Corridors et logistique

La Deutsche Bahn veut céder ses activités logistiques

Une dépêche de Reuters a annoncé le 8 septembre la cession des activités logistiques de DB Schenker. Une cession qui se réalise après un premier semestre tonitruant. Cette cession pourrait créer un groupe logistique gigantesque.

Est-ce le retour dans une phase de consolidation chez les commissionnaires en transport ? Difficile de le dire. Le contexte annoncé de tassement de la croissance économique incite les opérateurs à se concentrer sur leur métier d’origine. Ainsi, le groupe DB Schenker a annoncé le 8 septembre la cession de ses activités logistiques.

Une cession entre 12 Md€ et 20 Md€

L’annonce a été dévoilée par l’agence de presse Reuters le 8 septembre. Elle indique que le gouvernement et la société ferroviaire Deutsche Bahn ont décidé d’un commun accord de céder Schenker Logistics. La dépêche de Reuters précise que cette vente pourrait rapporter entre 12 Md€ et 20 Md€.

Une cession politique

Selon la dépêche, cette cession s’inscrit dans la ligne politique de la coalition au pouvoir depuis cette année. Les Sociaux-démocrates d’Olaf Scholz et ses partenaires dans la coalition, les Verts et les Démocrates libéraux, n’ont jamais caché leur intention de voir la Deutsche Bahn se recentrer sur son métier du transport de passagers.

La décision interviendra cette année

Selon des sources proches du dossier citées par Reuters, la cession pourrait être décidée avant la fin de l’année et se faire soit par l’ouverture du capital soit par une cession directe. Cette annonce intervient quelques semaines après la publication des résultats financiers semestriels de la société. Avec un chiffre d’affaires de 27,9 Md€ sur le premier semestre, DB Schenker affiche une croissance globale de ses revenus de 28,4%. L’Ebitda a grimpé à 682 M€ sur ce semestre, avec une progression de plus de 152%.

Baisses de volumes sur le fret

Ces chiffres concernent l’ensemble des activités du groupe. La division en charge du transport de marchandises n’a pas eu la même réussite sur le premier semestre. En effet, l’activité aérienne affiche une baisse de 5,4% de son trafic à 673 300 t. Quant au maritime, avec 966 200 EVP transportés, la division logistique du groupe voit ses volumes se réduire de 3,4%. Enfin, le transport terrestre perd 5,5% pour se situer à 53,2 millions d’expéditions réalisées.

La situation se détériore depuis avril

Pour le groupe allemand, la situation économique connaît un retournement depuis le mois d’avril. Les premiers mois de l’année ont continué sur la lancée de 2021 avec une croissance des échanges. Depuis le mois d’avril avec le confinement en Chine, l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les mesures européennes pour réduire la dépendance du continent au gaz russe change les fondamentaux du marché. Les prochains mois n’apparaissent pas aussi bénéfique que le début de l’année.

Un recentrage sur le passager

Alors, en cédant sa division logistique, le groupe allemand pourra se recentrer sur son activité du transport de passagers. Pour les observateurs, il faudra observer quelle société pourrait acquérir une structure comme celle-là. Plusieurs options sont à envisager. La première serait de voir une compagnie maritime étendre son réseau en reprenant ce groupe, comme Mærsk l’a fait pour d’autres sociétés. Les yeux se tournent vers Hapag Lloyd ou encore le français CMA CGM. Une opportunité pour ces armateurs de devenir des intégrateurs de premier plan.

Créer un géant mondial de la logistique

La deuxième alternative sera de voir un autre commissionnaire s’offrir le réseau de DB Schenker. Or, le groupe allemand se situe à la septième position du classement des commissionnaires réalisé par Upply. Soit, DB Schenker est repris par un des principaux groupes mondiaux comme Khuene & Nagel ou DHL pour former un géant de la commission de transport. Soit, parce que 2021 et le début de 2022 a été profitable, un groupe de moindre importance qui a su se constituer un « trésor de guerre » s’offre DB Schenker. Dans tous les cas, le futur groupe aura une dimension mondiale de premier plan.

Le nationalisme économique réactivé?

Dernière alternative, comme avec Hapag Lloyd, le gouvernement allemand fait appel au « nationalisme économique » et incite un groupe allemand et des partenaires nationaux à reprendre cette activité. Hormis Hapag Lloyd, qui a vu ses bénéfices croître de façon importante en 2021, la liste des repreneurs potentiels est courte.