Corridors et logistique

Campagne céréalière : la Chine est venue concurrencer l’Algérie sur le marché français

La campagne céréalière a pris fin le 30 juin. Un exercice marqué par un recul des exportations en raison de la faible récolte. La nouvelle campagne laisse présager un nouveau record des flux céréaliers tant en France que dans le monde.

La campagne céréalière a pris fin le 30 juin 2021. Elle se solde par des chiffres en nette baisse en comparaison aux précédentes. Les exportations vers les pays tiers ont atteint, difficilement, 7 ,5 Mt., en recul de 55%. Selon les experts de France AgriMer, cette baisse du trafic vers les pays tiers est essentiellement liée à une moindre quantité de produits exportables. La mauvaise récolte 2020 a joué son rôle de frein à l’export.

La Chine multiplie par 13 ses origines françaises

Sur la précédente campagne, la Chine confirme sa place de nouvelle destination. Avec 1,76 Mt, l’Empire du milieu apparaît en deuxième place derrière l’Algérie. Déjà, en 2019, les Chinois sont arrivés sur le marché français, rompant ainsi avec plusieurs années d’absence. Comparativement à la campagne 2018/2019, les exportations vers la Chine ont été multipliés par 13, indique France AgriMer.

Algérie: en baisse de 66%

La première place des pays tiers d’exportation du blé tendre revient à l’Algérie. Avec 1,9 Mt, le pays d’Afrique du Nord voit ses approvisionnements depuis la France perdre 66%. Une baisse confirmée sur les deux dernières campagnes. En effet comparativement à la campagne 2018/2019, l’Algérie a vu ses trafics se réduire de 63%.

Afrique sub saharienne: en baisse de 32%

La troisième place revient à la région de l’Afrique sub saharienne avec un trafic de 1,7 Mt. Un chiffre en baisse de 32% par rapport à la campagne précédente mais en hausse de 6% comparativement à la campagne 2018/2019. Enfin, toujours sur le continent africain, le Maroc a ignoré le marché français sur les deux dernières campagnes, préférant en partie les origines différentes et alimentant son marché par la production locale.

Flux vers l’UE: en recul de 18%

Les flux des exportations de blé tendre vers les 27 pays de l’Union européenne (à savoir sans le Royaume-Uni) reculent de 18% à 5,5 Mt sur les 11 premiers mois de l’année. Selon les estimations de France AgriMer, la campagne devrait se terminer sur une année à environ 6 Mt. Les acheteurs belges et néerlandais sont venus sur le marché français chercher des blés tendres pour compenser une récolte plus tardive localement.

Orges: en progression de 32%

Du côté des orges, les exportations sont évaluées à 3,17 Mt, en baisse de 19%. Cette campagne a été compliquée pour le marché français mais reste malgré tout meilleure que celle de 2018/2019. En effet, les exportations d’orges apparaissent en hausse de 32%. La campagne 2020/2021 reste essentiellement tournée vers la Chine. Ce pays a traité 90% du volume des pays tiers avec 2,8 Mt. Des trafics qui ont doublé d’une campagne sur l’autre et quadruplé par rapport à celle de 2018/2019.

L’absence de l’Arabie Saoudite

L’autre destination des orges a été le Mexique avec 245 254 t, en baisse de 12%. Quant à l’Arabie Saoudite, qui a largement profité des orges françaises en 2018/2019, elle a été absente sur cette campagne. Les flux vers l’UE27 s’élèvent à 11 mois de campagne à 2,18 Mt, en recul de 39 % par rapport à l’année dernière.

Maïs: baisse des importations et hausse de l’export

Enfin, le maïs a connu une campagne 2020/2021 marquée par une hausse de sa production de 3,7% à 10,7 Mt. Ainsi, la France a réduit une partie de ses importations. Avec 450 000 t importées, les importations de maïs enregistrent une baisse de 33%. Les exportations se sont réalisées principalement vers les pays de l’UE (4 Mt, en hausse de 9,3%). Les pays tiers intervenant pour une faible part (480 000 t, +19,5%).

L’Ukraine voit ses exportations se contracter

Principaux concurrents de la France sur les marchés internationaux, les pays de la mer Noire, Ukraine et Russie, sont dans une situation équivalente à la France. En Ukraine, l’ensemble des flux céréaliers s’élève à 43,3 Mt, soit en baisse de 21%. Tant les blés, que les orges et le maïs affichent un retrait du volume exporté.

Hausse des exportations du russe

En Russie, les exportations sont en hausse de 12% à 42,7 Mt. Une progression que le pays doit aux flux de blé. Ils augmentent de 9% à 33,8 Mt. Les orges restent stables et le maïs perd 10% à 3,07 Mt. La mise en place par Moscou d’une taxe flottante à l’export, depuis le mois de juin, réduit les exportations. Décidée chaque semaine, cette taxe doit permettre aux négociants de préférer le marché intérieur.

Égypte: libération des modalités d’importation

Parmi les nouveautés de cette fin de campagne, le gouvernement égyptien a décidé de permettre aux fournisseurs de présenter directement leurs offres d’expéditions. Jusqu’à présent, les négociants devaient faire enregistrer leurs offres par la compagnie maritime nationale (Martrans). Désormais, les vendeurs européens disposant de leur propre bureau de fret pourront organiser leurs expéditions.

Campagne 2021/2022: hausse du disponible exportable

La fin de cette campagne ouvre de nouvelles perspectives pour les douze mois à venir. Les premières récoltes réalisées en juin. Les prévisions de France AgriMer pour la récolte française tablent sur une hausse de 20% à 37,1 Mt. « Les disponibilités françaises seront plus confortables pour la campagne de commercialisation 2021/22 », note France AgriMer. Et dans ce contexte, les exportations de blé devraient atteindre 10,5 Mt. Les flux vers l’Union européenne s’établissent aux environs de 7,3 Mt, soit en progression de 22%.

Orges: hausse de l’export

La collecte des orges devrait s’élever à 9,2 Mt, soit en progression de 8%. Les exportations vers les pays tiers et l’UE sont estimées en hausse par rapport à la campagne 2020/2021. Quant au blé dur, la production pourrait croître de 24% à 1,6 Mt. La France devrait retrouver ses marchés traditionnels d’exportation vers des pays comme l’Italie et l’Espagne. Elle pourrait bénéficier des récoltes moins bonnes du Canada qui souffre d’une sécheresse sans précédent.

Hausse mondiale de la production céréalière de 2,1%

Ces bons chiffres ne doivent pas cacher les performances de production réalisées dans d’autres parties du monde. Selon la dernière étude de la USDA (département d’agriculture des États-Unis), la production mondiale de céréales va augmenter de 2,1% à 792,4 Mt. Dans ce contexte de disponibilités plus importante, l’organisme américain prévoit des flux céréaliers en nette hausse sur la campagne 2021/2022. Ils devraient s’élever à 203,9 Mt, soit en hausse de 770 000 t, soit 17,3%. Pour la USDA, les bonnes récoltes européennes, ukrainiennes et australiennes compenseront les baisses prévues au Canada, aux États-Unis et au Kazakhstan.