Afrique : des propositions pour améliorer la chaîne logistique
Une étude réalisée par l’Observatoire Europe-Afrique sur les performances comparées des ports du Golfe de Guinée montre les améliorations intervenues depuis ces dernières années. Elle pointe du doigt les améliorations nécessaires des transports terrestres.
Les pays du Golfe de Guinée ont vu leur système portuaire s’améliorer considérablement ces dernières années. La mise en place de partenariats public-privé a permis aux ports de disposer de nouveaux terminaux calqués sur les standards internationaux.
Destinée à constater les améliorations réalisées au cours des dernières années, l’étude menée par l’Observatoire Europe Afrique 2030, rendue publique le 26 avril, s’est attachée à comparer les performances des chaînes logistiques empruntant les dix principaux ports du Golfe de Guinée : Abidjan et San Pedro en Côte d’Ivoire, Dakar au Sénégal, Douala et Kribi au Cameroun, Cotonou au Bénin, Lomé au Togo, Lagos au Nigéria, Tema et Takoradi au Ghana ainsi que les projets en cours des ports de N’Dayane au Sénégal et de Lekki au Nigéria.
Le terrestre demeure le maillon faible
L’analyse de l’étude a porté sur trois facteurs de compétitivité des chaînes logistiques : le coût, le temps d’acheminement et la sécurité. Elle s’est concentrée sur le fret maritime, le temps de passage portuaire et les pré et post acheminements.
Au cours des années, le tissu portuaire a profité des investissements privés et publics. Cette amélioration n’a cependant pas résolu tous les soucis logistiques. « Les pré et post acheminements terrestres constituent toujours le maillon faible des chaînes logistiques », indique le rapport de l’Observatoire Europe Afrique 2030. Une faiblesse qui se matérialise par une infrastructure en mauvais état, l’insécurité sur les routes, des tracasseries administratives qui entrainent pour les chargeurs des coûts importants. « Ces contraintes logistiques entravent le développement de régions entières à forte densité de population. Or l’attractivité d’un port maritime dépend grandement de la qualité des connexions routières et ferroviaires avec son hinterland », continue le rapport.
La sécurité des personnes et des biens
Encore une fois, c’est à terre que la qualité du système portuaire se remarque. Et ainsi, la faiblesse et la cherté de la chaîne logistique terrestre devient « un obstacle au développement du secteur manufacturier ». Les auteurs du rapport, Christian Delavelle et Philippe Dorson, préconisent trois conditions pour convaincre les manufacturier de s’implanter dans la région du Golfe de Guinée. La première vise à offrir une chaîne logistique performante. La seconde doit permettre de disposer de ressources en électricité en quantité et en qualité suffisante. Enfin, la dernière condition concerne la sécurité des personnes et des biens. « Dès lors qu’un de ces trois facteurs n’est pas satisfait, la probabilité de voir un industriel s’implanter est fortement compromise. » L’implantation locale d’un manufacturier, dans une filière à forte ou faible valeur ajoutée est rapidement compromise s’il ne peut avoir confiance sur ses approvisionnements et ses exportations. D’autant plus que « plus que les coûts logistiques directs, les coûts « cachés » empêchent la minimisation de stocks et le respect des délais de livraison », continue le rapport.
Limiter le nombre de hubs portuaires
Face aux difficultés que rencontrent les pays du Golfe de Guinée, les deux rapporteurs proposent des mesures pour améliorer la situation. Elles s’articulent autour de trois axes : Le premier de ces axes vise à recentrer les investissements autour d’un nombre limité de hubs portuaires. Les auteurs proposent de créer trois ou quatre hubs sur le range entre San Pedro et Lekki et de développer des lignes de feedering. Le second prévoit de compléter le maillage routier et ferroviaire en maximisant la multimodalité. Il s’agirait de créer depuis les hubs portuaires un réseau routier et ferroviaire plus dense. Du point de vue routier, trois axes sont considérés comme importants pour les rapporteurs : Le premier relierait Dakar à N’Djamena. Le second est celui qui relie Abidjan à Lagos et propose une seconde transversale. Enfin, l’axe entre Lagos, Yaoundé et Bangui permettrait de créer une troisième pénétrante.
Le plus au nord des trois axes routiers transversaux correspond au tracé du corridor routier transafricain n°5 Dakar/Ndjamena (Trans-sahélien). L’axe transversal le plus au sud correspond au tracé du corridor autoroutier transafricain n°7 Dakar-Lagos (CAAL). Il relie Abidjan à Lagos en passant par Accra, Lomé et Cotonou. Le tronçon Lagos-Yaoundé-Bangui s’inscrit dans le corridor routier transafricain n°8 Yaoundé-Mombassa. L’axe transversal central reliant les régions septentrionales des pays côtiers n’existe pas à ce jour. Ces trois axes est-ouest devraient être complétés par des liaisons nord-sud qui relieraient les ports à leur hinterland naturel domestique et aux pays sans littoral. Du point de vue ferroviaire, le développement de liaisons depuis le futur port de Lekki aux ports secs du nord du Nigéria permettrait le développement du transport combiné. Des travaux estimés aux environs de 60 à 70 Md€.
Améliorer les services « péri-portuaires »
Enfin, la dernière préconisation des rapporteurs porte sur l’amélioration des services logistiques « péri-portuaires » et routiers. Cela passe d’abord dans l’investissement de camions aux normes plus écologiques et offrant une plus grande fiabilité technique. Les services logistiques « péri-portuaires » doivent se réaliser sur la création de zones d’empotage et dépotage de conteneurs proches des ports, créer des zones de stationnement pour les transporteurs routiers à proximité des ports, avec des services de confort et de sécurité.
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