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Assurances : les tendances des sinistres maritimes selon Allianz

Dans son édition de novembre, AGCS (Allianz Global Corporate & Speciality) détaille les tendances des sinistres maritimes. Avec des navires plus importants et une hausse des valeurs transportées, les sinistres vont s’avérer plus onéreux.

Le document publié par AGCS détaille les cinq tendances des sinistres maritimes. L’assureur a étudié les tendances des sinistres en prenant en considération 240 000 déclarations qui ont représenté environ 9,2 Md$ d’indemnités entre le 1er janvier 2017 et le 31 décembre 2021.

Les incendies : première cause de sinistres

La première cause de sinistres maritimes demeure l’incendie, « qui a dépassé le naufrage et la collision », indique l’étude d’AGCS. Ainsi, le feu à bord des navires a pesé, sur l’échantillon, 18% des indemnités, soit environ 1,65 Md$. Un montant qui progresse puisque sur les cinq ans de juillet 2013 à juillet 2018, la proportion des incendies ne représentaient que 13%.

Augmentation des incendies dans les navires de grande taille

Le nombre d’incendies dans les navires de grande taille a augmenté au cours des dernières années. Ces feux sont causés par les marchandises à bord des navires. Quand ils se déclarent, il est parfois difficile de les éteindre en raison de leur position dans le navire. Ainsi, l’incendie se propage aux autres marchandises avec des dégâts importants pour le navire et les marchandises, voire les membres d’équipage.

Des incendies liés à des omissions de déclaration

Selon l’assureur, la principale cause de ces incendies tient à des omissions dans les déclarations de marchandises. Lors de son dernier congrès, IUMI (association internationale des assureurs maritimes) a révélé le nombre croissant d’incendies en provenance de la salle des machines « qui révèlent des risques liés aux compétences de l’équipage et aux nouvelles technologies ».

Les risques liés aux batteries lithium-ion

D’après le document d’AGCS, la tendance actuelle montre que les batteries au lithium-ion sont de plus en plus la cause des feux. Utilisées pour les voitures, les téléphones portables et autres produits hi-tech, ces batteries ont tendance à s’enflammer lorsqu’elles sont mal stockées ou transportées. Ces incendies surviennent à bord de porte-conteneurs mais aussi de rouliers transportant des voitures électriques ou hybrides. Et le document de rappeler que ce phénomène peut être à l’origine de l’incendie du Felicity Ace. Pour y faire face, les équipages ne disposent pas toujours de moyens techniques suffisants pour éteindre définitivement les incendies.

Le gigantisme source de risques plus importants

La seconde tendance des sinistres maritimes se manifeste par l’augmentation de la taille des navires. Un feu intervenant sur une marchandise dans un grand navire peut se propager rapidement à l’ensemble du navire avec des conséquences lourdes sur le montant des indemnités. De plus, ces navires de grande taille impliquent souvent des frais lors d’échouage important. Le monde se souvient du blocage du canal de Suez par l’Ever Given pendant plusieurs semaines et surtout les moyens nécessaires à mettre en œuvre pour le libérer.

Des navires plus grands et des marchandises aux valeurs plus élevées

La taille des navires et la valeur des marchandises embarquées ont aussi un impact. Ainsi, le sinistre lié au renversement du Golden Ace au large des États-Unis a coûté plus de 1 Md$ pour les assureurs. Le navire transportait de nombreuses voitures haut de gamme. De plus, avec l’inflation qui s’établie aujourd’hui aux environs de 10%, la valeur de toutes les marchandises augmente. Dans le même temps, les risques augmentent.

Un défaut dans le stockage et le transport de certaines marchandises

La troisième tendance des sinistres maritimes demeure les dommages aux marchandises. Le manque de soins mis au stockage dans les conteneurs, à la manutention et l’emballage reste la principale cause de ces dommages. Autre souci à venir, le retour sur le marché de conteneurs en fin de vie. En effet, face à la demande croissante, les propriétaires de conteneurs ont réintroduit dans le marché des boîtes qui étaient destinés à la casse. Elles présentent parfois des défauts d’étanchéité qui peuvent entraîner des dommages aux marchandises.

Les perturbations logistiques ont augmenté les risques

La quatrième tendance des sinistres maritimes est à mettre au passif des perturbations logistiques qui se sont matérialisées pendant la croissance économique de 2021 et du début 2022, indique l’étude d’AGCS. Après la crise sanitaire, dont les effets sont toujours pendants en Chine, les cyber-attaques, le conflit en Ukraine, le transport maritime a subi de nombreux retards avec, par voie de conséquences, des délais d’attente dans les ports. Ajoutés ces phénomènes, le manque de main d’œuvre des emplois logistiques, des navires aux tailles démesurées et des aires de stockage portuaires saturées, les risques pour les marchandises augmentent en proportion. « La pression mise sur les équipages et les navires est telle que certaines décisions sont prises rapidement avec des conséquences importantes lors d’un sinistre », explique Nitin Chopra, capitaine et consultant pour les risques maritimes chez AGCS.

Les effets du réchauffement climatique

Enfin, les tendances des sinistres maritimes sont aussi impactées par les effets du réchauffement climatique. Les catastrophes naturelles pèsent lourd dans la sinistralité maritime. Le quart (25%) des pertes totales est liée à une catastrophe naturelle, indique le document d’AGCS. La sécheresse de l’été 2022 a limité la navigation sur certains fleuves comme le Rhin ou le Mississippi. Quant aux évènements climatiques, ils impliquent la perte de conteneurs en mer lors de mers formées.

Les nouvelles règlementations environnementales entraînent de nouveaux risques

Quant aux nouvelles règlementations environnementales, elles modifieront le risk management des sociétés. L’emploi de fuels alternatifs comme le GNL, le méthanol ou encore l’hydrogène vert vont générer de nouveaux risques que les armateurs devront prendre en compte dans leur couverture d’assurance. De plus, le sinistre du Julia D, entré en collision avec une éolienne offshore, fait apparaître de nouveaux sinistres. L’implantation prochaine de nombreux champs offshores éoliens en Europe montre que ces installations peuvent être source de sinistres à répétition. Selon l’institut néerlandais Marin, le développement de ces champs éoliens peut faire accroître le risque d’une collision d’un navire avec une éolienne entre 1,5 fois à 2,5 fois par an.