Corridors et logistique

Conteneurs : les taux de fret continuent de croître

Dans son analyse du 28 avril, le consultant Xeneta constate la hausse continue des taux de fret sur les principales routes maritimes. L’Europe voit ses flux progresser rapidement. Pour les armateurs la situation reste profitable. Du côté des chargeurs, la tendance serait plutôt à créer un « compte propre » maritime.

La situation dans la conteneurisation ne tend pas à s’arranger. Fin mars, les opérateurs estimaient que les choses pouvaient s’améliorer si la Chine ne décidait pas d’un nouveau confinement. Il n’en a rien été et Pékin a mis sous cloche toute la région de Shanghai, le premier port conteneurisé mondial. Si le port a continué son activité, les dessertes terrestres ont été largement touchées par ce nouveau confinement.

Avril, troisième mois de hausse consécutive

Alors, la baisse, voire la stabilité, des taux de fret n’a pas eu lieu. Pour Xeneta, le mois d’avril a été le troisième mois consécutif de hausse des taux de fret. Une augmentation de 11,1% des taux qui signifie une progression de 109,9% en un an. La combinaison entre la croissance de la demande, la stratégie des armateurs et le confinement en Chine donnent des cheveux blancs aux chargeurs.

Les importations européennes ont progressé de 107,3% en un an

C’est en Europe que les développements ont été les plus forts selon les relevés réalisés par Xeneta. Les importations ont augmenté de 16,8% en avril, soit 107,3% sur un an. Pour leur part, les exportations ont progressé de 10,3% en un mois, avec une hausse de 102,8% en un an. En Asie, les chiffres sont plus faibles avec une progression, en avril, de 0,88% pour les importations, ce qui porte la progression annuelle à 52,3% et des exportations qui augmentent de 9%, soit 127,7% sur un an. Aux États-Unis, les importations sont toujours orientées à la hausse avec une progression, en avril de 9%, soit 109,7% en un an. Dans le même temps, les exportations semblent se contracter, voire baisser, avec une progression de 0,8%.

Les armateurs gardent leur pouvoir

Dans ces conditions, les armateurs maintiennent leur stratégie vis-à-vis des contrats à long terme. « Les chiffres tirés de nos contributeurs sont un chose, les performances financières des armateurs en est une autre », indique Patrik Berglund, président directeur-général de Xeneta. « Ils récoltent d’énormes bénéfices dans un marché en pleine ébullition ». Et pour appuyer ses dires, Patrik Berglund rappelle que la filiale de Cosco, OOCL, a déclaré une hausse de 71% de son chiffre d’affaires sur le premier trimestre à 5,1 Md$. Mærsk s’inscrit dans la même veine avec un chiffre d’affaires de 19,3 Md$, au-delà des attentes des analystes financiers. Les armateurs disposent d’un pouvoir qu’ils ne souhaitent pas laisser, indique le PDG de Xeneta.

Les blanks sailings toujours d’actualité

Pour les semaines à venir, Patrik Berglund estime que le confinement de la région de Shanghai aura encore des impacts sur les exportations chinoises. Face à ce phénomène, Mærsk et MSC ont déjà annoncé des annulations de services (blank sailings) entre la Chine et l’Europe en mai. Autre phénomène nouveau, le basculement depuis les ports de la côte ouest des États-Unis vers ceux de la côte est. Une tendance qui a pour effet de réduire la congestion portuaire à l’ouest. Quant à savoir si demain le port de New York pourrait être aussi congestionné par cette stratégie, il n’est rien dit. Pour faire face à ces changements, les chargeurs veulent reprendre en main leur destin, à l’image de Lidl qui a affrété trois navires et a annoncé vouloir en acquérir un quatrième. En ce sens, l’opérateur allemand suit le mouvement initié par Ikea, Amazon et Home Depot.