Ports

Avant son entrée en service, le port de Cherchell préoccupe

Le projet de construction d’un port de transbordement à Cherchell, en Algérie, préoccupe les Européens. Malgré les bonnes intentions énoncées par Alger, le port peine à sortir de terre.

Lors du déplacement en juillet du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, en Chine, le projet du port de Cherchell est revenu sur le devant de la scène. Sous l’égide des deux présidents, la construction de ce port a été transféré de la société chinoise CSCEC à CHEC, China Harbour Engineering Company. En effet, l’accord signé en 2015 attribue ce projet à CSCEC et des sociétés algériennes.

Intégrer Cherchell dans les Routes de la Soie

Or, le projet prend du retard. L’accord de 2015 accordait sept ans aux concessionnaires pour réaliser ce projet. En 2023, soit un an après la date prévue de livraison, le port de Cherchell n’est toujours pas opérationnel. Lors de son déplacement à Pékin, le président de la République d’Algérie a abordé le sujet. Selon plusieurs médias, Abdelmadjid Tebboune souhaite inscrire ce projet dans le cadre des nouvelles Routes de la Soie.

Un hub en Méditerranée

La stratégie d’Alger est de faire de ce port de Cherchell un hub portuaire en Méditerranée centrale. Avec une capacité de 6,5 MEVP, ce port pourra accueillir les porte-conteneurs de dernière génération. Il comprendra, en outre, des quais pour les trafics de marchandises générales et de vracs. Véritable concurrent des autres hubs méditerranéens, le projet du port de Cherchell est sujet à la plus grande attention.

Contourner la directive sur les ETS

En effet, le 13 septembre, le gouvernement espagnol a demandé à la Commission européenne de mettre à jour la liste des hubs portuaires dans le cadre de la directive ETS. Le président de l’autorité portuaire d’Algésiras s’inquiète des projets de Nador West Med et de Cherchell. Effectivement, la directive ETS (Emission Trade System) pourrait inciter les armateurs à se tourner vers des hubs de pays tiers pour éviter de payer les émissions de carbone sur l’ensemble du voyage. Ainsi, en escalant dans le port de Cherchell, les armateurs s’affranchissent de l’achat de droits carbone sur tout le trajet. Seule la partie du voyage entre le hub algérien et l’Europe sera intégrée dans l’analyse des émissions de carbone. Et, dans ce contexte, le projet de Cherchell n’est pas seul. Pour l’autorité portuaire d’Algésiras, le projet de Nador West Med, celui de Damiette et les développements en Israël et Turquie doivent aussi être regardés de près.