Politique

Pilotes maritimes : renouveler la pyramide des âges

Le 105è congrès de la Fédération française des pilotes maritimes a permis de faire le point sur la situation sociale de cette profession. La réforme de la retraite actuellement en courts avec le gouvernement et le besoin de renouveler le départ prévu d’une centaine de pilotes ont largement occupé la filière pendant ce congrès.

Les pilotes maritimes ont connu une année 2018 stable en terme de mouvements de navires. Avec 105 184 opérations réalisées en 2018, le nombre de navires pilotés a progressé de 0,6%. Une progression plus faible que les années précédentes. Cette hausse a surtout été réalisée dans les ports de métropole, ceux d’outre-mer étant en légère baisse. Certaines stations ont enregistré des hausses avec notamment la Seine qui a vu son trafic céréalier progresser, Dunkerque dont le trafic de gaz augmente tout comme à Nantes. Au final le nombre de mouvements progresse mais en volume, la Fédération française des pilotes maritimes (FFPM) constate une baisse. « Elle est liée à l’impact de la croisière fluviale en progression mais dont les volumes sont moindres et qui impactent donc les chiffres des volumes. Quant aux navires, nous ne pouvons que constater que la course au gigantisme a fait une pause », a commencé par expliquer Jean-Philippe Casanova, président de la FFPM.

Avec un effectif de 331 pilotes en métropole et outre-mer. Un chiffre stable d’une année sur l’autre même si en 2018, l’effectif a progressé de quatre pilotes supplémentaires. Des personnels qui préoccupent la FFPM. Les pilotes, tout comme les personnels marins, partent à la retraite à l’âge de 56 ou 57 ans. Les personnels nés entre 1964 et 1966 vont donc quitter la profession dans les prochaines années. « Au total, nous estimons à environ une centaine de pilotes à devoir remplacer entre 2020 et 2025 », explique Jean-Philippe Casanova. Pour les représentants des pilotes, c’est toute la filière et les projets de réforme des retraites que la FFPM surveille avec attention. « Nous sommes attachés à ce que la pénibilité des divers métiers du maritime soit intégrée à la réforme qui sera soumise au parlement ». Il s’agit en l’occurence du régime commun de retraite des marins et, par voie de conséquence, l’avenir de l’Enim (Établissement national des invalides de la marine). La spécificité du métier de marin, et notamment celui des pilotes doit être pris en compte. La Fédération a fait réaliser un film sur la réalité du métier (voir le film). « La moitié de nos manœuvres sont réalisées de nuit ce qui complique le métier ». Les pilotes souhaitent que l’âge de départ à la retraite ne soit pas figé. « Un départ à 62 ans n’est pas pensable dans notre cas. Nous restons ouvert à discuter avec le gouvernement sur ce point », a rappelé Christophe Reux, secrétaire général de la FFPM, qui indique ne pas avoir été contacté par les services gouvernementaux pour le moment.

Les conditions de départ à la retraite doivent s’articuler avec le besoin en recrutement des pilotes. Dans ce contexte, la FFPM plaide pour conserver un armement français fort et, par voie de conséquence, un enseignement de qualité. « Toute perte de filière maritime est une catastrophe », a déclaré le président de la FFPM. Aujourd’hui, les pilotes demandent 72 mois de navigation avant de pouvoir postuler à un concours de pilote dans une station. La fédération ne pense pas qu’il faille bouger les critères de recrutement. « En moyenne, nous avons quatre à cinq candidats par place ouverte. » Une moyenne puisque le concours de pilote pour la station de Saint Pierre et Miquelon a été plus difficile que pour d’autres stations.

Autre sujet qui a animé les débats de ce 105è congrès, les travaux menés actuellement par l’OMI sur les navires autonomes et leur application pour les questions de pilotage. « Nous restons vigilants avec notre organisation internationale et européenne sur les modifications de la réglementation visant à intégrer ce nouveau concept. Il ne faut pas aborder ce concept sous le même angle dès lors que nous parlons d’un navire de 10 m ou d’un porte-conteneurs. Il convient de résoudre, pour le navire autonome, la question sociale. L’erreur humaine est toujours mise en avant dans les accidents mais combien d’interventions humaines ont permis d’éviter des sinistres ? » Et, ces navires autonomes devront aussi s’adapter aux risques liés à la cybersécurité.

Des sujets qui devraient continuer dans le temps. Tant les navires autonomes que les dispositions liées à la retraite sont des sujets qui vont occuper encore de longs mois la FFPM.