Prospectives

AGPAOC : la fluidité logistique métropolitaine s’invite au 40è conseil annuel

Lors de la 40è réunion du Conseil Annuel de l’Association de Gestion des Ports de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (AGPAOC) tenue à Lomé du 17 au 20 juin dernier, une session portait sur les investissements privés dans l’économie maritime et portuaire africaine. La question posée était : quelles sont les contraintes rencontrées et les défis à relever ?

Intervenant lors de la 40è du Conseil annuel de l’Association de Gestion des Ports d’Afrique de l’Ouest et du Centre (AGPAOC), qui s’est déroulée à Lomé le 17 juin, la fondation Sefacil, Bolloré Ports, Axelcium et Abington Advisory ont abordé l’épineuse question des fluidités logistiques métropolitaines en Afrique. En effet, avec 50 Md$ injectés dans les interfaces portuaires depuis 2000, les terminaux portuaires présentent dorénavant des linéaires de quais et des surfaces de parcs adaptés aux nouvelles tailles de navires (supérieur à 10 000 EVP pour les seuls conteneurs, plus de 50 000 tpl pour les vraquiers). Les modèles de partenariats publics privés (PPP) sous la forme principalement de concessions et de BOT (Build Operate Transfer) ont accompagné la mutation des interfaces et changé la relation entre les autorités portuaires d’une part et les opérateurs-manutentionnaires-investisseurs privés d’autre part.

Les trafics totaux ont triplé entre 2000 et 2015 avec des cadences et des performances de manutention qui se rapprochent des meilleurs standards européens. Les temps d’attente à l’ancre persistent du fait d’une congestion qui finalement concerne plus l’interface entre le terminal et la terre que le navire et le bord-à-quai. La problématique soulevée par les chercheurs de la fondation Sefacil porte sur les innovations juridiques, opérationnelles et stratégiques pour que les PPP débordent des terminaux portuaires et diluent leurs effets sur de courts corridors intra-métropolitains et péri-métropolitains.

Dans ce sens, la fondation Sefacil s’intéresse sur les méthodologies possibles pour délimiter un périmètre logistique et opérationnel de type « corridor de fret métropolitain » qui puisse être enchâssé dans une juridiction multipartite reconnue par les parties prenantes publiques et privées. Le grand défi repose sur la délimitation et la définition des attributions de chaque partenaire inclut dans ce que l’on qualifie de « PPP Corridor Métropolito-Portuaire » ou PPP-CMP. Bien plus que des aménagements infrastructurels (indispensables cependant), ce sont bien les mécanismes de régulation, les modèles d’arbitrage en cas de litige et surtout le modèle d’affaires général qui supposent de l’innovation contractuelle. Le partage des risques et des investissements suppose des PPP qui s’incluent dans une vision planifiée et partagée avec une redéfinition des relations entre les opérateurs privés, les institutions publiques au premier rang desquelles la ville et le port. Un PPP-CMP doit s’inspirer des ingrédients du PPP « classique » pour la mise en concession d’un terminal portuaire mais en présentant une approche nettement plus inclusive. Les populations riveraines et les intérêts environnementaux par exemple ne doivent pas être simplement consultés mais bien intégrés un organe de type « conseil de surveillance » pour une gestion intégrée du PPP-CMP.

La clé d’une telle innovation managériale et stratégique repose sur la gouvernance avec des règles normatives qui cadrent les relations entre parties prenantes et aboutissent à des formes dynamiques de prises de décision « toute la vie durable » du PPP-CMP. Cette perspective exige d’avoir une vision systémique du problème circulatoire métropolitain mais la performance d’un continuum logistique fluide en dépend. Les travaux de réflexion du PPP-CMP feront l’objet de plusieurs autres contributions à commencer dès le 4 juillet au Forum des Ports Africains de Tanger.

Affaire à suivre !

Dr Yan Alix, délégué général de la fondation Sefacil
Brigitte Daudet, enseignante-chercheure à l’EM Normandie et doctorante au Nimec – IAE de Caen.