FNPD CGT : sept propositions de réflexion pour le développement des ports
Le 21 octobre, la FNPD CGT a publié un document présentant ses propositions pour le développement des ports français. La centrale syndicale y affine ses propositions pour la relance des ports français.
En 2017, la FNPD CGT a présenté un document dans lequel elle proposait des pistes pour le développement des ports français, Grands ports maritimes et ports décentralisés. Le document, intitulé « Relance des ports français, de la parole aux actes : l’urgence », a reçu un accueil favorable des acteurs économiques, institutionnels, des collectivités et des pouvoirs publics, indique la centrale syndicale.
Des propositions complémentaires
Les propositions de la FNPD CGT partaient d’un constat : « nos ports français restent décrochés en termes de part de marché, la France ne dispose pas d’une véritable stratégie pour nos ports, la concurrence entre les ports d’un même territoire est réelle, l’investissement est insuffisant ». Cinq ans après la publication du document, la situation n’a guère changée. Pour abonder dans son intention de voir un développement des ports, la FNPD CGT revient avec de nouvelles propositions complémentaires.
Refuser la dérégulation
Le document souhaite apporter de nouveaux éléments au précédent document. Pour la FNPD CGT, deux raisons imposent ces nouvelles propositions. La première vise à « détordre la réalité de certains constats qui déboucheraient systématiquement sur la nécessité d’une plus grande dérégulation, d’une plus forte libéralisation de nos activités et d’une casse sociale par la remise en cause de nos accords sociaux ». Quant à la seconde, elle s’impose pour rappeler « le rôle d’un port dans une vision plus grande et plus ambitieuse que la seule logique comptable entretenue depuis plusieurs décennies. »
Sept propositions entre investissements et attractivité sociale
Compte tenu de la situation actuelle, la FNPD CGT expose ses sept propositions pour le développement des ports français. La centrale syndicale propose :
- Faire des ports des investisseurs : Elle estime qu’il faut débloquer 10Md€ tant par les autorités publiques que les sociétés de manutention dans les cinq prochaines années ;
- Les ports doivent s’inscrire comme les garants de la continuité en considérant le dragage comme un outil d’intérêt national ;
- Les ports contre le renoncement industriel : 1 tonne contre 1 tonne ;
- Les ports comme outils industriels et logistiques : pour le développement des activités pourvoyeuses de main d’œuvre ;
- Des ports garants de la stabilité : une gouvernance stable et un modèle de gestion public ;
- Des ports garant de l’attractivité sociale ;
- Des ports maillés et qui s’inscrivent dans la stratégie de report modal : 30 % de marchandises par les fleuves et le fer, c’est possible.
Investir pour renforcer la fiabilité
S’agissant des investissements, la FNPD CGT demande qu’une partie des dividendes des autorités portuaires soit investie dans les infrastructures et l’outil industrialo-portuaire. L’État et les collectivités locales doivent participer à cet effort au travers des CPER (Contrat de plan État-Région). Enfin, les sociétés de manutention doivent aussi être partie prenante de ces investissements « permettant à nos ports de renforcer leur fiabilité technique et la fluidité des opérations », précise le document de la FNPD CGT.
Sanctuariser le dragage
Concernant le dragage, la centrale syndicale plaide en faveur d’une « pérennité de la dotation dragage est une nécessité absolue. Il faut la respecter, la sanctuariser sans contrepartie et sans recherche de gains de production », continue le texte.
Une politique industrielle ambitieuse
S’agissant des trafics, les mutations que vivent les ports sont inéluctables, confirme la FNPD CGT. Pour cela elle souhaite une « politique industrielle ambitieuse en réduisant les menaces sur nos activités industrielles et en travaillant à la substitution de tonnes contre des tonnes. Ainsi, pour une tonne industrielle de perdue, une tonne « relais de croissance » doit pouvoir émerger. »
Sanctuariser le foncier portuaire
Quant à la gestion de l’espace foncier entre milieu urbain et milieu portuaire, la centrale syndicale revendique « la sanctuarisation des espaces fonciers et la préservation des zones industrialo-portuaires au sein des villes en lien notamment avec la réparation navale. »
Une gestion publique et stable
Autre point de revendication, la demande pour une gestion publique et une gouvernance stable. Les défaillances, continue le texte du syndicat, vient d’une « absence de vision claire et de long terme ». Pour y remédier, elle propose la mise en place « d’une gouvernance publique, « au service de l’intérêt national. »
Instauration de clauses sociales respectueuses de la CCNU
L’aspect social doit aussi être pris en compte dans le cadre de cette relance. La centrale syndicale reconnaît la diversité des métiers dans les ports mais rejette toute forme de « dumping social ». Elle demande que soient instaurées des « clauses sociales garantes du respect de la CCNU (Convention collective nationale unifiée) dans les concessions, dans les appels d’offre et pour le territoire. »
Multimodalité : être plus prescriptif à l’égard des logisticiens
Enfin, la FNPD CGT souhaite que soit développée la multimodalité dans les prés et posts acheminements portuaires. Elle souhaite le développement de ces modes en favorisant les interconnexions mais aussi en étant « plus prescriptifs à l’égard des logisticiens. » Elle appelle à une véritable « stratégie de report modal » destinée à intégrer les ports dans les RTE-T. Ces derniers doivent être vus comme « un levier de développement économique et social important » et non pas une mise en concurrence entre les ports.
Des réformes qui n’ont pas atteint leurs ambitions
Outre ces propositions, le document de la centrale syndicale rappelle sa position à l’égard de certains développements récents. Ainsi, elle souligne le manque de développement des trafics depuis les années 2000 et cela, malgré les réformes intervenues. « La réforme de 2008 n’a pas permis d’atteindre les ambitions escomptées ». Le coupable ? l’absence d’un État coordinateur et planificateur.
Une Stratégie Nationale Portuaire avec une vision libérale
Pour le syndicat majoritaire dans les métiers portuaires, la Stratégie nationale portuaire a révélé les constats dressés quelques années plus tôt par le syndicat. Son défaut, explique la FNPD CGT, vient d’une lecture trop libérale faite par les politiques de l’époque. Cette Stratégie vise à mettre en place des plans d’objectifs et de performance alors que les projets stratégiques existent, continue le syndicat. Elle manque d’une vision à moyen terme et d’un équilibre entre la volonté d’accélérer la transition écologique et la préservation et le développement des emplois.
La complémentarité entre les ports contre la logique d’axe
Le syndicat demande alors que soit revue la gouvernance et notamment dans sa déclinaison d’axes. Elle appelle à une complémentarité entre les ports « a contrario de la stratégie d’axes constitue la réponse permettant de maintenir l’autonomie et la connexion des places portuaires, le développement et le maintien des emplois portuaires évitant la recherche de gains de productivité dans les fonctions sièges et supports souvent au détriment du sens et des conditions de travail, au détriment également de la qualité rendue. » Dans cet ordre d’idée, la FNPD CGT s’oppose à l’émergence de structures du type de Haropa. Elles sont le vecteur d’une doctrine du « faire plus, peut-être mieux, avec moins voire beaucoup moins ».
Refuser la précarité sur les terminaux
Quant à l’aspect social, le syndicat regrette d’être pointé du doigt comme étant à l’origine des dysfonctionnements portuaires. Elle rappelle que les différents rapports ont démontré que « le coût du travail était un facteur marginal dans le coût du passage portuaire », souligne le document du syndicat. Alors, « il est intolérable pour notre Fédération d’accepter la précarité sur les terminaux et sur les quais, alors que les employeurs seraient tentés de mettre en place une main-d’œuvre d’ajustement malléable et flexible à souhait ». Dans ce contexte, la FNPD CGT réitère sa position considérant la convention collective nationale unifiée (CCNU) « comme un socle solide garantissant la fiabilité sociale, la compétence des travailleurs au travers du niveau et de la qualité de la formation professionnelle ».