Feport : ne pas confondre autorités portuaires et opérateurs de terminaux
Dans la dernière édition de sa newsletter, la déléguée générale de la Feport, Lamia Kerkoudj-Belkaid, revient sur les conclusions du One Ocean Summit pour préciser quelques éléments essentiels sur les opérateurs portuaires.
Le colloque One Ocean Summit, organisé par la France à Brest, a démontré l’implication de nombreux opérateurs portuaires dans la stratégie européenne en faveur de la décarbonation des activités maritimes et portuaires. Ce colloque a permis de constater que « de nombreux opérateurs sont disposés à s’engager dans la protection de la biodiversité, les océans et de réduire drastiquement l’empreinte carbone du transport maritime », indique la dernière newsletter de la Feport.
Une déclaration finale pas en phase avec les intentions exprimées
La stratégie européenne en faveur de la décarbonation, « Fit for 55 » semble bien engagée. Cependant, la déclaration finale de ce sommet n’est pas toujours en rapport avec les déclarations faites au cours de ce sommet, pour Lamia Kerkoudj-Belkaid. « Il est inattendu de lire dans la déclaration finale les engagements des opérateurs de terminaux qui n’ont pas été réellement impliqués dans les discussions. Une confusion fréquemment faite sur le rôle de chaque intervenant dans la logistique portuaire ».
Les autorités portuaires ne sont pas les opérateurs privés
Et Lamia Kerkoudj-Belkaid de rappeler que dans la majorité des ports européens, les autorités portuaires représentent des municipalités, des régions ou des États. Ils sont responsables de la construction et de la gestion des infrastructures portuaires quand les sociétés privées gèrent les terminaux et assurent leur gestion commerciale et des investissements dans les superstructures, les équipements et la formation des salariés portuaires.
« Quand il s’agit de la décarbonation de leurs activités, les opérateurs privés, autorités portuaires et opérateurs de terminaux, investissent sur leurs fonds propres pour verdir leurs équipements ». C’est cette répartition des tâches entre autorité portuaire et opérateurs de terminaux qui semble ne pas avoir été intégrée dans la déclaration finale du One Ocean Summit.
Les opérateurs de terminaux déclarent leur engagement
En effet, dans la déclaration finale, il est précisé que « les autorités portuaires représentant les principaux points d’entrée maritime (…), les opérateurs de terminaux ainsi que les institutions financières signataires, déclarent leur engagement commun à faire leurs meilleurs efforts pour déployer, d’ici 2028, le branchement électrique à quai, notamment en faveur des croisières et porte-conteneurs. À récompenser l’escale des navires les plus vertueux au moyen de mécanismes incitatifs tels que ceux basés sur l’index environnemental des navires (ESI) ou le programme Green Award, qui permettent de réduire les frais d’escale et de manière générale à valoriser les actions en faveur de l’amélioration du bilan environnemental du passage portuaire.»
Offrir un accès à ces infrastructures pas les construire
Alors, pour la déléguée générale de la Feport, ce verbatim n’intègre pas le rôle de chaque acteur de la logistique portuaire. « Comment pouvons-nous attendre que des opérateurs de terminaux, qui sont des sociétés privées, s’engagent à financer les infrastructures pour des fuels alternatifs ? » Il apparaît inconcevable pour la Feport que ses membres investissent dans ces infrastructures sans avoir la certitude que ces installations seront utilisées par leurs clients et sans assurance d’un retour sur investissements. « Les opérateurs privés offriront un accès à ces infrastructures pour leurs clients quand elles seront construites et que la demande pérenne sera prouvée », prévient la déléguée générale de la Feport.
Les parlementaires en phase avec la Feport
Et pour finir, la Feport rappelle qu’elle ne soutient pas les amendements à la stratégie Fit for 55, et plus particulièrement les changements du règlement sur les infrastructures des fuels alternatifs (AFIR), qui transfère la responsabilité du déploiement de ces installations des autorités portuaires aux opérateurs de terminaux. Du côté des parlementaires européens, certains se positionnent en lien avec la Feport. Ils ont déclaré “qu’il n’existe pas de raisons objectives pour passer la patate chaude de ces infrastructures aux opérateurs privés des ports”.