Corridors et logistique

L’agroalimentaire s’alarme des conditions du marché maritime

Dans un courrier daté du 29 mars, plusieurs organisations des professionnels de l’agroalimentaire appellent le gouvernement à réagir face aux conditions actuelles du marché maritime.

Le courrier envoyé par les organisations professionnelles appelle le gouvernement a une réaction face aux difficultés que les exportateurs de la filière rencontrent actuellement. Parmi les signataires se retrouvent les exportateurs et producteurs de volailles, de pomme de terre, de céréales (par le biais d’Intercéréales et du Synacomex), de la viande porcine notamment.

Mettre en place des dispositifs nationaux

Les organisations professionnelles demandent au gouvernement de mettre en place des dispositifs nationaux permettant d’atténuer les difficultés des exportateurs. Aujourd’hui, seules les entreprises exportatrices supportent la charge de ces éléments, soulignent les organisations professionnelles. « Cela nuit à la compétitivité des exportations françaises qu’il convient de soutenir dans cette période spécifique, le temps qu’un dispositif au niveau européen soit opérationnel. »

Depuis les grèves de 2019 au conflit russo-ukrainien

Ces professionnels s’inquiètent de la situation qui perdure dans le transport maritime et la logistique portuaire. « Cette situation initialement conjoncturelle, liée aux grèves, à la pandémie de la COVID puis au conflit russo-ukrainien perdure depuis fin 2019 et met en évidence des faiblesses structurelles françaises, tant au niveau de l’encadrement des relations commerciales avec les compagnies maritimes que de l’attractivité et de la compétitivité des grands ports maritimes français », indique le courrier.

Un danger pour les exportations françaises

Pour les organisations professionnelles, le danger existe pour les exportations françaises agricoles et agroalimentaires. Depuis les mouvements sociaux de 2019, « les exportateurs français n’ont jamais retrouvé les conditions d’exportations normales et propices au maintien et au développement de leurs activités. Ces conditions disproportionnées conduisent à une situation de crise (…) et beaucoup sont à bout de souffle tant au niveau humain que financier. »

Revenir sur le règlement sur les consortia

Pour les exportateurs français, cette situation est aussi à mettre au crédit de l’application du règlement européen de 2009 qui accorde une exemption de catégorie aux consortia. En accordant cette dérogation, l’Union européenne donne aux compagnies maritimes un pouvoir disproportionné « et pénalise lourdement les exportateurs français. Cette situation n’est pas tenable humainement, financièrement et commercialement », continue le courrier. Dans son courrier, la filière agroalimentaire indique que le prolongement de ce dispositif est prévu jusqu’en 2024. Ce règlement européen leur permet d’imposer une politique tarifaire unilatérale « sans apporter de service fiable ».

Une forte tension sur le transport terrestre

Outre les perturbations logistiques, les organisations professionnelles s’inquiètent de la situation plus particulière de la France. En effet, les professionnels de la filière soulignent de la forte tension sur la partie transport terrestre (manque de transporteur, causant d’importantes files d’attente à l’entrée des terminaux et une saturation des rendez-vous). De plus, « les annulations d’escale dans les ports français, avec de très courts délais de prévenance, engendrent un engorgement des ports et une saturation des prises de branchement qui ne peuvent pas accueillir de nouveaux conteneurs et obligeant les chargeurs à trouver des alternatives de stockage et de branchement de conteneurs pleins à leurs propres frais.. C’est un cercle vicieux dont l’issue finale pour les produits est toujours en défaveur de l’exportateur français », continuent les organisations professionnelles.

Une compétitivité faible pour les produits français

Encore, à la hausse importante des taux de fret, « multipliés par deux depuis 2019 », selon les professionnels de l’agroalimentaire, la refacturation aux chargeurs des frais de stationnement dans les ports français joue en défaveur de la compétitivité des produits nationaux. Pour les professionnels la « compétitivité de la filière est déjà en-deçà de celle de plusieurs autres pays. » Et ces frais sont plus importants pour les produits à faible valeur ajoutée.