Céréales : une première moitié de campagne attentiste en France
Les volumes d’exportation des céréales sont en hausse en France sur la première moitié de la campagne 2021/2022 sans retrouver les niveaux d’avant la crise. Les autres pays exportateurs ont pris des positions en l’absence de la France.
La campagne céréalière française a démarré doucement en France. Sur les six premiers mois de la campagne, le bilan français des exportations de grains totalise 24,5 Mt. Un chiffre en hausse de 18,8% par rapport à la campagne précédente. Or, cette campagne a été parmi les plus faibles depuis plusieurs années.
Un retard pas encore comblé
À comparer les chiffres avec ceux de la campagne 2019/2020, le bilan général reste en baisse. Les exportations françaises de grain ont perdu 28,4%, en comparant le bilan à moitié de la campagne actuelle avec celle de la campagne 2019/2020. D’une campagne à l’autre, la France rattrape son retard sans combler entièrement le déficit.
La plus forte progression des exportations se réalise sur l’Union européenne qui voient l’ensemble des trafics progresser de 32,6% à 17,5 Mt. Les échanges avec les pays tiers ont, pour leur part, progresser de 2,7% à 11,6 Mt.
Le contexte politique a joué
Au global, après une campagne 2020/2021 difficile, la France revient sur les marchés internationaux sur la pointe des pieds. « Les opérateurs s’interrogent dans un contexte politique et économique complexe », a indiqué Marc Zribi, chef de l’unité grains et sucre de FranceAgriMer.
En effet, les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie naviguent dans des eaux incertaines. L’Algérie a toujours été un des principaux marchés d’export des blés français. Sur le premier semestre de la campagne, l’Algérie a favorisé des achats de blé russe, et ce malgré une meilleure compétitivité des produits français.
Chine: l’optimisme est de rigueur
Cette baisse de régime des échanges avec l’Algérie ne doit pas faire oublier les bons résultats obtenus sur des pays comme le Maroc et la Chine. Sur les six premiers mois de la campagne, la France a exporté 1,4 Mt de blé tendre vers l’Empire du milieu. Un chiffre en retrait par rapport à la campagne précédente mais, les opérateurs restent optimistes sur cette destination. « Les commandes chinoises de la seconde moitié de la campagne pourraient faire bouger les choses », continue Marc Zribi.
Bonne réalisation sur le Maroc et le Royaume-Uni
Quant au Maroc, les flux en sortie de France restent meilleurs. Ils ont progressé de 69% à 354 000 t. D’autre part, les échanges avec le Royaume-Uni, considéré comme pays tiers depuis sa sortie de l’UE ont quadruplé passant de 58 000 t à 211 000 t sur cette première moitié de campagne. La baisse de la qualité des blés britanniques a amené les opérateurs à se tourner vers les marchés internationaux.
Blé dur: en progression sur l’UE
Enfin, dernier élément à noter sur cette moitié de campagne, la bonne progression des exportations de blé dur vers le marché européen. Avec 900 000 t réalisées à fin décembre, les blés durs français profitent de la forte demande italienne. Habitués à s’approvisionner depuis le Canada, les Italiens ont dû trouver d’autres origines en raison de la mauvaise récolte de 2021. La France a su tirer son épingle du jeu.
Les limitations en Ukraine et Russie
Il reste encore six mois aux opérateurs français pour combler le retard acquis sur la campagne 2019/2020. Les principaux concurrents français que sont la Russie et l’Ukraine doivent néanmoins composer avec les limitations imposées par les gouvernements respectifs. L’Ukraine a exporté 33,1 Mt de juillet à décembre, soit 53% de ses objectifs.
Des volumes en progression de 30,3% par rapport à la campagne précédente. Sur le blé, un accord entre le gouvernement et les exportateurs fixe à 25,3 Mt le volume à exporter. Une mesure destinée à éviter des hausses trop fortes des prix dans le pays. Or, avec 23,5 Mt de blé exportées à fin décembre, l’Ukraine pourrait se raréfier sur la seconde partie de la campagne.
Russie: la taxe à l’exportation augmente
Du côté de la Russie, les exportations de blé, maïs et orges s’élèvent à 20,6 Mt, en baisse de 26% par rapport à la campagne précédente. Depuis le 2 juin, a expliqué Marc Zribi, Moscou a mis en place une taxe à l’exportation pour limiter les sorties de céréales. Au 29 décembre, cette taxe se monte à 94,9 $/t contre 94$/t la semaine précédente pour le blé. Elle est de 83,5 $/t sur les orges et de 69$/t sur le maïs.
Ces taxes ont quelque peu ralenti les expéditions de blés russes mais le pays dispose de ressources pour rester sur les marchés internationaux au cours de la seconde mi-temps de la campagne. En effet, ils ont réalisé 55% de leur volume de blé à exporter, 63% des orges et 23% de leurs objectifs sur le maïs.
La logistique pour améliorer la compétitivité des produits français
L’atout français demeure. La qualité et la quantité disponible à l’export doit permettre aux opérateurs français de trouver une place sur les marchés internationaux. La baisse des taux de fret des vracs secs devrait avantager la compétitivité des produits français. Depuis le début du mois de décembre, le Baltic Dry Index n’a eu de cesse de baisser. Il est passé de 3352 points le 6 décembre à 1644 points le 19 janvier, soit une baisse de 103%. Une baisse tirée par l’absence de demande chinoise en charbon et minerais qui a eu un effet baissier pour les Capesizes. Du côté des Panamax, cette diminution de l’indice reste moindre. Ce type de navire a vu ses taux de fret perdre 21%. La logistique pourrait améliorer la compétitivité des blés français.