Israël : les conséquences maritimes et portuaires de la situation géopolitique
L’attaque du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre créé une nouvelle zone de tension géopolitique. Pour les opérateurs maritimes et portuaires, les activités sont maintenues.
Le 7 octobre, des terroristes du Hamas ont attaqué des cités israéliennes, prenant des otages et tuant de nombreuses personnes. Après la stupeur et la condamnation presqu’unanime des gouvernements, le temps est venu de regarder la situation économique. En effet, enserré par des pays hostiles, Israël ne dispose que des ports pour son commerce extérieur.
Des incertitudes au port de Haifa
Alors, dans les quartiers généraux, des réunions de crise ont décidé de l’attitude à mener face à ce conflit. Dans un document, Container X Change cite Hossein Norouz Fashkhami, expert des questions du Moyen-Orient. Il déclare que « la sécurité du transport de marchandises par le port de Haïfa est devenue incertaine. Le transit de conteneurs, en particulier de matières dangereuses, et l’arrivée de navires commerciaux mettent fortement en avant l’importance de la sécurité sur cette voie ».
Une congestion à Ashdod
Une position que les armements tempèrent. En effet, Mærsk annonce des activités normales dans les ports israéliens. MSC adopte la même attitude. Néanmoins, les deux armements soulignent que la situation peut changer rapidement. « Le 10 octobre, les principaux ports israéliens sont en activité », précise dans un communiqué l’armement suisse. Cependant, dans le port d’Ashdod, les contrôles de sécurité et le manque de personnel ralentissent l’activité. Quant aux opérations terrestres, par voie routière et ferroviaire sont « pleinement opérationnelles ».
Ashkelon en zone hautement risquée
En effet, dans son document, Container X Change rappelle que le port d’Ashdod se situe à environ 50 km de la bande de Gaza. Il est susceptible d’être la cible d’attaques. X Change note que le port fonctionne sur un mode d’urgence. Quant au port d’Haifa, situé plus au nord du pays, il n’est pour l’instant pas impacté par les attaques. Enfin, le port d’Ashkelon, situé à 15 km de la bande de Gaza reste dans une situation plus incertaine. « La situation politique impacte lourdement les activités de ce port. La menace de missiles plane. Les navires ne peuvent décharger qu’à condition d’être amarré à des bouées au large », explique X Change.
Des effets pour les sociétés du pays
Ce conflit impacte aussi les sociétés présentes dans le pays. Ainsi, Chevron, qui exploite le champ gazier de Tamar, a fermé ses portes sur demande du ministre israélien de l’énergie. Quant à Adani, manutentionnaire dans le port de Haifa, annonce avoir mis en place un plan de continuité tout en restant vigilant sur la suite des incidents. En effet, après les attaques du Hamas dans le sud du pays, l’armée israélienne et le Hezbollah, basé au Liban, ont commencé les affrontements.
Des conséquences pour le commerce avec la Chine
Le commerce extérieur israélien est dominé par la Chine. Avec 19,4 Md$ de marchandises importées en Israël, la Chine demeure le premier partenaire du pays. Pour Container X Change, ce conflit pourrait avoir des conséquences pour les volumes exportés par Israël vers la Chine. S’ils restent relativement faibles, avec 4,7 Md$, ils se composent principalement de produits high tech. L’autre partenaire majeur d’Israël sont les États-Unis. Le pays exporte notamment des produits high tech et du matériel de défense outre Atlantique.
La fragilité des projets de Routes de la Soie
Christian Roeloffs, président de Container X Change, indique que ce conflit démontre de la fragilité de certains projets. En effet, dans sa stratégie de développement des Routes de la Soie, le gouvernement chinois souhaite développer un corridor depuis l’Inde au Moyen-Orient. Or, cette voie maritime et terrestre n’aura d’intérêt qu’avec une liaison terrestre entre l’Arabie Saoudite et Israël. Ainsi, les tensions en Israël placent le prince saoudien, Mohammed bin Salman, dans une position compliquée. Entre intérêt économique à développer ce corridor et position politique face à ce conflit, le choix reste difficile.
Un impact possible sur le canal de Suez
Enfin, le conflit israélien se déroule à quelques miles du canal de Suez. Une propagation du conflit en dehors des frontières israéliennes pourrait rapidement avoir des conséquences sur l’activité du canal de Suez. Or, chacun se souvient des effets du blocage du canal lors de l’échouage de l’Ever Given en mars 2020. « Et cette extension du conflit sur cette artère maritime peut aussi toucher le détroit d’Ormuz. Ce passage demeure essentiel pour les exportations de pétrole. Cependant, les extensions des conséquences de ce conflit dépendent de la durée du conflit et de la propagation du conflit », souligne Christian Roeloffs.