Corridors et logistique

Le marché des vracs suspendu au congrès du Parti communiste chinois

Le marché des vracs attend les décisions qui sortiront du congrès du Parti communiste chinois. Elles auront un effet tant pour les vracs secs que les hydrocarbures.

Le congrès du Parti communiste chinois a commencé le 16 octobre. Dès l’ouverture, le président Xi Jinping a ouvert le congrès par un discours de deux heures. Pour le monde maritime, les annonces du président chinois devaient donner le ton pour les prochains mois.

Pas d’assouplissement de la politique Zéro Covid

La première décision du Président de la République populaire de Chine a été de maintenir sa politique « zéro Covid ». « Au travers de son discours, il a insisté que la Chine ne reviendra pas sur sa politique du zéro Covid et qu’il mettra la vie des gens au-dessus de tout le reste. Aucun signal sur l’assouplissement des règles n’est à prévoir bientôt », indique le courtier Xclusiv dans son rapport hebdomadaire.

Continuer la politique d’ouverture

Cette politique sanitaire a eu un impact sur l’économie, a reconnu le Président chinois. Les objectifs économiques n’ont pas été atteint cette année en raison de la pandémie. Cependant, Xi Jinping a annoncé vouloir continuer sa politique d’ouverture économique et « prendre toutes les mesures contre les secteurs « sans règles » comme l’immobilier et l’industrie de la technologie », explique le courtier.

L’anxiété des marchés maritimes

Dans ce contexte, le marché maritime demeure tendu. « Ces nouvelles depuis la Chine ont prolongé l’anxiété des marchés maritimes de savoir quand la Chine reviendra à des niveaux d’avant la pandémie et ont amené les opérateurs à s’interroger quand les taux de fret profiteront d’un nouveau boost chinois qui a été anticipé par une partie des acteurs », continue le courtier.

La Chine regarde toujours les énergies fossiles

D’un autre côté, si le Président chinois a rappelé la marche en avant du pays vers la décarbonation, il a aussi souligné que le pays s’adapterait au marché actuel. La hausse du prix du gaz et le peu d’alternative aux énergies fossiles entraîneront le pays à continuer à utiliser du pétrole et du charbon pour produire son énergie. Une annonce qui pourrait redonner des couleurs aux marchés des vracs secs et liquides.

Une hausse des importations de pétrole

Dans ce contexte, les raffineries indépendantes chinoises attendent, pour le début de 2023, une hausse des importations. Le marché spot d’hydrocarbures depuis le Moyen-Orient et l’Asie du Sud-Est vers la Chine vont s’intensifier vers les ports chinois. De plus, les liaisons maritimes pour le pétrole avec la Russie vont s’accélérer face à l’absence de pipe-line efficace. Pour le marché pétrolier, ces expectatives sont de bon augure.

Hausse de la production des pays de l’Opep

De plus, selon les dernières prévisions de l’AIE (Association internationale de l’énergie), le courtier Xclusiv annonce une hausse de la production des pays de l’Opep dès les premières semaines de 2023. Pour les opérateurs du marché des vracs liquides, ces annonces ont entraîné une hausse des indices des taux de fret tant pour le BDTI (Baltic Dirty Tanker Index) que le BCTI (Baltic Crude Tanker Index). Ainsi, le premier a terminé la semaine avec une augmentation de 6,3% par rapport à la semaine précédente. Le BCTI a terminé la semaine avec une hausse de 6,6%.

Gaz : un manque de navires

Sur le marché du gaz, la situation pourrait être différente. Dans son analyse du marché hebdomadaire, le courtier grec Intermodal estime que le marché du gaz demeure tendu. « Le marché de l’affrètement en transporteur de gaz est sous pression en raison du manque de navire, indique Intermodal. Du côté de la demande, il est prévu une hausse de 3% par rapport à l’année dernière. » Plusieurs facteurs expliquent cette tension et notamment le retard dans le redémarrage du terminal gazier de Freeport aux États-Unis, les restrictions d’exportation australiennes et les perturbations sur le pipe-line du Niger.

Une baisse des importations en Asie

En Europe, les stocks sont aujourd’hui à des niveaux élevés avec 39,7 Mt recensées. Le vieux continent devrait pouvoir faire face à l’hiver. Les acheteurs asiatiques devraient, pour leur part, rester discret au cours de l’hiver. La principale raison tient aux approvisionnements chinois qui sont attendus en baisse de 16% par rapport à l’année dernière. L’Empire du milieu table sur une production nationale plus importante et l’importation de gaz par pipe-line. Même son de cloche au Japon. Le pays du Soleil levant annonce le redémarrage des réacteurs nucléaire en 2023. Les besoins en gaz vont donc être plus faibles. Seule la Corée du sud est attendue avec des importations en hausse pour reconstituer ses stocks face à un hiver qui s’annonce plus froid.

Des taux de fret en hausse

Ces conditions de marché pèsent sur les taux de fret. Le courtier Intermodal table sur une offre faible face à la demande pendant l’hiver. Déjà, en septembre, les taux de fret spot ont atteint 200 000$/j et devraient atteindre 280 000 $/j en octobre. Ils sont attendus à plus de 300 000 $/j pour le mois de décembre. Des hausses qui tiennent notamment à la faible commande de navires de ces dernières années.

Vracs secs : l’impact Afrique du Sud

Du côté du vrac sec, les mouvements sociaux dans les ports sud-africains ont marqué le marché. Les terminaux minéraliers ne travaillent qu’entre 12% et 30% de leur capacité, soit environ 120 000 t par jour contre 476 000 t/j en temps normal. Dans ce contexte, le prix du charbon sur le marché européen a enregistré des hausses que le marché n’a pas connu depuis le mois de mai.

Les Baltic Index en baisse

Pour les armateurs, ces grèves des salariés de Transnet ont entraîné un allongement des temps d’attente dans les ports du pays. Dans ces conditions, le Baltic Dry Index a terminé la semaine à 1833 points, un niveau bas. Les Capesize enregistrent une baisse importante après avoir été au plus haut. Le Baltic Capesize Index termine la semaine à 2166 points, soit 10% de moins que la semaine passée. Quant aux Panamax, ils continuent leur descente avec une cinquième semaine de baisse à 2081 points. Il faut regarder du côté des navires de plus petite taille, comme les Handymax et les Supramax pour voir des baisses plus limitées entre 1% et 2%.

De nombreuses interrogations pour le marché

Dans le marché des vracs secs, plusieurs inconnues demeurent. D’une part, les opérateurs s’interrogent sur la pérennité des accords entre l’ONU, la Russie et la Turquie sur le maintien des corridors logistiques céréaliers. La Russie voudrait obtenir des compensations pour laisser l’Ukraine exporter sa production céréalière. D’autre part, la question du charbon reste ouverte. Face aux prix du gaz, pour éviter une trop forte inflation, les gouvernements de l’UE regardent avec attention l’état de leurs centrales thermiques pour assurer la production électrique pendant l’hiver. D’un autre côté, la hausse des prix de l’énergie ont déjà ralenti la production industrielle européenne. Un phénomène qui pèse sur l’importation de matières premières. Le « boost chinois » sera-t-il salvateur ? Rien n’indique, aujourd’hui, que la Chine accepte de jouer le rôle de courroie d’entraînement pour l’économie occidentale.