de Lomé ne peut entrer en cause dans l’attribution du terminal togolais. L’affaire du terminal togolais a commencé quand le groupe Bolloré a accusé le gestionnaire du terminal de l’époque, le groupe Progosa d’avoir agit frauduleusement en « siphonnant les actifs de la société togolaise que Jacques Dupuydauby gérait pour le compte du groupe Bolloré ». Après plus d’une décennie de procédures judiciaires, la justice espagnole a condamné en mai 2016 Jacques Dupuydauby à trois ans et neuf mois de prison ferme. En 2009, les autorités togolaises écartent le groupe Progosa et lui préfèrent celui de Vincent Bolloré.

Le port de Conakry ©Bolloré

À Conakry, l’attribution du terminal remonte à mars 2011 quand le groupe a obtenu la concession du terminal après la décision, par le président de la République nouvellement élu, d’évincer l’attributaire Necotrans. Le nouveau chef d’État de Guinée Conakry, Alpha Condé, a justifié sa décision par le manque d’investissements réalisés par l’autre groupe français, Necotrans. Il a été déclaré à la presse qu’il « préfère favoriser les amis ». La justice française enquête sur cette affaire en raison de l’aide apportée pendant la campagne présidentielle à Alpha Condé par la société Havas, alors filiale du groupe Bolloré.

Le groupe de Vincent Bolloré est présent dans le monde portuaire et logistique en Afrique depuis plusieurs décennies. Il a obtenu des concessions sur des terminaux au Gabon, au Cameroun, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Nigéria et en Sierra Leone sur la côte ouest africaine. Depuis de longues années, le débat sur la présence importante du groupe dans le monde portuaire africain agite les quais. Pour les opposants au groupe, il faut privilégier les sociétés locales plutôt que d’attribuer aux groupes étrangers les ports africains. Une fronde qui s’adresse principalement contre le groupe Bolloré et ne concerne que rarement, voire jamais les autres groupes comme DP World ou APM Terminals aussi présent sur les quais d’Afrique. Quant aux partisans du groupe, ils constatent que le groupe Bolloré a remporté de nombreuses concessions mais a investi de lourdes sommes au cours des dernières décennies pour le développement de l’économie portuaire.