Haropa Port : l’axe séquanien gagne 1,9% en 2022
Avec 85,09 Mt, les trois sites d’Haropa Port ont vu leur trafic augmenter de 1,9% en 2022. Une hausse tirée par les vracs quand les conteneurs progressent en nombre. Le cluster portuaire investi en faveur de la décarbonation des industries et du report modal.
L’année 2022 correspond au premier plein exercice de Haropa Port après la fusion intervenue le 1er juin 2021. Une année qui s’est montrée compliquée à bien des égards, comme l’a souligné Daniel Havis, président du conseil de surveillance, avec la crise climatique, le conflit en Ukraine, l’inflation et la crise sanitaire. Pour les trois ports de l’axe Seine, ces différentes crises n’ont pas empêché Haropa de finir sous le signe de la croissance.
Une progression globale de 1,9%
En effet, avec 85,09 Mt, Haropa a vu son trafic progresser de 1,9%. L’élan donné en 2021 avec 12% de croissance se ralenti mais « nous sommes dans une phase de changement d’échelle », a continué Stéphane Raison, président du directoire. Et il prend pour témoin l’accord signé en juillet avec le groupe MSC/TIL d’un investissement de 700 M€ à Port 2000.
Retour en force du pétrole brut
Pour revenir sur les trafics de 2022, Haropa a gagné sur de nombreux tableaux. Une partie de ces flux, 47%, sont composés de vracs liquides. En 2022, ce courant a enregistré une progression de 5% à 40,1 Mt. Deux produits ont participé à cette augmentation. En premier lieu, le pétrole brut qui affiche une hausse de 23,1% à 18,8 Mt grâce au fonctionnement à plein régime des deux raffineries de l’axe Seine. De plus, les engrais liquides ont progressé de 34% à 1,4 Mt. Pour leur part, les produits raffinés accusent une baisse de leur trafic, notamment à l’importation, en raison de la reprise d’activité des raffineries de l’axe Seine.
Les céréales ont dopé les vracs solides
Quant aux vracs solides, ils s’établissent à 14,2 Mt, en hausse de 3,5%. Des courants qui pèsent 17% du trafic global. Le principal flux de cette catégorie est à mettre au crédit des céréales. En effet, avec 8,6 Mt, elles enregistrent une hausse de 12,6% en 2022. La bonne campagne céréalière et le conflit en Ukraine depuis le mois de février ont entraîné un report sur le marché français de certains acheteurs. Outre les céréales, les engrais totalisent 884 678 t, en augmentation de 14,5%. À l’inverse, les agrégats accusent un repli de 4,3% à 2,3 Mt. La baisse de la demande des marchés du BTP a affecté cette filière. Il en est de même pour le clinker et le ciment qui perdent 25% à 459 903 t.
Conteneurs : une progression en nombre
Enfin, dernier courant de trafics, les marchandises diverses se contractent de 3,3% à 30,2 Mt. Cette catégorie de trafic pèse 36% du trafic total. Elle est constituée principalement des conteneurs. Ils ont totalisé 28,4 Mt en 2022, en retrait de 4,6% en tonnes. Une baisse du tonnage qui ne doit pas masquer la progression en nombre des conteneurs. En effet, en 2022, Haropa a rassemblé un trafic de 3,1 MEVP, en progression de 0,3%. Pour la direction, « Haropa Port consolide sa position dans un environnement économique incertain. La part de marché progresse dans un contexte de baisse généralisée du trafic conteneurisé sur les ports du range Nord. » Outre le GPM de Dunkerque en progression, le port d’Anvers-Bruges a indiqué une baisse de 5,2% de son trafic à 13,5 MEVP. La baisse en tonnage de ce trafic conteneurisé tient à la prédominance de conteneurs vides, notamment sur la fin de l’année.
Diverses : hausse au port du Havre de 75,1%
Les autres composantes des marchandises diverses progressent pour leur part. Ainsi, au Havre, le trafic des conventionnelles, regroupant le ferry, le roulier et les colis lourds, a augmenté de 75,1% à 1,6 Mt. Une augmentation tirée par les éoliennes dont les volumes devraient croître dans les prochaines années. Quant au trafic roulier, il perd 11,4% à 264 881 véhicules. La difficulté à s’approvisionner en éléments, comme les micro-processeurs, a pesé sur les livraisons en 2022. Sur le site de Rouen de Haropa Port, les marchandises conventionnelles ont perdu 2,5% à 644 000 t. Elles comprennent les produits forestiers, les produits métallurgiques et encore les produits papetiers.
251 M€ investis par le port
Fort de ces résultats, Haropa Port a continué d’investir en 2022. Le public a dégagé une enveloppe de 251 M€, soit 21,5% de plus qu’en 2021. Pour sa part, le privé a participé à hauteur de 300 M€ à investir sur le port. Cette enveloppe du secteur privé ne prend pas en compte les annonces du groupe MSC-TIL sur Port 2000.
Décarboner les industries portuaires
Dans sa stratégie d’investissement, Haropa Port concentre une partie de son enveloppe à la décarbonation. Alors, Haropa Port a répondu à l’appel à projet pour une zone industrielle à bas carbone (Zibac). Les partenaires du cluster portuaire, Synerzip, Incase et Upside, ont dressé une liste d’études, pour un montant de 10 M€, pour préparer la décarbonation de certaines industries installées sur les trois sites. Ensuite, sur le port de Gennevilliers, une usine de méthanisation des déchets ménagers, qui sera géré par Paprec, permettra la production de gaz dans le réseau urbain.
Création d’une Plastic Valley
De plus, sur le site de Port Jérôme, un nouveau site dédié au recyclage des plastiques, la « Plastic Valley », verra le jour. Elle produira des plastiques de nouvelle génération. Ce projet s’articule autour des sociétés Eastman et Futerro. Enfin, sur le grand canal du Havre, l’espace occupé par l’ancienne usine de Lafarge sera annoncée dans les prochaines semaines. Le site devrait accueillir des énergies nouvelles, a indiqué le président du directoire.
Le report modal progresse
Pour les trois ports de l’axe Seine, la décarbonation passe aussi par le report modal des flux. La part modale du fer et du fleuve est passée à 13,3% à fin octobre pour les conteneurs traités au Havre. Un chiffre qui tient principalement à la bonne progression du trafic ferroviaire qui progresse de 3,4%. Le fluvial a perdu de ses volumes en raison, notamment de la baisse de la demande sur les agrégats.
Développement de la logistique fluviale
Pour continuer dans cette stratégie vers les modes massifiés, Haropa Port a néanmoins accentué sa volonté de développer le fleuve. Déjà, en décembre, Ikéa a transféré une partie de sa logistique de desserte de la région parisienne vers ce mode. Du côté des conteneurs, le terminal de Gennevilliers a vu son trafic progresser de 25% en 2022 à 207 645 EVP. Une croissance dopée par le démarrage des nouveaux services fluviaux de Greenmodal/Hapag Lloyd et de Fluviofeeder/Marfret.
La procédure pour la chatière de Port 2000 suit son cours
Pour continuer dans cette direction, la direction du port a rappelé que la procédure en faveur de la construction de la chatière pour accéder directement avec des unités fluviales à Port 2000 suit son cours. L’enquête publique s’achève en janvier. La Commission d’enquête rendra son rapport dans les semaines qui suivent. « Nous attendons l’arrêté préfectoral à la fin du premier trimestre », assure Stéphane Raison. Le coût de cette infrastructure est estimé à environ 25 M€.
Medlog prend position à Bruyères sur Oise
Enfin, lors de la présentation des résultats, Haropa Port a annoncé l’attribution du site de Bruyères sur Oise au groupe Medlog. Filiale de MSC, Medlog bénéficiera sur le nord de l’Île de France d’un terminal à conteneurs trimodal, fer, fleuve et route avec une zone de neuf hectares. « Nous mettons à disposition de cet opérateur le terminal que nous avons aménagé », a souligné Stéphane Raison. Quant au site d’Achères, il est en cours d’aménagement. Le port souhaite y dédier des activités de vrac. Une partie des activités de vrac actuellement sur le port de Gennevilliers pourraient être relocalisées à Achères pour permettre de libérer de l’espace dans le terminal des Hauts de Seine.