Ports

Calais : une année 2019 chahutée sur le détroit

Le port de Boulogne Calais a présenté les résultats du port de Calais pour 2019. Le port du Détroit du Pas-de-Calais a souffert en 2019 en raison des incertitudes liées au Brexit et des mouvements sociaux des douaniers et de la SNCF. Il garde espoir pour son avenir à un an de Port Calais 2015.

L’année 2019 a été difficile pour les ports impliqués sur le Transmanche. L’annonce du départ du Royaume-Uni de l’Union européenne prévue au 29 mars puis reporté au 12 avril, puis au 31 octobre et finalement prévu pour le 31 janvier 2020 a largement touché l’économie britannique. Au final sur les 12 mois de 2019, Calais a traité 1,8 millions de véhicules, en baisse de 4,6%. « Avant le 29 mars, les britanniques ont reconstitué leurs stocks avant le Brexit. Des marchandises qui ne se sont pas écoulées comme prévues. Au final, la baisse d’activité économique en Grande-Bretagne a eu des effets sur notre trafic fret », a expliqué Jean-Marc Puissesseau, président du port de Boulogne Calais lors de la présentation des résultats, le 20 janvier. Le Brexit n’a pas eu lieu en 2019 mais les inquiétudes et incertitudes ont largement ralenti l’économie d’Outre Manche. Ce sont 900 000 poids lourds de moins qui ont circulé vers la Grande-Bretagne. Outre le Brexit, un mouvement social des douaniers pendant les premières semaines de 2019, s’insurgeant contre le manque de moyens dévolus pour traiter le trafic après le Brexit, a amené les opérateurs à choisir d’autres ports que Calais et notamment ceux de l’ouest. « Malgré ces différents éléments, notre part de marché sur le trafic Transmanche reste élevé à 46% avec même une progression de 2% en 2019 », a noté le président du port.
Port de Transmanche, Calais a traité en 2019, 511 836 t de marchandises conventionnelles. Des flux en progression de 1% qui ont profité de la hausse des trafics d’enrochements. Ce courant a permis de compenser la baisse de trafic de sucre. À Boulogne, le trafic fret a totalisé 701 539 t, en baisse de 12,2%. Le trafic de chaux vives a manqué au port et la pierre à chaux n’a pu compenser entièrement cette perte. En 2020, le port de Boulogne devrait retrouver ses volumes et atteindre 1 Mt, selon le président de la CCI. « Nous avons connu un second semestre très dynamique. À la fin du premier semestre Calais affichait une baisse de son trafic fret de 15% et Boulogne peinait avec une diminution de 30%. Nous avons remonté la pente pendant la seconde moitié de l’année ».
En revanche, le terminal intermodal de Calais a enregistré une progression de 11,2% de son trafic sur l’année à 42 483 remorques. Des trafics non accompagnés principalement opérés par VIIA avec Le Boulou, à la frontière avec l’Espagne, Orbassano, à côté de Turin, et Mâcon. Un trafic qui a été dopé par la mise en place de la ligne de non accompagné entre Calais et Tilbury par P&O Ferries depuis la fin du mois de septembre. Une belle performance pour le port de Calais qui aurait pu être encore plus importante si les lignes n’avaient pas été interrompues par des intempéries en août et octobre, et par les mouvements sociaux de décembre. Enfin, une nouvelle liaison avec le port de Sète, prévue d’ouvrir en décembre, a été retardée en raison des mouvements sociaux. Les grèves qui ont touché les ports et le trafic SNCF a aussi entraîné la suspension de la ligne pur fret de P&O Ferries sur Tilbury.

A J moins un an de Calais 2015
Les travaux des futurs postes 11 et 12 à Calais 2015© Port de Boulogne Calais

L’année 2019 est refermée et rangée aux archives. Jean-Marc Puissesseau regarde vers l’avenir et notamment Calais Port 2015. « Le compte à rebours a commencé pour Calais Port 2015. Nous sommes à 52 semaines de la fin des travaux », a confirmé le président du port. Il aura fallu six ans de travaux pour que le port de Boulogne Calais se voit remettre les clés de ce chantier prévue le 13 janvier 2021. « Des infrastructures qui nous permettront de doubler la capacité actuelle de notre port », a indiqué Benoît Rochet, directeur général du Port de Boulogne Calais. Ce projet a nécessité un investissement de 862,5 M€. Il donner au port trois nouveaux postes pour les ferries adaptés aux navires de dernière génération. Prévu d’entrer en opération au cours du premier trimestre 2021, Port Calais 2015 donnera au global neuf passerelles ferries au port. Deux postes dans le port actuel seront fermées pour être entièrement revus. Fort de son développement sur l’intermodal, le port regarde aujourd’hui vers de nouvelles destinations plus au nord. « Quand nous ouvrirons Calais 2015, nous disposerons de postes vers d’autres destinations que Douvres, soit vers la Scandinavie soit d’autres destinations. » Une infrastructure qui permettra au port de « rester dans la course sur le Transmanche », comme l’a confirmé Jean-Marc Puissesseau, mais qui n’a pas empêché l’autorité portuaire de continuer à investir dans le port actuel. À Calais, le port a investi 6M€ pour s’adapter aux exigences du Brexit. En 2020, à Calais, une grande partie de l’enveloppe globale de 18 M€, sera consacrée à la mise en exploitation de Calais 2015 et de réfection de postes. Pour sa part, Boulogne devrait recevoir 12 M€ pour finaliser les différents ouvrages prévus.

 


« Il faut que les attaques de migrants cessent »
À Calais, la présence de migrants souhaitant passer en Grande-Bretagne n’a de cesse d’augmenter. Au cours des derniers mois, Jean-Marc Puissesseau, président du port de Boulogne Calais, a été alerté par le nombre croissant d’attaques sur la rocade portuaire, route menant au port sans passer par le centre ville. « Nous sommes délaissés », s’alerte le président du port qui demande de l’aide. Le président du port a écrit au ministre de l’intérieur au début de l’année pour lui demander d’affecter plus de forces. Une aide que la maire de Calais, Nathalie Bouchart, a relayé auprès du président de la République le 20 janvier. « Nous avons perdu 1,5 millions de passagers depuis la présence importante de migrants à Calais. Sans aide, nous continuerons à souffrir de ce phénomène ». Interrogé sur la position du Préfet, le président du port a confié qu’il est certain que le représentant de l’État le comprend. Il a même été plus loin en déclarant : « Je ne peux pas penser ne pas avoir de réponses du gouvernement ». Son courrier est resté lettre morte pour l’instant.