Politique

OMI : des mesures qualifiées d’insuffisantes par le gouvernement français

Le Comité de protection du milieu marin de l’OMI s’est achevé le 17 juin sur un bilan mitigé. Des mesures sont prévues mais elles ne suffiront pas, selon la ministre de Transition écologique. Le World Shipping Council rappelle la création de son fonds pour la R&D sur la réduction des émissions dans le transport maritime.

Le 76è Comité de la protection du milieu marin (MEPC) de l’OMI s’est achevé le 17 juin. Pour les acteurs de la filière, cette réunion devait déboucher sur des mesures concrètes pour que le transport maritime prenne sa part dans la réduction des gaz à effet de serre. Le Comité s’est achevé sur un bilan mitigé. Plusieurs mesures ont été prises en faveur d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ces nouvelles mesures s’int !grent dans l’annexe VI de la convention Marpol, sur la pollution maritime.

Un indice d’efficacité énergétique

Elles prévoient que chaque navire devra calculer son efficacité énergétique, (l’indice EEXI, Energy Efficiency Existing Ship Index). Cet index doit permettre d’établir un indicateur d’intensité carbone par navire pour déterminer la catégorie du navire. Un peu à l’image des produits électroménagers, chaque navire sera évalué selon un ratio entre les émissions de gaz à effet de serre et les marchandises transportées.

Un marquage de A à E

Ce ratio sera ensuite appliqué à tous les navires pour connaître de son efficacité énergétique. Ils seront estimés par des lettres de A à E, le A étant la meilleure notation. Lors de ce comité, l’OMI a décidé que qu’un navire qui se verrait appliquer la lettre D ou E pendant trois ans devra présenter un plan d’actions correctives pour revenir à la norme C au mieux.

Premier bilan en 2024

L’adoption de cette mesure doit entrer en vigueur le 1er novembre 2022. Alors, les premières mesures des navires se feront au cours de l’année 2023 pour un bilan dans les premiers jours de 2024. Par ailleurs, l’OMI a prévu de dresser un bilan de ces mesures au 1er janvier 2026, « et, si cela s’avère nécessaire, de développer et d’adopter de nouveaux amendements ».

Une portée réduite

Du côté français, Annick Girardin, ministre de la Mer, a accueilli ces mesures avec satisfaction tout en regrettant leur portée réduite. « Les mesures prises vont dans le bon sens mais ce n’est pas suffisant. La France est déçue de ce résultat car il ne comporte pas suffisamment de garanties permettant l’accomplissement des objectifs au terme de la décennie », a déclaré la ministre dans un communiqué.

Un premier cadre de décarbonation

Une position que le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a appuyé. « La France s’est fortement mobilisée pour défendre l’objectif ambitieux d’un facteur de réduction de l’intensité carbone de 22% sur le volet opérationnel jusqu’en 2030 par rapport à 2019. Si l’accord obtenu est en-deçà de nos attentes, il n’en demeure pas moins qu’il convient de saluer l’action résolue de l’OMI qui a permis d’adopter un premier cadre international pour la décarbonation du transport maritime. »

Un fonds de 5 Md$

Dès la fin de la réunion de l’OMI, le World Shipping Council (WSC), qui regroupe des organisations professionnelles internationales d’armateurs, a rappelé avoir mis sur pied un fonds de recherche et développement de 5Md$ depuis le mois de juin 2020. Ce fond, souligne le WSC, doit accélérer le développement et l’introduction de soutes à zéro émission.

Accélérer la R&D sur les émissions des navires

Face aux souhaits de l’Europe et des États-Unis d’atteindre un transport maritime entièrement décarboné d’ici à 30 ans, les besoins en recherche et développement sont devenus essentiels. « Les efforts actuels ne sont pas suffisants, souligne le World Shipping Council. Nous avons un besoin urgent d’accélérer la R&D sur ce sujet. Cependant, les innovations ne se font pas gratuitement. Pour donner un nouvel élan à la recherche, la filière maritime est décidée à garantir un fond de 5Md$ sans aucun frais pour les gouvernements, en donnant un accès libre à tous les pays. Qu’attendons-nous ? », s’inquiète le WSC.

Une mobilisation maintenue du gouvernement français

Sans que ce point sur le fond du World Shipping Council n’ait été abordé, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, a assuré de la mobilisation du gouvernement dans ce secteur. « La France restera mobilisée pour porter cette ambition au niveau européen et international. Je pense par exemple à l’intégration du secteur du transport maritime dans le système d’échange de quotas d’émissions européen (EU/ETS), qui fera l’objet d’un projet de texte de la Commission européenne le 14 juillet », a annoncé la ministre de la Transition écologique.