Rochefort/Tonnay-Charente : les deux ports charentais perdent 12,7% en 2020
En 2020, le port de Rochefort affiche une baisse de 12,7% de ses trafics à 553 494t. Il a subi les effets de la crise économique et d’une campagne céréalière 2020/2021 difficile.
L’année 2020 n’a pas seulement touché les ports d’envergure nationale. En région, la crise sanitaire et les effets sur l’économie nationale n’a pas épargné les ports. En Charente, les ports de Rochefort et de Tonnay-Charente ont subi les effets de la crise. Au global, les deux ports charentais ont perdu 12,7% à 553 494t.
Pas de compensation entre les deux campagnes céréalières
Le cluster portuaire charentais de Rochefort et Tonnay-Charente concentre une grande partie de son activité sur les céréales, le bois et les matériaux de construction. Les céréales se réalisent en grande partie sur le site de Tonnay-Charente. Si la campagne céréalière 2019/2020 a été exceptionnelle, celle qui a suivi est particulièrement pauvre en quantité, même si elle offre des blés de bonne qualité.
Baisse de 15% des céréales
Ainsi, sur l’année calendaire, qui prend en compte deux demi-campagnes, le trafic céréalier est en baisse de 9,05% à 174 573 t sur le port de Tonnay Charente. « Les premiers mois de 2020, avec une bonne campagne céréalière n’ont pas permis de compenser les pertes du second semestre », explique Céline Viron, directrice du Syndicat mixte du port de commerce de Rochefort/Tonnay-Charente. Les exportations accusent un repli de 15,3% quand les importations progressent de 20% à 40 377 t. L’autre courant du port de Tonnay-Charente se compose de sable. Si le trafic reste « marginal », selon la direction du port, il a progressé de 20,6% à 40 377 t.
Bois: baisse de 23%
Parmi les trafics majeurs du port de Rochefort, les bois sciés interviennent pour une grande part. En 2020, le port de Rochefort accuse une baisse de 23% sur cette filière à 72 135 t. La fermeture des usines de ISB (Innovative and Smart Building) a suspendu les approvisionnements de cette société par le port rochefortais.
Diversification sur l’économie circulaire
Les deux ports charentais ont développé depuis quelques années des trafics en lien avec l’économie circulaire. Le port traite des pneus broyés, de la ferraille et des copeaux de bois exportés sur l’Europe. Cette filière du recyclage s’impose comme un avenir pour le port. D’ailleurs, en 2020, le port de Rochefort a vu son trafic de ferrailles perdre « seulement 4% », précise Céline Viron, à 31 823 t.
Hausse des pneus broyés
Quant aux bois broyés, leur trafic s’est sensiblement réduit avec une diminution de 50% à 6 342 t. Une diminution qui se compense globalement par la hausse du trafic des pneus broyés d’environ 50% à 11 960 t. Les matériaux de construction connaissent pour leur part un retrait de trafic en raison de la baisse d’activité du BTP. Le trafic de ciment blanc gagne du volume. Il augmente de 22,2% à 28 026 t. Quant à la tourbe importée de Pologne, elle gagne 17,3% à 15 735 t.
Une étude pour diversifier les trafics
Dans ce contexte, la direction des ports de Rochefort Tonnay-Charente a dirigé une étude d’opportunité et de diversité. « La filière céréalière pèse lourdement dans nos trafics. Nous voulons trouver des sources de diversification comme nous le faisons avec la filière de recyclage et agir sur le transport maritime à courte distance », explique Céline Viron.
Premier trafic sur l’Afrique du nord
En 2020, le trafic céréalier de Tonnay-Charente a perdu de son volume en raison des destinations des produits sur les pays tiers. « Sur la campagne 2019/2020, les trafics céréaliers ont été exportés vers les pays tiers, marché que nous touchons peu ». Et pour faire mentir la directrice du Syndicat mixte du port de commerce de Rochefort/Tonnay-Charente, le port a exporté ses premiers lots de céréales vers l’Afrique du nord ainsi que la Grèce.
Retour du dossier de la desserte routière de Tonnay-Charente
Pour se préparer à diversifier ses trafics, le port s’appuie sur la confiance que les collectivités locales lui apportent. Dans un premier temps, l’amélioration de la desserte routière du site de Tonnay-Charente revient sur le devant de la scène. Ce dossier, vieux de 20 ans, pourrait trouver une solution en 2021. « Nous entamons les études techniques et environnementales pour aboutir cette année », espère Céline Viron. Il s’agit de créer une voie routière entre le port et la Timac Agro le long du fleuve. D’autre part, le port s’est porté candidat à la reprise de terrains SNCF le long de la Charente. Ces espaces fonciers doivent permettre d’accueillir de nouveaux clients voire de nouvelles filières.
Réhabilitations des appontements et terre-pleins
Du côté des infrastructures, le port engage des travaux de réhabilitation qui seront financés par le Plan de relance. Des travaux qui recevront une subvention de 2,6 M€. En premier lieu, l’appontement de Tonnay-Charente sera réhabilité. Il permettra l’amarrage de deux navires simultanément. Ensuite, les terre-pleins de Rochefort seront aussi réhabilités avec la possibilité de récupérer les eaux pluviales. Enfin, un hangar installé dans le port de Rochefort sera démoli. Cet entrepôt sera reconstruit pour être exploité par la société ISB. « L’entrepôt est devenu trop vétuste pour être exploité. La société ISB a décidé d’investir 2M€. Nous leur apportons une installation de stockage ».
Fort de ces projets, la direction du port est optimiste pour 2021. « Les acteurs économiques sont optimistes. Il faut concrétiser cet optimisme. Nos ports sont bien dimensionnés et nous avons démontré notre capacité à travailler sur les pays méditerranéens et d’Europe du nord », conclu Céline Viron.
Photo de Une avec l’aimable autorisation de Philippe César.